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Sécurité intérieure : La Semaine Nationale de l’Internet(SNI) donne la parole à six experts

Publié le mercredi 8 novembre 2017 à 22h50min

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Sécurité intérieure : La Semaine Nationale de l’Internet(SNI) donne la parole à six experts

Au deuxième jour de la Semaine nationale de l’internet et des Technologies de l’Information et de la Communication(TIC), six panélistes se sont donné rendez-vous du côté du SIAO, ce mercredi 8 novembre 2017, pour parler de sécurité intérieure. Retour sur les principaux axes de leurs interventions.

TIC et Sécurité, un binôme qui fait parler de lui à la fête de l’internet, 13e chapitre au Burkina Faso. Après la cérémonie d’ouverture qui a connu la présence du Premier ministre la veille, l’heure était à la réflexion, ce mercredi 8 novembre. Le panel inaugural qui a porté sur la sécurité intérieure a réuni une palette d’experts burkinabè et ivoirien.

La cyberescroquerie sous toutes ses formes au Burkina

La première communication faite par le Commissaire Yoni Samire, directeur de la lutte contre la cybercriminalité, a porté sur l’état des lieux de la cybercriminalité au Burkina Faso. Par cybercriminalité, il faut entendre « l’ensemble des infractions pénales susceptibles de se commettre sur ou au moyen d’un système informatique généralement connecté à un réseau ». Selon une étude menée par l’Agence Ecofin et publiée début 2017, il ressort que le Burkina Faso compte moins de deux millions d’internautes. Cette population connectée est souvent victime de cyber escroquerie qui se décline de plusieurs façons : usurpation d’identité, chantage à la webcam, fausses loteries, fraude liée à la téléphonie à travers l’écoute des conversations téléphoniques ou à l’appel de numéros surtaxés, fraude via les services de Mobile Banking, etc.

Réviser le code pénal en la matière

Le commissaire de police, Yoni Samire, directeur de la lutte contre la cybercriminalité

Les cybercriminels causent d’énormes dégâts aux entreprises et institutions. « Au Burkina Faso, entre novembre 2014 et mars 2015, les pertes ont été de l’ordre de 900 millions de FCFA pour l’opérateur Airtel (Orange). Quant à ONATEL S.A, il estime accuser une perte entre 200 et 400 millions de FCFA par mois », a cité le directeur de la lutte contre la cybercriminalité. Mais en dépit de l’arsenal juridique comme moyen de riposte et de la multitude des acteurs de lutte contre le phénomène, M. Yoni Samire estime qu’il faille réviser le code pénal, adapter les textes juridiques au plan national, sous régional et international, consolider les structures spécialisées à travers des formations en investigations numériques, etc.

« Nul n’est à l’abri d’une cyberattaque »

Esdras Dayiri, consultant ivoirien en sécurité informatique

« La cyber sécurité, c’est 75% de stratégie à modéliser, mettre en œuvre et actualiser et 25% de technicité », parole du consultant ivoirien en sécurité informatique Esdras Dayiri. Dans la deuxième communication, il a livré quelques chiffres et tendances sur la cybersécurité. Selon lui, il faut trois minutes à un pirate pour hacker un nouvel objet connecté. « Mais cela dépend de la technicité et de l’endurance du hackeur d’une part, et de la fragilité l’infrastructure d’autre part », s’est-il empressé de préciser et de rappeler que « Nul n’est à l’abri d’une cyberattaque que ce soit une entité gouvernementale, une entreprise ou une boutique ». Par exemple 2, 6 millions de personnes dans le monde sont victimes de fraude à la carte bancaire par an, les coûts des dommages liés à la cybercriminalité atteindront 6 000 milliards de dollars par an d’ici 2021, contre 3 000 en 2016.

En ce qui est de l’engagement gouvernemental en matière de cyber sécurité, l’Union internationale des télécommunications (UIT) a mené une étude en 2017 qui classe le Burkina Faso 13e sur 19 pays en Afrique en matière de cyber sécurité et 130e à l’échelle mondial. Sur le continent africain, l’Île Maurice, le Rwanda et le Kenya tiennent le peloton de tête, et la Guinée équatoriale, la queue du palmarès.

Deux officiers supérieurs de l’Armée burkinabè étaient parmi les panélistes. Le Colonel-major à la retraite, Aouba Mamadi, commissaire à la Commission de l’informatique et des libertés (CIL), et le Colonel François Ouédraogo, directeur général de l’Agence nationale de Renseignements (ANR), précédemment chef du projet d’identification, rapprochement, analyse de police (IRAPOL).

Les réseaux sociaux, un adjuvant du terrorisme

Une vue du public venu nombreux participer au panel

Dans sa présentation sur les réseaux sociaux et le terrorisme, M. Aouba Mamadi note que les réseaux sociaux sont des outils de propagande et de recrutement par les terroristes qui permettent de renforcer la radicalisation des jeunes. Du même coup, ces outils peuvent s’avérer être d’excellents outils de renseignement pour les armées. Pourtant souligne-t-il, l’usage des réseaux sociaux dans les armées posent de nombreux problèmes car même si les soldats sont tenus par le droit de réserve, la discrétion, sous peine de mettre en cause la sécurité des opérations. « Des plans dévoilés sur Facebook ou des vidéos postées sur YouTube peuvent, en théorie du moins, mettre en danger la vie des troupes. En 2010, une opération de l’armée israélienne a ainsi été annulée suite à sa révélation sur Facebook par un soldat. Ce dernier avait écrit : « Mercredi, on nettoie [le village de] Qaţanā et jeudi, si Dieu veut, on rentre à la maison », a indiqué le Colonel-major à la retraite.

L’IRAPOL, efficacité et diligence

Le Colonel-major à la retraite, Aouba Mamadi, commissaire à la Commission de l’informatique et des libertés

« Si l’Etat veut maitriser le phénomène de l’insécurité, il faut pouvoir manager l’ensemble des informations de sécurité grâce aux outils informatiques », foi du Colonel François Ouédraogo qui a présenté le projet IRAPOL. Il s’agit d’un projet conçu par les ingénieurs informaticiens du ministère de la Défense qui vise à implémenter un système d’information mutualisé au profit de l’ensemble des acteurs de la lutte contre l’insécurité. Il vise à construire un tableau de bord dynamique qui permet aux acteurs de disposer et d’accéder de manière sécurisée, à des informations fiables dans les meilleurs délais, en vue de prendre les décisions appropriées. Ce projet est une aubaine pour les services de sécurité qui mèneront avec diligence les enquêtes.

Quelques exemples de plaques d’immatriculation

Enfin le dernier panéliste, Fulbert Zongo, de la Direction générale des transports terrestres et maritimes, a exposé sur le projet de modernisation et de sécurisation des titres de transport et de reimmatriculation des véhicules. Ce projet, à l’en croire, vise à lutter contre la fraude, la contrefaçon, l’insécurité routière, les évasions de recettes. Dans le cadre de la réimmatriculation, les fonds seront changés sauf ceux des corps diplomatiques. De six, ils passeront à huit et la région sera prise en compte comme principal lieu de résidence en lieu et place de la province. Les plaques d’immatriculation disposeront désormais d’un code-barres. Rappelons que la dernière réimmatriculation date de 1995.

Le ballet des panels se poursuit, ce jeudi 9 novembre, avec la conférence sur la cybercriminalité organisée par le ministère de la Sécurité du côté de l’ENAREF.

Herman Frédéric Bassolé
Serge Pacôme Zongo (Stagiaire)
Lefaso.net

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