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Levée du couvre-feu : Nous sommes de nouveau des hommes

Publié le samedi 30 janvier 2016 à 00h39min

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Levée du couvre-feu : Nous sommes de nouveau des hommes

Voici déjà un mois bien sonné que le SEM Roch Marc Christian Kaboré a prêté serment en qualité de Président de tous les Burkinabè. Au nombre des mesures qu’ils a déjà prises, l’une me réjouit particulièrement : il s’agit de la levée du couvre-feu qui avait fait du yoyo depuis le putsch manqué du Conseil national pour la démocratie (CND).

Tantôt 21 heures à l’aube, souvent 23h au petit matin, tantôt 1h à 4h… Toutes choses qui nous obligeaient à nous retrouver, à notre corps défendant, assis à la maison au milieu de femmes et enfants. Alors que les autres hommes sont dehors à défendre la Cité. Il est humiliant et discriminatoire, le couvre-feu. Maintenant, avec sa levée, nous sommes devenus à nouveau des hommes. Et comme tels, nous allons retrouver les cercles de nos amis. A propos, et si on parlait un peu de nos amis. Tant internes qu’externes.

D’abord nos amis à l’interne. Et c’est repartis dans les déclarations inopportunes surtout quand elles viennent des nouvelles autorités, mais encore plus irresponsables quand ce sont d’anciens dignitaires qui ont géré la Transition qui s’en mêlent tant pour dire le pourquoi du comment des attaques terroristes et de la poudrière de Yimdi. Si pour les premiers l’on peut comprendre qu’ils veulent se dédouaner à bon compte sur leurs contempteurs, pour les seconds cela l’est moins. En tant qu’anciens dignitaires, dont le bilan dans la gestion des affaires publiques n’a même pas encore été fait au peuple, ils doivent avoir la décence de la boucler.

Alors accusation pour accusation, l’on pourrait aussi vous reprocher d’être les géniteurs de cette surchauffe du climat sociopolitique national que les nouvelles autorités tentent de juguler. Car s’il n’y avait pas eu ces lois scélérates d’exclusion, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) n’allait pas tenter un putsch, qui n’allait pas aboutir à des arrestations et dissolution du RSP avec son implication en termes judiciaires, qui n’allait pas entrainer des désertions, qui n’allait pas etc., etc. Un effet domino. C’est pourquoi chers amis anciens dignitaires, votre parole doit être rare comme les larmes d’un chien. C’est la règle du jeu en la matière, quand on a occupé de hautes fonctions : l’obligation de réserve. A moins que vos désignations à ce niveau de responsabilité ne furent que des accidents de l’histoire. Ou que cette intrusion inopportune prise de parole sur la vie nationale actuelle ne vise qu’à détourner l’attention des uns et des autres sur des choses que vous voulez cacher. Ou est-ce une flagornerie de mauvais aloi ?

A propos de poudrière, disons-le tout net : la poudrière de Yimdi n’est plus à sa place. Imaginons que la fameuse attaque ait été menée par des apprentis sorciers dont l’objectif n’était point de subtiliser des armes et munitions mais plutôt de faire sauter la poudrière afin de provoquer un carnage comme les « fanatiques » de Kwamé Nkrumah. J’ai déjà froid dans le dos rien qu’à y penser. Inspirons nous de l’expérience douloureuse de la poudrière de Mpila du 4 mars 2012 (Congo-Brazzaville) et déplaçons la poudrière de Yimdi car la pression démographique a fait d’elle une véritable…poudrière bien sûr, en matière de sécurité humaine.

Nos amis de l’extérieur. Quant à nos amis de l’extérieur l’on est en droit de se demander où étaient tous ces soit disant membres de l’Internationale qui viennent rebattre les oreilles du PF quand il traversait son désert politique. Si ce n’est pas pour lui demander d’extrader qui on sait c’est pour dire qu’ils vont l’aider à combattre le terrorisme. Trop facile devant caméras et micros.

Les médias internationaux ont à nouveau repris du service. Si ce ne sont pas des « écoutes téléphoniques » croustillantes qu’ils ont pu se procurer, ce sont des « fuites » dont ils ont eu vent en exclusivité. Ou alors, ils sont dans le saint des saints de la Justice et de la Sécurité nationales en affirmant que le Général Bassolé fait de la résistance tandis que le Général Diendéré balance des noms (Jeune Afrique), en révélant que le Président du Faso a d’abord téléphoné au président français, puis a attendu la venue des barbouzes des Forces spéciales françaises basées à Gao (Mali) avant de donner le feu vert pour attaquer les terroristes retranchés à Splendid Hôtel (La Lettre du continent). Le même journal affirme avoir rencontré les prestataires des services de l’Etat français qui ont authentifié « les matériaux sonores » entre Guillaume Soro et le Général Djibrill Bassolé.

Depuis quelque temps, ces informations très tendancieuses sont distillées en synchro tant par voie radiophonique, par voie de presse écrite que par médias sociaux ou en ligne. Tout se passe comme si l’on veut voir ce pays sombrer dans le désordre. Voudrait-on récupérer l’insurrection d’octobre 2014 puis la post-transition à des fins d’expérimentations inavouées que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Alors, disons avec Voltaire, s’inspirant de Job : « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! ». Espérons que les autorités en place ne se laisseront pas distraire par tous ces connaisseurs car les cent premiers jours d’un nouveau régime sont déterminants. Le compte à rebours a déjà commencé. Plus que soixante dix jours. Alors… ! Vive la levée du couvre-feu !

Neya de Gabou

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