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Inscription sur les listes électorales à Ouaga : La situation à 5 jours de la clôture

Publié le jeudi 19 mai 2005 à 07h28min

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a lancé depuis le 25 avril 2005, l’opération d’inscription sur les listes électorales , en vue des prochaines consultations.

En attendant qu’elle fasse le point de toutes les inscriptions après le 24 mai 2005, délai officiel, puis une informatisation de celles-ci afin d’éliminer tout cas de multiples inscriptions ou des noms de personnes décédées, nous avons voulu toucher du doigt le rythme de travail de ceux commis à la tâche de part et d’autre. Pour cela, nous avons ciblé quelques bureaux de vote à Ouagadougou, chef-lieu de la province du Kadiogo qui compte à elle seule, 706 bureaux.

Le bureau n°10 situé au lycée Réveil des 1200 logements est géré par Rosine Kéré et Salamata Ouédraogo. Au début des inscriptions, elles s’étaient présentées en ce lieu avec sur leur banc d’écolier, une liste de 502 personnes déjà inscrites à l’occasion des législatives de 2002. Le lundi 16 mai dernier, elles avaient au compteur 638 inscrits ; donc 136 nouvelles inscriptions essentiellement de jeunes qui ont désormais 18 ans ou plus, ce qui leur donne droit au vote.

En moyenne, ce sont six à sept personnes qui se présentent devant elles chaque jour. Non loin du Lycée Réveil se trouve le Petit Poucet toujours aux 1200 logements où Alimata Bitiga et Mahamoudou Zida ont installé leur table pour le boulot. L’affluence de ce côté n’est pas non plus si grande, disent-ils ; eux qui ont enregistré l’inscription de 170 nouveaux votants.

Le bureau n°7 est quant à lui situé au quartier Koulouba (secteur 5) et dirigé par Réné Malo et Parfait Belemsigri que nous avons vus lors de notre passage, presque se tournant les pouces. "Du fait qu’ils ont voté en 2002 lors des législatives, les électeurs n’attendent que leurs cartes d’électeurs. Ici à Koulouba , il y a très peu de nouveaux habitants", confient-ils.

Toutefois, la soustraction faite des deux listes (anciens et nouveaux inscrits), donne 110 nouveaux inscrits constitués essentiellement de jeunes. Après Koulouba, notre équipe a mis le cap sur la zone non lotie des secteurs 29 et 30. C’est l’école primaire Wend Zoodo qui a prêté son hangar aux six bureaux de vote devant inscrire les populations. Le rythme des inscriptions, contrairement à ce l’on pourrait penser, est nettement plus accéléré. Les six bureaux, les 12, 13, 14, 15, 21 et 23 ont enregistré respectivement, 327, 235, 345, 341, 270 et 460 nouveaux inscrits.

Même si Ignace Kaboré ne s’est pas encore inscrit tout comme sa grand-mère Koura Traoré qui nous a avoué ne pas savoir où toute "cette affaire-là se passe", il attribue cette affluenc à l’enjeu électoral que représentent les lotissements dans les zones périphériques de Ouagadougou. Il poursuit : "si tu ne vas pas voter, on ne sait jamais, ce qui peut se passer à l’heure des attributions de parcelles".

Vrai ou faux, Oumou Gnimnin ne semble pas avoir un tel jugement sur la question, puisqu’elle s’est toujours inscrite et prend part régulièrement aux différents votes depuis qu’elle a eu l’âge requis. Ainsi, c’est depuis le 26 avril soit au deuxième jour seulement de l’opération, qu’elle a vérifié si son nom était bien inscrit sur la liste des élections passées, donc plus besoin pour elle de se faire inscrire à nouveau.

Au bureau du Centre d’information des jeunes sur l’emploi et la formation (CIJEF), ce sont Abdou Karim Diabré et Béatrice Kambou qui accueillent les habitants du secteur 17. Ils avaient sur leur liste 112 nouveaux inscrits qui se sont présentés devant eux. Ils notent ces derniers temps une plus grande affluence, "puisque les gens n’étaient pas suffisamment informés de l’installation d’un bureau ici".

