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Incivisme et laïcité : Seni Sana répond à Junwel Coulibaly

Point de.vue

Publié le lundi 5 décembre 2016 à 23h42min

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Incivisme et laïcité : Seni Sana répond à Junwel Coulibaly

« Incivisme et anti-laïcité » (samedi 5 novembre 2016 à 00h25min) et sa version améliorée intitulé « La seule communauté laïque au Faso, c’est le peuple ! » (lundi 14 novembre 2016 à 23h30min) sont deux articles publiés sur le site lefaso.net et signés par Monsieur « Coulibaly Junwel ». Le deuxième article contient « les contributions des internautes Nopogo et Monsole », des commentateurs qui ont commenté le premier article. Le musulman que je suis se permet d’exercer mon droit de réponse à ces dires de Monsieur COULIBALY.

A la lecture de ces deux articles l’on pourrait se tromper et croire que Monsieur COULIBALY défend la laïcité. Peut-être qu’il en a l’intention mais ses propos montrent tout le contraire. Comment quelqu’un qui combat l’anti-laïcité peut-il s’arroser le droit d’être anti-laïque, antimusulman ?

Commençons par son répertoire d’ « actes anti-laïcité qui polluent notre vie quotidienne et sont autant de vecteurs d’incivisme :
✓ le port des signes ostentatoires d’appartenance à une religion quelconque dans les services publics (la croix qu’on exhibe, le boubou et le chapeau musulmans qu’on porte fièrement, tout cela en étant au travail dans les services de l’État) ;
✓ le blocage des voies publiques pour les besoins de la prière ;
✓ la pollution sonore par haut-parleurs interposés (appels des muezzins, prières des protestants ; les catholiques, passées les cloches, sont les moins bruyants) ;
✓ la perturbation de la tranquillité nocturne pour cause de prières de nuits, parfois de véritables shows relayés par haut-parleurs comme si leur but était de concurrencer les maquis et DJ de la place ;
✓ les prières dans les écoles (les vendredis pour les musulmans, le reste pour les catholiques). »
Je ne suis pas diplômé en laïcité, je ne suis pas un expert de la question mais permettez-moi d’être critique quant aux éléments constitutifs de votre répertoire :
✓ la croix qu’on exhibe, le boubou et le chapeau musulmans qu’on porte fièrement, tout cela en étant au travail dans les services de l’État : à part la croix dont j’ignore l’histoire le reste n’a rien de religieux. Le boubou et encore moins le chapeau ne sont pas musulmans. Dire que c’est une tenue arabe que beaucoup de musulman ont adopté est une vérité indiscutable. Beaucoup de musulmans portent aussi des costumes à la française ou des jeans à l’américaine. Beaucoup de non-musulmans portent de ses boubous et de ses chapeaux. C’est quand même étrange que tout ce qui vient de l’Arabie Saoudite ou du monde arabe en général soit musulman sauf bien sûr l’argent. Même si les éléments cités étaient religieux, en quoi sont-ils anti-laïque ? N’est-ce pas avec la bénédiction de la laïcité que chaque religieux est libre de pratiquer sa religion ? A moins que votre laïcité n’interdise l’existence de toute autre chose, la disparition du religieux et de la religiosité. Des tenues comme celle des leaders catholiques (archevêque, curés, cardinal), des imams (pour certains) montrent clairement la religion de ces derniers. Les appellations comme pasteur, monseigneur, imam, révérend, prophète, el hadj, mon père, sœur, etc. sont des étiquettes religieux et courantes dans l’espace public et il n’y a aucun mal. Seulement peu de gens à l’image de vous cher monsieur, pourraient penser cela anormal dans un pays laïc.

✓ le blocage des voies publiques pour les besoins de la prière : c’est une réalité et presque tous les jours les burkinabés constatent des situations de blocage de la voie publique (que ce soit pour des prières ou autres activités). Ce blocage est le plus souvent lié à la taille du rassemblement et est souvent nécessaire pour la sécurité des participants et aussi des passants. Ce qui étonne c’est qu’elle devient d’après Monsieur COUULIBALY anti-laïque quand ce sont des religieux qui en sont responsables. Du coup l’on est tenté de se demander si on perd notre citoyenneté en devenant religieux. Si un blocage de route pour prière musulman a lieu, c’est pour tout au plus 2h (12h-14h) et n’a pas lieu aux heures de pointes. Par ailleurs, cela s’avère de notre responsabilité à tous dans l’organisation de la collectivité sous le prisme strictement démocratique. Si tant est que la cité dans une démocratie devrait être le reflet de la volonté de ceux qui y vivent, une volonté qui protège et respecte le droit de tous, cette cité devrait garantir « les théâtres » dans lesquels les citoyens ont opté de s’y regrouper.

