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Nouveaux textes de la Chambre de commerce : Déjà du bruit dans les milieux d’affaires

Publié le lundi 22 février 2016 à 14h51min

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Nouveaux textes de la Chambre de commerce : Déjà du bruit dans les milieux d’affaires

Certains milieux d’affaires récusent les nouveaux textes de la chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF). En l’occurrence le collectif pour l’assainissement de l’économie burkinabè. Quand la délégation spéciale dit que les textes ont été relus de façon participative, le collectif dit que c’est ‘’faux ‘’. « Le consultant qui a procédé à la relecture des textes, Benoit Ouattara, a dit qu’il a pris attache avec toutes les structures, à aucun moment il ne nous a consultés pour une séance de travail », ont laissé entendre les membres lors d’une conférence de presse animée ce 20 février 2016 à Ouagadougou. Le collectif propose par ailleurs des correctifs pour que la CCI-BF ne soit pas dirigée par des « criminels économiques ».

Le collectif pour l’assainissement de l’économie burkinabè ne décolère pas. Pour lui, la délégation spéciale mise en place au lendemain de l’insurrection populaire suite à la dissolution de la chambre consulaire, et qui devrait travailler à toiletter les textes de l’institution est passée à côté de sa mission. Pire, avec les textes conçus et adoptés en conseil des ministres par le gouvernement de la transition, on pourrait avoir à la tête de la CCI-BF, « des criminels économiques ».

Contrairement à la délégation spéciale qui estime que la relecture des textes a été faite de façon participative, le collectif prétend le contraire. « C’est faux, cela n’a pas été fait de façon participative, nous sommes ahuris ! A la dissolution de l’assemblée consulaire et la mise en place de la délégation spéciale, on nous a demandé de proposer une liste de trois personnes. Nous avons envoyé la liste, j’étais le secrétaire. Le jour de la restitution, le consultant qui a procédé à la relecture des textes, Benoit Ouattara, a dit qu’il a pris attache avec toutes les structures. A aucun moment, il ne nous a consultés pour une séance de travail », regrette Guy Sanou, membre de la coalition.

« Nous avons fait une vingtaine de propositions à la délégation spéciale de la chambre, aucune n’a été retenue. Jusqu’au jour de la restitution nous avons contesté. On a promis nous rappeler pour une nouvelle restitution. On a été étonné à une délibération du conseil des ministres de constater que les statuts ont été adoptés  », enfonce Moussa Sanou, 1er vice-président de la coalition, chargé des réformes.

Les points querellés et les propositions

Sur le décret portant régime électoral, le collectif regrette qu’il ne respecte pas l’esprit et la lettre que les élections consulaires auront lieu en 2015. L’article 37 dudit décret indique les élections pour la mandature 2015-2020. Du coup, pour les membres, le décret tombe en désuétude. « On ne peut organiser des élections consulaires en 2016 sur la base d’un texte qui dit que les élections ont lieu en 2015. Notre collectif avait pourtant en son temps, signalé qu’il était impossible d’organiser ces élections en 2015, sans des préalables », indique Guy Sanou pour qui, il faut un autre décret qui ne soit pas en déphasage avec les réalités.

C’est surtout sur les statuts que ça coince. L’article 21 desdits statuts indique qu’ « aucun membre du bureau ne peut occuper le même poste pendant plus de deux mandats consécutifs… ». En outre, pour prétendre au poste de président de la CCI-BF ou celui de président d’une assemblée consulaire régionale, les élus consulaires doivent être âgés de 75 ans, tout au plus à la date des élections consulaires.

Le collectif s’inquiète de ce qu’aucun autre article ne limite clairement les mandats, ce qui pourrait empêcher une quelconque alternance « véritable » à la tête de l’institution. « Quelqu’un peut être indéfiniment membre du bureau, en changeant juste de poste ; ce qui transformerait le bureau en cercle d’amis, comme cela se voyait de par le passé ».

Un président très fort

Au regard de l’article 23 des statuts, à entendre les membres du collectif, le président a tous les pouvoirs. Il nomme et peut révoquer le directeur général, il recrute tout le personnel de la chambre sur propositions du DG. ‘’Les frondeurs’’ préconisent de rendre le directeur général autonome du président, qu’il travaille en toute liberté, avec obligation de résultats. Et surtout « qu’il soit recruté sur concours pour une durée de 5 ans renouvelable une seule fois, pour éviter les dérives qui ont été enregistrées de par le passé ».

Il ne faut pas seulement avoir des milliards pour diriger la chambre, insistent Guy Sanou et ses camarades. Ils proposent que le président ait un minimum de niveau intellectuel pour gérer et innover la chambre qui « est une vitrine de l’économie burkinabè à l’extérieur, qui doit pouvoir donner son avis sur les changements projetés dans la législation commerciale, douanière, économique ; présenter un programme de mandature dans un contexte international ». Aussi proposent-il que les postes de président et autres membres du bureau consulaire soient guidés par l’intégrité morale et intellectuelle, plutôt que sur la simple pesée économique, « pour ne pas se retrouver avec des crimes économiques à la tête de la CCI-BF ».

Si dans les textes, il est dit que le poste de directeur général ne donne pas droit à une quelconque rétribution, le collectif crie à l’hypocrisie. « La fonction est certes bénévole, mais pourquoi les gens se battent autant pour être président, pendant 10, 15,20 ans à la tête de la chambre. On finit par être fatigué d’être bénévole, ils ont leurs sociétés à gérer. Il y a des marchés, des sociétés écrans qui se créent pour bénéficier des marchés. On tire les ficelles de l’économie nationale en sous-main. Le bénévolat est un vernis » clame Moussa Traoré.

En attendant donc, le collectif indique qu’il s’investira pour un véritable toilettage des textes avant l’élection des membres consulaires.

Tiga Cheick Sawadogo (tigacheick@hotmail.fr)
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