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Rencontre gouvernement-Secteur privé : Il faut élargir la participation

Publié le jeudi 7 juillet 2005 à 07h25min

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Ce matin du jeudi 7 juillet 2005 s’ouvre à Bobo-Dioulasso, à la Chambre de commerce, d’industrie et de l’artisanat, la traditionnelle rencontre entre le gouvernement et les acteurs du secteur privé de l’économie, la 5e du genre.

Bobo-Dioulasso, capitale économique du Burkina, ville qui en vérité cherche à mériter ce titre, verra en cette rencontre au « sommet » un honneur qui lui est fait, avec bien entendu ce que cela suppose de considérations politiques. La région entière des Hauts-Bassins est concernée surtout à plus d’un titre, elle qui peut se targuer d’être le grenier du Burkina et d’abriter le bassin cotonnier.

Bobo et la région ne peuvent que se sentir concernées surtout au regard du thème : « Relance de l’investissement dans les secteurs productifs : contraintes, perspectives ». Il s’agit là d’une vraie problématique dont il faut dégager les grands axes de solution. L’ensemble des opérateurs privés de l’économie se retrouveront à Bobo deux jours durant, face à face avec le gouvernement. Chacun exprimera ses critiques, ses observations, ses engagements.

Nul doute que les acteurs du secteur privé seront à la parade avec des arguments qui auront un air de déjà entendu. Pensons à la fraude, cette hydre dont tout le monde se plaint mais qui semble perdurer, se raffiner et se radicaliser en enjolivant sa compagne la corruption. A toutes les rencontres entre gouvernement et secteur privé, elle a toujours été désignée comme « l’assassin de minuit ».

La lutte contre le phénomène a toujours fait l’objet de recommandations. Mais dans cette fraude-là, il y a ceux qui subissent, à savoir les opérateurs honnêtes dont les produits connaissent la mévente avec le risque permanent de faillite de leur entreprise. En cela, les entreprises semi étatiques sont frappées elles aussi.

Comment vaincre un phénomène qui bien souvent donne l’apparence d’être béni des dieux ? N’est-ce pas cette vérité qui a obligé les travailleurs de la zone industrielle de Bobo à s’unir en une coalition pour lutter contre la fraude, pour disent-ils, protéger leur outil de survie ? C’est d’ailleurs le même combat que mènent depuis un certain temps le groupement professionnel des industriels et bien d’autres.

Aller à l’école de la positivité

Cependant, certaines vérités sont bonnes à dire, car il y a bien des opérateurs nationaux (tout comme des expatriés résidents) qui s’adonnent à la fraude et à la corruption comme un jeu. Le diable est dans la maison ! Posons-nous la question de savoir qui sont ceux-là qui inondent nos marchés de produits à des prix défiant toute concurrence, provenant de Malaisie, d’Indonésie, d’Inde, de Taïwan, etc. Par qui se font ces transactions qui empêchent l’émergence d’initiatives entreprenariales locales ?

La fraude, c’est aussi par rapport à la fiscalité. Il existe des opérateurs qui doivent par centaines de millions au fisc alors qu’en vérité ils ne sont pas insolvables... Ce qui est sûr, c’est que des questions sur le coût de l’énergie et des intrants divers seront encore au rendez-vous de la concertation de 2005. Les sujets sont nombreux qui seront passés en revue. Presque toujours les mêmes, mais en y ajoutant l’aspect bilan depuis la dernière session de 2004, et en explorant à fond les actions gouvernementales mises à contribution.

C’est peut être la force des recommandations de 2004 qui a contribué à mettre la main il y a juste trois semaines sur un réseau de fraudeurs composé de douaniers et de « grands commerçants ». Mais assurément ce n’est là qu’un petit coin de rideau, au mérite du gouvernement.

La rencontre gouvernement - secteur privé est tout à fait digne d’intérêt, car diologue, concertation, clarification et consolidation des stratégies de développement y sont à promouvoir. Pour cela même, il faudrait peut être élargir la participation à différents représentants sectoriels de l’informel, et pourquoi pas, aux expatriés résidents évoluant dans le privé.

Il faudrait que chacune des branches d’activités du privé songe désormais à s’organiser et à mieux instaurer en son sein la réflexion, ne serait-ce que pour apporter aux sessions annuelles des points de vue très élaborés, des propositions concrètes. Le thème de cette année, pour aussi engageant qu’il se veut être, invite à se tourner vers l’avenir, c’est-à-dire à dépasser les plaintes revendicatives adressées à l’Etat.

Quels sont concrètement les secteurs prometteurs vers lesquels l’investisseur privé doit orienter l’effort ? Pour y répondre, c’est tout ce qui gravite autour du coton, c’est l’ agriculture et l’élevage, le tourisme, les services (pour lesquels le Burkina se veut plaque tournante), la culture, les Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il y a aussi les transports en commun qui déjà connaissent un véritable essor, tout comme l’immobilier.

Les domaines sont multiples, mais la grande contrainte est que la concurrence est là, interafricaine et mondialisée. Il faut pourtant y aller, en toute compétence et savoir tirer les marrons du feu, c’est-à-dire en offrant des valeurs positives qui tiennent leur place sur le marché. Là aussi, il faudrait que nos opérateurs aillent à l’école de la positivité.

Jean-Luc BONKIAN
Sidwaya

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