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Liberté de la presse au Burkina Faso : Des bons points, mais encore du travail à faire

Publié le jeudi 15 décembre 2016 à 20h53min

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Liberté de la presse au Burkina Faso : Des bons points, mais encore du travail  à faire

Le rapport définitif sur l’état de la liberté de la presse en 2015 a été présenté ce 15 décembre 2016 à Ouagadougou. Initié par le Centre national de presse Norbert Zongo avec le soutien de ses partenaires, le rapport de 90 pages présente entre autres l’indice de viabilité des médias au Burkina. Sur une échelle de 4, le pays obtient la note de 2,43. « La parole est libre et libérée au Burkina Faso », bien qu’il reste des efforts à fournir dans bien de domaines.

Le Burkina Faso continue de glaner des points au niveau de la liberté d’expression, ce malgré des contextes souvent difficiles. 2015 a été une année charnière. Transition, putsch manqué, élections. La presse y a grandement joué son rôle, grâce à un environnement plus ou moins favorable.

Le pays se classe d’ailleurs premier des pays francophones en Afrique. Selon le rapport de Reporters Sans Frontières, le Burkina Faso est classé 46e sur 180 pays. Un bond qualitatif de six places par rapport à l’année précédente (2014).

Le rapport sur la liberté de la presse produit par le Centre national de presse Norbert Zongo avec l’appui de ses partenaires, présente l’indice de viabilité des médias au Burkina Faso en 2015. Selon le Dr Koffi Amétépé, l’un des consultants, l’innovation majeure du Rapport 2015 réside dans sa démarche participative de la méthodologie mise en place par l’IREX (International research and exchange board) pour établir l’indice de viabilité des médias.

« L’adaptation de la méthodologie IREX à la situation et au contexte du Burkina se veut non seulement une manière de s’approprier cette démarche qui a été approuvée sur tous les continents, mais aussi et surtout de l’adopter de façon définitive pour jauger des performances et des défis de la liberté de la presse au Burkina Faso », a dit le consultant.

De la notation

Le Centre national de presse Norbert Zongo a mis en place un jury national composé de 16 acteurs du monde des médias, des Organisations de la société civile, de défense des droits de l’homme ainsi que de l’administration publique. C’est ce groupe qui a procédé à la notation de l’indice sur la liberté de la presse 2015.

Le jury s’est appuyé sur les cinq objectifs de solidité et de viabilité des systèmes médiatiques que sont :

1- Le degré de protection de la liberté d’expression par des normes juridiques et sociales favorables à l’accès aux sources publiques et privées d’informations ;

2- La satisfaction du journalisme pratiqué aux normes de qualité professionnelle ;

3- L’existence d’une diversité de médias à même d’offrir aux citoyens des informations objectives et fiables ;

4- l’existence d’une bonne gouvernance des entreprises de presse permettant le renforcement de la liberté de presse ;

5- Le degré de défense des intérêts professionnels des médias par des institutions et organisations professionnelles.

Le jury a attribué des notes sur une échelle de 0 à 4. C’est la synthèse de ces notations qui a permis d’obtenir le score de 2,43 sur 4 qui sanctionne l’indice de la liberté de presse u Burkina Faso pour l’année 2015.

Pour information, la note de 2 sur 4 indique que le pays a commencé à remplir certains aspects de l’indicateur mais la progression est peut-être trop récente pour être évaluée ou dépend du gouvernement ou des forces politiques actuelles.

Et la note de 3 indique que le pays remplit certaines conditions de l’indicateur et la mise en œuvre de l’indicateur et /ou un changement de gouvernement s’est mis en place sur plusieurs années indiquant ainsi une viabilité probable.

Le Burkina est donc bien logé, « la parole est libre et libérée au Burkina Faso », s’est réjoui, le consultant Dr Amétépé, tout en soulignant avec l’ensemble de ses invités que des efforts immenses restent à fournir pour tendre vers la note de 4.

Les efforts doivent être axés notamment, sur la pratique des journalistes qui doit être plus professionnelle. « Entre ce qui se passait en 1998, et aujourd’hui, la qualité professionnelle de notre travail a énormément baissé », a regretté le ministre en charge de la communication Rémis Fulgance Dandjinou.