✓ la pollution sonore par haut-parleurs interposés (appels des muezzins, prières des protestants ; les catholiques, passées les cloches, sont les moins bruyants) et la perturbation de la tranquillité nocturne pour cause de prières de nuits, parfois de véritables shows relayés par haut-parleurs comme si leur but était de concurrencer les maquis et DJ de la place : je regroupe ces deux éléments parce qu’ils sont de même nature. Sincèrement c’est un problème qu’il faille résoudre. Les haut-parleurs des mosquées, les orchestres et autres instruments des églises, et plus grave la sonorisation des maquis et des rassemblements ou des promotions dans les boutiques et autres lieux dérangent la quiétude de plus d’un burkinabé, qui souvent ne se sentent ni de près ni de loin concernés mais sont obligés de subir. Là aussi monsieur COULIBALY n’a pas trouvé mieux que de faire la part des choses pour dire que la sonorisation des religieux est anti-laïque. Si votre article avait retenu que ce point, il aurait été d’un apport objectif pour plus de tranquillité dans nos quartiers. Hélas vous aviez plus important apparemment à dire que cela. Et sachez que des mosquées qui n’utilisent pas de haut-parleurs existent en grand nombre.

✓ les prières dans les écoles (les vendredis pour les musulmans, le reste pour les catholiques) : je suis tenté de poser la question de savoir si Monsieur COULIBALY est au Burkina ou du moins s’il sait de quoi il parle ? Donc sans que personne ne soit au courant (en tout cas pas moi) le vendredi les élèves de confession musulmane prieraient à l’école (l’école publique je suppose) et les autres jours les catholiques. Ce n’est pas vrai il n’y a pas de prière à l’école le vendredi pour les musulmans. J’ai fréquenté dans le public (du CP1 en 5ème année université) et pas un seul jour j’ai vu cette prière dont Monsieur COULIBALY parle. Ce qui est juste c’est qu’à tous les niveaux, les musulmans s’organisent pour trouver un lieu de prière dans le milieu où ils vivent. Et ça débute au lycée, et Dieu merci, même dans les écoles chrétiennes (catholiques et protestantes) de concert avec les autorités du milieu, les musulmans ont toujours bénéficié d’un lieu de prière mais pas pour les prières de vendredi.

En résumé votre répertoire d’actes d’anti- laïcité n’est rien d’autre que ce que votre esprit (ou les commanditaires de votre article s’il y en a) vous ont transfusé.
La laïcité est un principe de séparation dans l’État, de la société civile et de la société religieuse (séparation de l’église et de l’Etat à l’origine). Vos efforts allaient être salués si vous listiez des faits de contrôle de l’appareil d’Etat par les religieux et je suis sûr que cela ne vous arrange pas et vous mettra certainement mal à l’aise, à cause de l’absence de votre cible (les musulmans) à ce niveau. Au Burkina les musulmans n’ont pas d’influence sur le pouvoir publique comme vous tentez de nous faire croire, à l’instar d’autres communautés religieuses que vous semblez dédouaner par décret. . La communauté musulmane (à travers ses représentants) a toujours réclamé l’application juste de la laïcité. C’est d’ailleurs elle qui a tapé sur la table pour dire qu’elle ne voulait pas d’un leader religieux à la tête de la transition vue la manière dont les choses se dessinaient.

Comme apparemment tout ce qui est religieux et surtout musulman est anti-laïque selon vous je pourrai allonger votre liste :
 les musulmans organisent des journées de salubrité dans les écoles ;
 ils organisent des repas collectifs dans les écoles ;
 ils organisent des visites de courtoisie aux autorités dans les écoles ;
 ils organisent des conférences (de tout genre) et des cours religieux dans les écoles ;
 ils organisent des rencontres avec les autres associations (religieuse et non) dans les écoles ;
 ils organisent des opérations de don de sang dans les écoles et dans l’espace public ;
 ils organisent des visites aux malades ;
 ils organisent des visites aux prisonniers ;
 ils ont accueilli chaleureusement le Cardinal Philippe OUEDRAOGO dans leur mosquée (à Ziniaré par exemple) ;
 ils accompagnent leur Président (Président du Faso) au Vatican ;
 ils ont participé à élire un président catholique à la tête de leur pays ;
 etc.

