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Lutte contre l’excision : 8 mois de prison ferme pour une exciseuse récidiviste

Publié le lundi 27 juin 2005 à 07h27min

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Prise dans les filets de la police du district de Kouka le 12 avril 2005 et déférées le 17 avril au parquet de Dédougou, Mariam Ouédraogo, une vieille de 70 ans environ, et deux de ses complices ont été jugées et condamnées à la hauteur de leur forfait.

Huit mois de prison ferme, c’est la sentence prononcée contre Mariam Ouédraogo, une exciseuse récidiviste. Ses deux complices, à savoir Bintou Ouédraogo et Salmata Sawadogo écopent chacune d’un an de condamnation ferme.

Leur histoire remonte au 10 avril 2005 où, rien que pour la modique somme de 1275 F CFA plus une boule de savon traditionnel par jeune fille, Mariam Ouédraogo avait impitoyablement mutilé les organes génitaux de neuf (09) fillettes âgées de 2 à 7 ans. L’opération avait été conduite tard dans la nuit, au domicile de Moumouni Sawadogo, résidant à Siwi, village situé à 11 km au nord de Kouka. Mais, alertés le 11 avril à 2 heures par une bonne volonté, l’officier de police Sipanga Jean-Baptiste Ki, commissaire de police du district de Kouka et trois de ses agents se rendront tôt chez le responsable administratif du village afin de se faire accompagner sur les lieux.

A leur arrivée, le sieur Moumouni Sawadogo fut soumis à un interrogatoire. Au début, il a feint de tout ignorer. C’est suite à l’insistance de la police avec à l’appui quelques preuves qu’il révélera que sa propre fille avait été effectivement excisée. Il ajoutera même que c’est grâce à la grand-mère de l’enfant en complicité avec Bintou Ouédraogo, l’épouse de son voisin immédiat que cela a pu se faire. Ces dernières furent aussitôt interpellées. Bintou Ouédraogo, a pour sa part reconnu les faits. Elle a reconnu avoir été complice de la venue de la vieille Mariam dans le village de Siwi et des mutilations pratiquées sur 8 jeunes filles dont les parents ont été tous dénoncés et rassemblés au domicile du sieur Moumouni Sawadogo. Le commissaire de police a invité, séance tenante, l’infirmier chef du poste de Siwi qui a examiné l’ensemble des fillettes concernées.

Les résultats ont révélé que huit (08) d’entre elles souffraient de lésions du stade 1 pendant que la 9e, excisée bien avant les autres, présentait déjà des signes de cicatrisation. Alors la vieille Mariam a été recherchée et mise aux arrêts pour être entendue. Au nombre de tous les faits qui lui ont été reprochés, elle n’a véritablement nié aucun. Pire, elle a révélé qu’en plus des cas constatés à Siwi, plus de 16 filles avaient été excisées par elle, depuis qu’elle exerce son métier dans la clandestinité.

Au moment de son arrestation, l’exciseuse portait dans son trousseau 9 lames de rasoirs et une poudre noire qu’elle appelle « Namanèzba-Zanga », en langue moré, et utilisée semble-t-il, pour arrêter les hémorragies.

Kiyoro KINDE
AIB/Solenzo

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