L’autre point faible réside dans la gouvernance des entreprises de presse permettant le renforcement de la liberté de presse.

Cette note souligne, a dit le consultant, l’urgence et la nécessité de renforcer des compartiments d’exercice de la liberté d’expression et de la presse qui font malheureusement de l’ombre aux bonnes performances acquises au niveau de l’Afrique francophone et qui constituent de réels motifs de satisfactions pour acteurs et partenaires des médias par rapport aux années précédentes.

Quelques formes et actes de violation de la liberté de presse

Le Burkina Faso a certes fait des bonds en avant, mais en 2015, il y a eu des entorses à la liberté de presse. Par exemple, pendant le coup d’Etat de septembre 2015, il y a eu de multiples violences sur les personnes des journalistes, la violation de leurs lieux de travail, du matériel emporté et /ou saccagé, des sièges incendiés.

Aussi, il faut noter la suspension unilatérale par le conseil supérieur de la communication le 7 mai 2015, des « émissions d’expression directe sur toutes les radions et télévisions et sur toute l’étendue du territoire pour une période de trois mois ».

Le rapport a enfin fait des recommandations à l’endroit des autorités politiques, des organisations professionnelles de soutien aux médias, des professionnels des médias eux-mêmes, et à l’endroit du CNP-NZ, pour consolider et améliorer la liberté de presse au Burkina Faso.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2016 à 20:48, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Liberté de la presse au Burkina Faso : Des bons points, mais encore du travail à faire

    .
    Le meilleur moyen de vérifier si la liberté d’expression est "effective", c’est d’envoyer un commentaire sur un forum, et de voir s’il passe ou non.
    S’il passe, en viendra un suivant, qui en dira davantage.
    Est-ce la peine d’écrire beaucoup si c’est pour être censuré ?
    Bonsoir chez vous

  • Le 16 décembre 2016 à 15:56, par Cheikh En réponse à : Liberté de la presse au Burkina Faso : Des bons points, mais encore du travail à faire

    Humm, mon oeil oui ! Si c’est pour chercher à récolter à tout prix des bons points, que le Burkina s’est tant transformé en un centre d’apprentissage d’offenses et d"injures, pour des journalistes de tout poil en quête de renom et de sensation, je crois qu’il faut absolument revoir la copie hein ! Et ce, pour la bonne raison que la liberté d’expression ne constitue en rien un droit à la provocation, à l’humiliation et au dénigrement des hommes publics. Sinon, elle prend l’allure d’une véritable répression à sens unique. D’ailleurs pour moi, la liberté d’expression pour nos journalistes, ressemble point par point à l’indépendance de la justice pour nos magistrats, voire à l’absence de chicotes pour les élèves. Donc à l’inverse, autant de dérapages dans la filière de l’enseignement, autant dans la filière judiciaire, autant dans la presse, la télé et l’audiovisuel. Aucune limite nulle part, et bonjour les dégâts.

  • Le 18 décembre 2016 à 12:27, par Jacques Zanga Dubus En réponse à : Liberté de la presse au Burkina Faso : Des bons points, mais encore du travail à faire

    .
    AInsi donc avec étonnement, une censure à notre encontre serait levée, car, depuis des mois, des tentatives régulières confirmaient que le nom de Jacques Zanga Dubus était "grillé", interdit de commentaire. Ne parlons pas de publication d’article, le site, après le conflit Sèmè-sunnites d’Orodara, avait clairement décidé de ne plus nous publier, pour raison de partialité. Oui, bien sûr, nous ne sommes pas journalistes, tenons à notre subjectivité, et nous exprimons des opinions. Or une opinion est par définition partiale.

    L’étape suivante va consister à envoyer un article au Faso.net, pour vérifier si Jacques Zanga Dubus est autorisé de nouveau à exprimer ses opinions. Ce n’est pas une histoire d’ego, car écrire sous un pseudo est tout aussi gratifiant mais signer de son nom "propre" et civil engage davantage sa responsabilité personnelle, et ça nous convient davantage.

    Jacques Zanga Dubus

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