Et tout cela à leur frais. Les musulmans n’ont pas par exemple d’arbre de Noel au frais de l’Etat, ni de symbole annonçant leurs fêtes à la télévision de tous les burkinabé, ni de jour de repos consacré à leur culte hebdomadaire

Monsieur COULIBALY pour rendre costaud son écrit cite le témoignage d’un étudiant supposé de Bobo (Nasso) : « Il y a bel et bien des lieux de prières dans les universités publiques. À Nasso par exemple, c’est derrière l’infirmerie que les musulmans partent prier. Et tant qu’ils n’ont pas fini de prier, aucun car ne bouge ! Les vendredis, c’est encore pire : au lieu de démarrer à 13h15 comme d’habitude, c’est après 14h que les cars de "midi" démarrent ! Pour les chrétiens (catholiques), les parkings servent de lieux de cultes, ou plus souvent les salles de cours. Très souvent, on peut être en TD et on entend des chants mais personne ne pipe mot ! ».

Dire qu’il y a des mosquées dans les universités n’est pas une information puisque tout le monde le sait. Mais le mélange de mensonge qui suit les dires de votre témoin mérite d’être dénoncé. A Nasso les musulmans n’ont pas une mosquée mais quatre mosquées. Une mosquée de vendredi située hors du site de l’Université (sur une propriété de l’AEEMB), une mosquée sous les arbres et non loin des cars (au sein de l’université), une mosquée collée au restaurant université pour le personnel du CENOU (chauffeurs et autres agents) et une mosquée à la cité universitaire pour les résidents de la cité.
Un peu d’histoire pour vous éclairer, les étudiants au début priaient derrière un bâtiment communément appelé bâtiment pédagogique. Ils ont par la suite sollicité et obtenu auprès du CENOU un espace à la cité universitaire (celle qui est sur le campus de Nasso) pour en faire une mosquée. Quand ils ont voulu démarrer les travaux de construction de la mosquée l’administration du CENOU s’est opposée car selon elle, son accord était pour une mosquée non construite (hangar ou autre) qu’elle pouvait à tout moment demandé la démolition si toute fois elle avait besoin du terrain. Les étudiants n’ont pas perdu espoir, ils ont trouvé un terrain qu’ils ont payé à leur frais (derrière l’infirmerie comme le dit votre témoin) et construit une mosquée qu’ils fréquentent que le vendredi car étant un peu éloigné des salles de cours. Pour contenter les musulmans l’administration les a accordé 15mn de plus le vendredi, ce qui fait que les cars démarrent le vendredi (à midi) avec 15mn de retard que les autres jours. Le jour où il y a une prière chrétienne cette même attente de 15mn est observée (voir plus en fonction de la durée de leur prière). Les autres prières (puisqu’ils ont 5 prières par jour les musulmans) ils le font dans la mosquée au niveau des arbres (à 13h et à 15h30). Les horaires des départs des cars sont de 13h30 les jours ordinaires, 13h45 le vendredi et 12h30, 13h45 les jours où il n’y a pas cours le soir. Le départ est à 17h15 les soirs. Que tu sois musulman ou pas ton absence ne peut empêcher le car de bouger. Monsieur COULIBALY, il n’est pas juste de choisir volontairement de travestir la réalité pour se donner raison (avec votre témoin qui apparemment ignore beaucoup de choses). C’est de la malhonnêteté intellectuelle tout simplement. Normalement les universités devraient prévoir dans leur construction des lieux de culte comme le font les hôpitaux et les prisons.

Entre nous, Monsieur COULIBALY n’avez-vous pas honte de dire aux yeux du monde que la présidence du Faso n’a pas été en mesure de trouver un lieu de culte pour ses agents qui en ont besoin, obligeant les « éléments musulmans de la garde présidentielle d’improviser une mosquée délimitée par un cordon pierreux ». En plus du fait que ce fait n’a rien de laïque, il n’honore pas notre nation.