C’est dire que le "battage" médiatique n’a peut-être pas pris suffisamment en compte cette autre dimension de l’indication de chaque lieu d’inscription ; par exemple par le biais d’une sensibilisation de proximité avec des relais et supports bien indiqués pour ce faire. A nos différents passages, nous avons approché des citoyens en vue de recueillir leurs appréciations sur l’opération en cours ou pour savoir simplement, s’ils se sont fait inscrire.

Par Philippe BAMA


Appréciations

Issalogo Salimata : Moi, je suis venue pour m’inscrire sur la liste électorale parce qu’en tant que citoyenne, je dois remplir mon devoir civique. Pour ce qui est de la mobilisation des autres citoyens par rapport aux inscriptions, je pense que c’est lié à leur disponibilité. Il se pourrait qu’ils se bousculent à la dernière minute. Et vu qu’il y a plusieurs postes de recensement, je me dis que c’est ce qui fait que l’on ne perçoit pas l’affluence des citoyens. En ce qui me concerne , je me suis inscrite sur la liste électorale pour pouvoir prendre part au vote des élections prochaines. Je me sens citoyenne et je tiens à marquer mon appartenance à mon pays.

Souleymane Zagré : C’est dans la perspective des élections à venir que je me suis inscrit sur les listes électorales. Je vais voter en novembre 2005. Je constate comme vous que les gens ne se bousculent pas pour s’inscrire sur les listes électorales et je crois que cela s’explique par le fait qu’ils ne savent pas où sont situés les bureaux de recensement. En invitant les gens à s’inscrire sur les listes électorales, les autorités n’ont pas pris la peine d’indiquer les différents lieux de recensement. J’ai rencontré beaucoup de gens qui veulent s’inscrire, mais ne savent pas où le faire.

Sayouba Kaboré : Il nous a été dit que l’élection présidentielle se tiendra cette année et nous avons été invités à nous inscrire sur les listes électorales. Moi, je l’ai fait. Je compte prendre part aux votes. Si les postes de recensement ne sont pas pris d’assaut par les potentiels électeurs, je pense que c’est parce que beaucoup d’entre eux étaient déjà inscrits depuis l’an 2002 pour les législatives, puisque le communiqué précise bien que le recensement ne concerne que les non-inscrits en 2002.

Soumaïla Bancé : Je ne me suis pas encore inscrit sur les listes électorales, mais je vais le faire incessamment. Habituellement, je prends part aux votes. Je ne saurais moi-même vous dire pourquoi je ne me suis pas encore inscrit ; certainement parce que j’en ai encore le temps. Dans tous les cas, je le ferai, c’est sûr !

Yacouba Nacoulma : Je ne me suis pas inscrit sur les listes électorales pour 2002. Cette année, je ne suis pas encore inscrit, mais je le ferai bientôt. Je vais accomplir mon devoir de citoyen. Je ne sais pas ce qui explique le fait que les gens ne soient pas mobilisés pour s’inscrire, mais je crois qu’à quelques jours du délai des inscriptions, ils sortiront plus nombreux.

Z. Joël Ouédraogo : J’étais déjà inscrit depuis 2002. Et quand je me suis rendu au bureau des inscriptions pour me rassurer que j’étais inscrit, on a effectivement trouvé mon nom sur la liste électorale. On m’a dit que j’aurai ma carte plus tard. Je crois que tout citoyen doit avoir un regard sur la vie politique de son pays. C’est ce qui fait l’importance du vote à mon avis. Cette année, les gens n’ont pas l’engouement de s’inscrire parce que le système a été compliqué. Pour un pays majoritairement analphabète, on parle d’informatisation du fichier électoral. Je crois que ça ne facilite pas les choses pour tout le monde.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA
Le Pays

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