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Produits alimentaires : de l’enquête parlementaire à la dénonciation publique

Publié le lundi 16 mai 2005 à 07h26min

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La France a connu son scandale du "sang contaminé". Le Burkina va-t-il connaître son scandale des "produits alimentaires impropres" à la consommation ? A l’évidence, un seul choix s’impose, si l’on ne veut pas que l’enquête parlementaire sur les produits alimentaires de grande consommation ne devienne une affaire d’Etat qui s’enlise et prenne les proportions d’un scandale. Rendre publique, l’enquête parlementaire. Le culte du secret doit tomber.

Le parlement burkinabè après un tel acte patriotique, humaniste, responsable et politiquement correct, ne doit pas s’arrêter en si bon chemin. La notion de séparation des pouvoirs est si scrupuleusement ancrée chez nos hommes politiques que l’Institution parlementaire aura tort de croire qu’après son enquête, la patate chaude doit être transmise à l’exécutif, pour assurer sa publication. La sagesse enseigne que l’"on n’enterre pas un mort en laissant les pieds dehors". Si le parlement a pris sur lui, la responsabilité d’investiguer sur ce que mangent et boivent les Burkinabè, c’est qu’il se préoccupe de leur santé. Cette enquête pose donc un problème de santé publique.

C’est pourquoi, le peuple a droit à l’information, à toute l’information. Que ce soit par l’entremise du gouvernement ou du parlement, peu importe, l’essentiel est que le rapport soit rendu public. Ainsi informées, les solutions préconisées et les sanctions à prendre seront bien comprises et acceptées par les populations. Les aliments sur lesquels l’attention des "députés enquêteurs" a porté, à savoir : la farine, la pâte à boulangerie, le pain, les huiles alimentaires, les eaux de boisson conditionnées, le lait conditionné, le sel, sont essentiels dans l’alimentation quotidienne des populations. Il n’y a donc pas de raison que le rapport ne soit pas porté à la connaissance de l’opinion nationale.

Les dangers pour la santé des populations à consommer des aliments impropres sont réels. Ainsi, les huiles non conformes peuvent entraîner le cancer, les eaux de boisson mal conditionnées, des diarrhées et des vomissements, les sels non iodés exposent au goitre, les laits qui contiennent des moisissures ou des staphyloccoccus aureus ne sont pas propres à la consommation humaine.

A tous ces dangers qui ne peuvent être certifiés qu’après des analyses en laboratoire, il faut dénoncer les faux mélanges, les manipulations empiriques, les expositions à la poussière et au soleil, les faux étiquetages... Cette enquête soulève un problème de salubrité publique.

Ainsi, les sociétés privées qui prétendent commercialiser de l’eau minérale conditionnée, extraite des profondeurs de la terre, alors qu’elles mettent en emballage l’eau sortie du robinet de l’ONEA en utilisant des installations inapropriées doivent être "nettoyées".

Les opérateurs économiques véreux qui font les mixages des produits pour améliorer leurs plus-values ou de faux étiquetages pour mettre sur le marché des produits périmés au détriment de la santé des consommateurs, interdits d’exercer. C’est en prenant des actes forts que l’Etat burkinabè réussira à décourager tous ceux qui se soucient peu de la santé des citoyennes et citoyens de ce pays.

Face à cette situation préoccupante, il est important de savoir pourquoi les structures étatiques telles que le Laboratoire national de santé publique (LNSP), l’inspection générale des affaires économiques (IGAE) et celles de la société civile principalement la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) n’ont pas réagi en synergie pour combattre ouvertement ces fléaux.

Pour les structures étatiques, il semblerait qu’une "guéguerre" existerait entre elles. Au lieu de rechercher une complémentarité, elles se battent pour des prérogatives qui ne s’excluent pas. Si le LNSP a pour mission le contrôle de la qualité sanitaire, l’IGAE est chargée de délivrer le Certificat national de conformité (CNC). Les questions de compétence ne sauraient prévaloir sur la santé humaine.

L’Etat doit trancher afin qu’un certain laxisme ne s’installe pas parce que les textes juridiques en la matière ont des lacunes. Si ces structures techniques et administratives qui relèvent de l’administration centrale sont sous hiérarchie et ne peuvent de leur propre chef prendre l’initiative de publier les résultats de leurs divers contrôles, la LCB, elle n’a pas cette pesanteur de tutelle et peut commettre des enquêtes et les rendre publiques.

Les commissaires du parlement burkinabè ont ouvert une brèche dans ce trafic mafieux de la commercialisation des produits alimentaires de grande consommation. Les divers partenaires : les autres institutions nationales, la société civile, les consommateurs eux-mêmes sont interpellés. Unissons nos efforts pour combattre les pratiques illicites qui tendent à nous faire consommer des produits alimentaires impropres à la consommation. Car, il y va du devenir de notre santé et de celle de notre nation.

Par Michel OUEDRAOGO
Sidwaya

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