Monsieur COULIBALY continue en disant : « Observons maintenant ce qui se passe à l’occasion d’un regroupement public musulman pour la grande prière du vendredi dans une ville. Nous n’avons pas choisi le vendredi par hasard, ce jour-là le nombre de musulmans augmente considérablement. Se rendant vers le lieu du regroupement, chacun semble investi d’une satisfaction individuelle radieuse et communicative, communiquée par le fait que les fidèles se reconnaissent entre eux, s’identifient au “modèle”, pour ne pas dire à la caricature attifée d’un accoutrement arabisant correctement apprêté et repassé, ou/et de l’accessoire indispensable, le tapis de prière qui va être, pour chacun, l’espace qu’il va occuper le temps de la représentation ; car il s’agit de théâtre, et d’accession à la liberté dans le sens de “la relation objective entre l’individu et l’espace qu’il va occuper” : son tapis de prière.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, la satisfaction de se regrouper de façon théâtrale pour former un agrégat compact, une “troupe aux tapis” n’a rien d’humain, ou alors il faudrait définir l’humanité par “ce qui a l’esprit de troupeau” ; or c’est l’humanité qui a peur qui se regroupe et s’assemble en troupeau, comme les animaux effrayés, ou les premiers hommes se regroupaient au fond des grottes pour conjurer leur terreurs ! Et il ne s’agit pas non plus d’un troupeau humain, comme on pourrait le dire d’une foule, puisque il ne s’agit pas d’individualités distinctes mais “clonées” par la foi et la soumission, et qui s’en vont renouveler leur obéissance absolue à leur maître, leur dieu créateur. En échange de quoi Il leur accorde l’immense pouvoir de la liberté, le temps de la prière et sur l’espace du tapis qu’ils occupent.

Ce théâtre féodal de fidèles serviles, malgré toute sa grandeur et les puissances investies, multiplie les incivismes dans la mesure où pour se rendre au lieu de prière les participants ne respectent plus aucune règle de sécurité publique, marchant n’importe où, en plein milieu des voies, comme si pendant le temps de la représentation (qui contient le fait de s’y rendre, et aussi de la quitter, dans le plus grand désordre), plus rien d’autre ne compte, n’a d’importance, n’est à prendre en compte, que la célébration de la soumission à venir pour l’obtention de sa part de liberté. Ainsi les “autres”, les “humains”, ceux qui ne sont pas affublés identiquement, ne sont porteurs d’aucun tapis de liberté, ne valent rien, ils ne sont pas ou plus à considérer, pas davantage que leurs lois. Pourtant, être humain, n’est-ce pas avoir en toute circonstance conscience de l’autre, et avoir de la considération pour lui ? Ainsi ne sont-ils pas humains, sauf avec leurs congénères qu’ils reconnaissent et saluent au cours de la représentation, à la fin de la prière.

Partout pour ces occasions de vastes regroupements se créent des “espaces d’exception”, foncièrement inciviques, où ce sont les “prérogatives” d’une loi religieuse qui priment.

Par l’article 31 de sa Constitution, le Burkina Faso est un pays laïque, et cette laïcité autorise des exceptions pour les manifestations publiques religieuses (les manifestations publiques animistes ont lieu dans ce cadre), mais protestants et musulmans ne semblent pas avoir grand-chose à faire de respecter les “limites” de la liberté qui leur est octroyée, et profitent outrageusement des exceptions ; les prérogatives de leur religion, ou l’interprétation qu’ils en font, passent avant tout civisme et respect des autres. Et comme les pratiques des uns “doivent” être répétées jusqu’à cinq fois par jour, elles sont les plus visibles, les plus envahissantes, et celles qui s’imposent le plus comme anti-laïques, et inciviques ».

Je suis au garde à vous Monsieur COULIBALY. Avec ce raisonnement plat et insultant vous vous étonnez que les musulmans se sentent offensés, insultés, humiliés et agressés par vous et par extension le site lefaso.net qui a rendu votre haine envers les musulmans publique.

