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Participation des femmes à la prise de décision : La question au cœur d’une table ronde

Publié le mercredi 7 mars 2018 à 23h48min

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Participation des femmes à la prise de décision : La question au cœur d’une table ronde

Le département en charge de la femme a facilité un panel, le mercredi 7 mars 2018, à Ouagadougou. C’est l’une des activités majeures de la commémoration de la Journée internationale de la femme. La première dame, Sika Kaboré, a présidé la cérémonie.

Au Burkina Faso, les femmes sont sous-représentées dans les instances de gouvernance, ceci, en dépit de leur nombre (51,7%). En vue de susciter la réflexion sur la situation, les participants à la 161e Journée internationale de la femme vont plancher sur le thème « participation de la femme à la gouvernance : Etat des lieux, défis et perspectives ».

Cette année, le 8 mars se tient conjointement avec le 5e forum national des femmes. En prélude au dialogue direct avec le chef de l’Etat, il a été organisé une table ronde sur les défis de l’application de la loi sur le quota genre et sur les défis de l’autonomisation inclusive des femmes dans la mise en œuvre du PNDES.
L’événement a réuni des déléguées des organisations féminines, des partenaires et acteurs de la promotion de la femme. Une forte délégation des membres du gouvernement a rehaussé l’éclat de la cérémonie de par sa présence.

Selon Mme le ministre Marie Laurence Ilboudo, ce panel devrait permettre de faire ressortir les défis à relever et de susciter une prise de conscience collective sur les conséquences de la non implication des femmes dans les diverses instances décisionnelles.

C’est pourquoi, elle a appelé les participants à des échanges fructueux qui permettront à terme de formuler des recommandations en vue de la réalisation des droits fondamentaux de la femme.

Il convient de souligner que les conclusions issues de ce panel et ainsi que celles recueillies lors des fora régionaux organisés du 12 au 26 février dernier seront soumises au président du Faso demain à l’occasion du dialogue direct. Et au ministre en charge de la femme d’ajouter : « Sous son instruction, notre département veillera à ce que ces recommandations soient exécutées ».

Pour sa part, la première dame, Sika Kaboré s’est réjouie de la forte mobilisation de « ses sœurs » et rassuré de son adhésion et son accompagnement pour leur participation aux instances de décisions. « En tant qu’épouse du chef de l’Etat, je suis moi-même femme, moi-même concernée au premier chef », a-t-elle dit en substance, puis de poursuivre : « Je ne voudrais pas dire que je prêche en territoire conquis puisque mon mari lui-même a déjà dans son programme politique mis la femme au cœur de ses préoccupations ».

Il appartient maintenant aux femmes de faire de ce programme une réalité. Paraphrasant les propos de quelqu’un, l’épouse du chef de l’Etat a soutenu qu’on ne peut pas avancer sur une jambe. « Une jambe c’est l’homme et l’autre la femme. On avance plus rapidement quand on est sur nos deux jambes. Il faut que les hommes comprennent, ceux qui sont encore septiques, que le développement ne peut pas se concevoir sans la femme ».

A l’issue de ces interventions, l’assistance a suivi la première communication présentée par Aristide Béré, directeur général des libertés publiques et des affaires politiques auprès du ministère en charge de l’administration territoriale. Dans son exposé, il a fait la genèse des dispositions juridiques nationales adoptées par le pays et insisté sur la loi relative au quota genre, qui est d’au moins 30% de candidatures de l’un ou l’autre sexe sur les listes électorales.

Cependant, le constat montre de nombreuses insuffisances qui restent à combler pour que la gente féminine puisse s’impliquer davantage dans la gestion des affaires de l’Etat. En effet, dira le paneliste, entre 2012 et 2014, 24 femmes sur 127 députés ont siégé au parlement, ce qui représente 18,9%.

Aussi, même si l’application de la loi sur le quota peine à réaliser l’objectif, la proportion des femmes membres du parlement de la législation 2015-2020 a, cependant, connu une nette amélioration (10,23%).

S’agissant de la participation aux campagnes électorales, il note également une faible représentation des femmes. Sur 81 partis politiques ayant participé aux élections législatives de 2015, seuls 33% de partis et de formations politiques ont respecté le quota de 30%, selon l’annuaire statistique du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation.

A en croire M. Béré, la sous-représentation des femmes est liée à des facteurs structurels du champ politique et ceux symboliques liés à la représentation du rôle du sexe et du métier politique. « La nature patriarcale de la société burkinabè qui a tendance à conjuguer la femme à la maternité ou à l’exécution des tâches ménagères est un facteur imminent. On note également une perception négative de la femme politique et aussi la peur du regard de la société que vouent certaines femmes pour s’engager en politique », a-t-il expliqué, faisant allusion aux facteurs symboliques.
Pour une meilleure représentation des femmes dans la gouvernance, il a émis des recommandations, parmi lesquelles l’appropriation de la loi par les leaders politiques ; le renforcement des capacités des femmes. Aussi, il a fortement suggéré l’implication des responsables des partis et formations politiques aux réflexions sur la promotion des femmes. Un quota dans les postes nominatifs, versement de bonus en cas de respect du quota, sécurité des postes des femmes élues, sont également au menu des défis à relever.

Par la suite, les participants ont soulevé des préoccupations et formulé des doléances. Puis au ministre de se réjouir : « Les femmes sont engagées. Il y a une prise de conscience déjà de la chose. Et ça c’est très important parce que pour résoudre un problème, il faut l’identifier. Si nous avons l’identification des freins, c’est sûr que nous pourrons relever les défis », a-t-elle ajouté.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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