Les musulmans en prière (surtout le vendredi pour suivre votre registre) selon vous (et votre laïcité vous l’autorise) sont une troupe de tapis, des concurrents des troupes de théâtre (puisque selon vous c’est une représentation théâtrale), des inhumains (animaux je suppose), des gens qui ont peur comme des animaux effrayés, un troupeau non humain, des clones, de fidèles serviles en théâtre féodal, des inciviques considérants les autres comme des moins que rien et irrespectueux de la loi. Un des commentaires de votre premier article disait que votre langage est pimenté. Non ce n’est pas un langage pimenté et vous l’avez-vous-même dit dans votre réponse à ce commentaire, c’est un langage insultant et mensonger. A ce que je sache vous n’êtes pas à un concours de poème. Je manquerai de mot pour qualifier votre réflexion si j’étais convaincu que vous avez réfléchi. Pourquoi je dis que votre langage est mensonger ? Parce que la description faite est fausse.

D’abord sachez qu’il n’existe pas de musulman de vendredi. Il existe tout simplement des musulmans, ils sont musulmans du lundi au dimanche (7jours/7 et 24heure/24). Les prières ordinaires sont observées dans un grand nombre de mosquées. Certains musulmans prient dans leur lieu de résidence ou de travail. Le nombre de mosquées où on officie le vendredi est réduit d’où le rassemblement et la présence de plus de musulmans dans ces mosquées ce jour que d’habitude. Si vous observez les prières des grandes fêtes (tabaski et ramadan) le nombre de musulman sur les aires de prière est encore plus important. Tout cela est fait conformément à ce qu’on appelle la loi que vous semblez remplacer par votre laïcité. Oui bien sûr, il peut avoir des excès qu’il faille corriger. Dans les plans de lotissement il y a une place pour les lieux de culte. Je trouve cependant le nombre réservé aux lieux de culte insignifiant et mal reparti. Les musulmans (même si ça va percer vos tympans) sont les plus nombreux au Burkina, c’est un fait et non une propagande. La logique voudrait qu’ils bénéficient pour ce faire de plus de lieux de culte que les autres ou tout le moins, de lieux spécialement conformes à leur besoin de regroupement cultuel. Au lieu de cela c’est l’inverse qui est observé. Du coup ils sont contraints non pas de laisser tomber, mais de se débrouiller (de s’y adapter) avec la réalité du terrain Il ne faudrait pas se méprendre, la justice et l’équité sociale ne consistent pas pour chacun de se tailler la taille du lion le domaine public (par le biais de ses entrées, sa position et ses facilités dans l’administration). Non ! La justice en cette matière, doit être la réparation équitable du domaine public, notamment l’espace public, à l’aune des réalités en termes de besoins d’espace de culte.

Quand vous dites qu’ils sont inciviques quand ils se rendent à leur lieu de culte ce n’est pas juste. Et même si cela devrait être le cas, l’incivisme doit être combattu dans le cadre de la promotion d’une bonne citoyenneté sans le masque d’une laïcité prétendument évoquée par vous.

Monsieur COULIBALY semble dire que les limites de la liberté religieuse est la laïcité. Non monsieur, les limites de toutes les libertés qu’elles soient religieuses ou non sont la loi. La laïcité est un principe et non une règlementation.

Je vous enseigne qu’aucune loi religieuse n’attire des radicaux armés qui agressent régulièrement nos frontières. Les radicaux armés existent pour autre chose et vous devrez le savoir si effectivement vous ne souffrez pas d’une inculture et d’une phobie du religieux. Vous citez : « L’exemple de la journée continue montre et prouve que les musulmans sont incapables d’adapter leurs pratiques religieuses aux règles d’un État non islamique, la loi et les droits de Dieu étant pour eux au-dessus des lois des États ». Et pourtant ils se sont adaptés, leur temps de repos de vendredi (donc de prière) a diminué et ils font avec. Si vous faites allusion au réajustement qui a eu lieu suite à des négociations, vous faites fausse route. C’est aux musulmans seuls qu’on peut faire cela. Allez-y demander aux chrétiens de s’adapter pour un aménagement du calendrier et qui vaudra un changement significatif de leur culte le dimanche si vous êtes « garçon ». Moi-même je ne vous le conseille pas. Et pourtant, les lois sont faites pour les hommes, pour l’intérêt du plus grand nombre, sans piétiner les droits et intérêts des minorités. Je vous vois encore souffrir de l’évocation de cette loi de la démocratie qui pourtant est sensée guider votre « votre » réflexion. Dans certains pays de notre sous-région, pas des moins démocratiques, ils ont tout simplement, sous la motivation de l’intérêt du plus grand nombre permis aux musulmans de ne plus revenir au service après la grande prière de vendredi.

Je meurs d’impatience comme vous de connaître le contenu de l’avant-projet de loi sur la liberté religieuse que le MATDSI serait en train d’élaborer d’après vous (qui doit être à l’heure actuelle à l’Assemblée nationale), seulement je reste convaincu que sa réussite dépendra de son objectif. Si cette loi vise une communauté comme il a été le cas en France et s’avère être injuste elle sera un échec et c’est ma prière.

Votre deuxième article est plus réfléchi que le premier. Seulement je constate que dans ces articles vous ne discutez pas de la laïcité et de l’incivisme mais des pratiques religieuses des uns et des autres.

Ce deuxième article se voudrait être une réponse « aux questions, incompréhensions et malentendus soulevés par le débat sur le forum » en relation avec le premier article. Vous reconnaissez dans cet article que « Faire l’historique complet de la laïcité à la française depuis ses origines comme l’a fait l’internaute Toumbooda sur le forum de l’article cité n’avance pas d’un pouce le Burkinabè dans la compréhension de sa propre laïcité ». Pourtant c’est ce que vous avez fait en sélectionnant ce qui vous arrange. La photo illustrative de l’article en est une preuve. Vous utilisez une photo (certainement de la France) où des fidèles musulmans en prière encerclent un véhicule de la police sur un trottoir. Seule la communauté musulmane est visée à travers cette illustration.
Mon écrit est déjà long donc je ne relèverai pas toutes vos contradictions que je salue si toute fois c’est un mea culpa, une envie de se corriger, de se rattraper. Sinon comment la foi religieuse qui relève exclusivement de l’intimité du croyant qui est secrète et invisible (je suis d’accord avec cet avis) peut-elle être populaire avec une possibilité d’être mise en scène ?

Dans ce second article vous attribuez la concurrence aux musulmans et la ruse au catholique. Pourtant à mon humble avis la ruse est une concurrence plus évoluée.
Un phénomène de mode est né surtout après l’insurrection faisant de ceux qui critiquent exempte de critiques. Toutes les critiques, les appels à un discours de tolérance, les appels à la sagesse et au choix juste des mots ont pour auteurs selon vous des esprits bornés et définitivement fermés. Aucun des commentaires n’a mentionné que les appels de prières, les orchestres et autres sonorisation ne sont pas dérangeants. Tous reconnaissent avec vous le caractère dérangeant de ses instruments qu’ils appartiennent à une mosquée, une église ou autre lieu mondain. Pour le reste Monsieur COULIBALY souffrez que tout le monde ne le partage pas. Et c’est là aussi la démocratie, le refus et la négation de la pensée unique qui semble être votre décret.

Je suis content que les reproches qui vous ont été faites soient selon vous des « Reproches décevants, stériles, mesquins ou malhonnêtes, quand ils ne sont pas diffamatoires, nous accusant d’être haineux envers les musulmans ». Vous vous comportez en victimes, c’est un pas pour comprendre ceux que vous avez offensé. Et en aucun moment vous n’avez eu le courage, je considère que c’est de l’incapacité, de vous excusez auprès de ces derniers. Pire vous enfoncez le clou.
Nopogo un des commentateurs que vous citez : « Sus aux obscurantistes religieux de tout bord qui n’ont pas compris le fond de votre article qui, via la laïcité appelle à la tolérance, au respect de chacun pour un meilleur vivre ensemble, et se démasquent par leur refus irresponsable voire haineux et xénophobe d’autocritique, s’imaginant les uns (musulmans) et les autres (chrétiens protestants notamment) remis en cause dans leur foi, alors qu’il ne s’agit que de modérer la manifestation de cette foi par respect pour autrui, pour éviter toute dérive totalitaire des religions ». Pour quelqu’un qui « applaudit des 2 mains et des 2 pieds ! » il n’y a rien de tel. L’appel à la tolérance, au respect de chacun pour un meilleur vivre ensemble via la laïcité serait attribué aux obscurantistes religieux de tout bord. Décidemment j’espère qu’on en viendra pas avec ce raisonnement à qualifier les terroristes d’éclairés (le terrorisme étant le contraire de la tolérance, du vivre ensemble, du respect des autres). Et en quoi une communauté de « gens de troupe de tapis, de fidèles serviles de théâtre féodal » est un appel à la modération ?
L’autre commentateur Monsole lui invite à voir le fond du problème, de ne pas être superficiels, de prendre positivement les choses. Son commentaire est à saluer. Si votre article tout entier passe à travers les filtres de ce commentaire peut être deux lignes s’en sortiront. L’article lui-même étant superficiel et négatif (je ne vois aucun moment les mérites des religieux mentionnés). Sachez cher monsieur que les critiques de l’article sont imputables aux maladresses qu’il comporte. Monsole continue en disant : "Tous les hommes sensés cherchent à apporter leur pierre à la construction d’une société de paix ; mais dans notre zèle, nous pouvons commettre des erreurs. C’est pourquoi nous devons apprendre à nous corriger. Cela nécessite que chacun rejette tout orgueil et fasse une introspection individuelle. Mais le hic chez nous Burkinabè, c’est que quand quelqu’un agit, on a tendance à ne voir que ce qu’il commet comme erreur tout en feignant d’ignorer nos propres limites et faiblesses". Je vous prie Monsieur COULIBALY de suivre son conseil, sortez de votre zèle, travaillez à commettre moins d’erreur, apprenez à vous corriger, faites une introspection individuelle, prenez conscience de vos propres limites et faiblesses, ne vous prenez pas pour le plus intelligent.

L’islam est par principe laïc. C’est une religion qui défend 5 principes à savoir : la liberté de croire ou de ne pas croire (nulle contrainte en religion), la préservation de la vie humaine, la préservation de la raison humaine, la préservation des biens et la préservation de l’honneur et de la descendance (liens de parenté). C’est pourquoi elle n’a aucun problème avec qui que ce soit. Et la liberté religieuse que tous proclament mais que personne ne veut s’y soumettre n’est pas une liberté d’avoir une foi invisible mais une liberté de pratiquer sa religion. A quoi servira une liberté si les conditions d’en jouir ne sont pas garanties. Oui c’est à l’Etat d’œuvrer à ce que toute personne qui veut pratiquer sa religion puisse la pratiquer. Mais quand on voit son incapacité à faire appliquer ses propres décrets (sur le port du voile à l’école par exemple), on se pose des questions. L’intolérance quand on en parle on pense aux religieux, pourtant elle est l’affaire aussi des non religieux (et les déboires de Monsieur COULIBALY en sont une preuve).
Les musulmans ont beaucoup de progrès à faire pour se conformer à leur religion qui défend le droit du voisinage. Tout voisin (d’un lieu de culte musulman ou du domicile d’un musulman) doit se sentir à l’abri des méfaits, et de la langue, et des membres du musulman. Et l’accent est plus mis sur le voisin du lieu du culte car étant voisin de la maison de Dieu. Monsieur COULIBALY semble s’intéresser au culte musulman, vous gagnerez énormément en apprenant plus sur l’islam, à faire preuve de sagesse et non de jeux de mots. Dès lors, vos observations sur la vie et le culte des musulmans seront utiles.

Ma réponse se veut également être un appel à tous ces musulmans qui sont tombés dans le piège de Monsieur COULIBALY avec des propos pas en phase avec les enseignements de l’islam. Il existe plusieurs manières de répondre à l’agresseur (COULIBALY) mais en aucun moment ce qui est interdit par la religion ne peut être autorisé sous prétexte que vous soyez en posture de victime. L’Islam ordonne que même quand vous haïssez quelque chose, vous devrez malgré tout rester juste.

Sachez cher Monsieur, que les musulmans sont soucieux du respect de la loi. Dans les cours et prêches musulmans, il est fréquent d’entendre l’obligation du respect des feux tricolores pour le musulman, l’obligation de ne pas salir les voies et lieux publiques, l’obligation d’être exemplaire dans tout lieu (service, marchés, etc.), l’interdiction de la corruption, le respect des personnes âgées, le respect des parents, le respect de l’enseignant, le respect de l’autorité. Le musulman étant celui qui appelle au bien et déconseille le blâmable et aimant pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même.

Très fraternellement

Votre frère Séni NANA
Ingénieur de conception en informatique
seni85nana@gmail.com

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