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Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

Publié le mardi 26 janvier 2016 à 00h51min

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Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

Depuis plus d’une année, le peuple souverain et héroïque du Sofa Kiburna s’est résolument engagé sur la traversée du fleuve sacré à la quête du nouveau Kiburna où plus rien ne devrait être comme avant. Que d’épreuves traversées en si peu de temps, que de sacrifices consentis, que de défis relevés.

Depuis le 30 Septembre 2014, nous suivons ensemble cette tumultueuse traversée à travers les contes suivants :
-  Naaba Laibse, le royaume du Sofa Kiburna et la Long-régnite
-  La profanation du fétiche sacré
-  La chute de Naaba Laibse
-  La vacance du trône
-  La montée des eaux troubles
-  Le naufrage
-  Le sauvetage

Après le sauvetage suite au "putsch le plus bête de l’histoire", le conte sur le débarquement devrait marquer la fin de cette série sur la traversée du fleuve sacrée. En effet, toutes les conditions avaient été réunies pour un débarquement serein : la désignation du nouveau roi sa majesté Piiga le Roc le 29 Novembre sans contestation aucune ; son intronisation le 29 Décembre 2015 ; la désignation le 30 Décembre 2015 du maître faiseur des rois devant l’éternel, le redoutable, le redouté et grand devin Salfo Yadega pour la gestion de la case sacrée avec 126 autres féticheurs ; la désignation de Bathié Baka comme chef des notables le 07 janvier 2016 ; la proclamation le 13 Janvier 2016 de la liste des 29 nouveaux notables devant siéger dans la cour royale …

La boucle était donc bouclée ! La traversée tant redoutée, tant souhaitée était accomplie. Le rêve du peuple héroïque s’était réalisé. Une nouvelle ère pouvait commencer ; celle du nouveau Sofa Kiburna où tous les espoirs seraient permis ; un nouveau Sofa Kiburna, dans lequel, en maîtres, régneraient la vraie démocratie, la liberté, l’équité, la justice, la paix, le développement. Le monde entier avait applaudi et félicité le royaume et son peuple pour la bravoure, le courage et la grande aptitude à la résilience dont ils ont fait preuve tout au long de la tumultueuse traversée. Le soulagement et la satisfaction se lisaient sur les visages. Le peuple intrépide et ingénieux pouvait se remettre rapidement au travail sur les différents chantiers du développement pour un Sofa Kiburna glorieux, radieux et prospère.

Hélas, c’était sans compter avec la ferme volonté de nuisance des forces du mal ! Leurs vœux "tout sauf les RSS" n’avaient pas été exaucés. Tapis dans les zones sombres obscures du royaume et au-delà, ces affidées du diable ne s’avouent point vaincus malgré la raclée des 29 et 30 Octobre 2014 et la déculottée suite aux évènements du 16 Septembre 2015. Loin de se résigner, ces échecs les ont rendues plus aigries, plus venimeuses, plus revanchardes. En sourdine, elles manœuvrent, manigancent, trament et ourdissent les complots les plus sordides de sorte à remettre en cause tous les acquis engrangés par le peuple héroïque en si peu de temps. De paradis en gestation, leur rêve est de transformer le royaume en enfer, le rendre ingouvernable, faire fuir les investisseurs de sorte que le slogan "plus rien ne sera comme avant" devienne, "avant c’était mieux que maintenant". Tel semble être le sens ésotérique du message codé accompagnant les évènements malheureux qui se sont succédés ces temps-ci au Sofa Kiburna.

Est-ce l’effet du hasard ? N’est-ce pas l’œuvre d’une main maléfique, d’un esprit diabolique, d’un être hideux et répugnant ? Comment comprendre la survenue et l’enchaînement de ces tristes évènements ? Attaque de Splendid Hôtel et du Cappuccino la nuit du 15 au 16 Janvier 2016 ; enlèvement du couple d’australiens à Djibo, harcèlement des forces de l’ordre aux postes frontaliers, attaque du dépôt d’armes et de munitions de Yimdi la nuit du 21 au 22 janvier, incendie des marchés de Tanghin, de Boins-Yaar, de Gounghin ; incendie du marché de Bobo ; déraillement de deux wagons à Bobo ! Tout ça, une coïncidence ?

Ce ne peut être que l’œuvre de la coalition des forces du mal. Quelles peuvent être ces forces maléfiques ? Sans doute tous ceux qui ne trouvent pas leurs intérêts dans la configuration actuelle du nouveau Sofa Kiburna en marche. La réponse nécessite une analyse des diverses parties prenantes, et surtout les perdants dans la configuration actuelle.

Des perdants, il y a tout d’abord les seigneurs de l’ancien clan ou du reste, une partie de l’ancien clan qui a perdu le pouvoir. Les membres de ce clan ont régné 27 ans sans discontinuer, sans partage, en maîtres absolus, en mangeant bon, en buvant frais et en palpant mou aux frais du contribuable. Ils ont fait la pluie et le beau temps. Du jour au lendemain, ils estiment avoir presque tout perdu. Ils digèrent mal d’être devenus des simple has been ! N’ayant jamais été des vrais démocrates encore moins des croyants, ils n’ont point pu pardonner ; leurs esprits étriqués fulminent et ruminent leurs peines, leurs haines et leurs rancœurs ; ils sont remplis de vengeance. Ils en veulent à mort à leur anciens amis, ex compagnons et nouveaux ennemis jurés avec qui, ils partageaient les diners du diable. Ces derniers ont fini par s’accaparer de tout le plat et le diable et les diablotins n’ont eu leur salut qu’en s’éparpillant dans la nature aux quatre coins du monde pour les veinards et en prisons pour les moins chanceux. Puisse Dieu les calmer et leur faire entendre raison où qu’ils se trouvent !

Toujours dans le clan des perdants, il y a les satellites de l’ancien clan, une nébuleuse, une galaxie mafieuse de tout genre : narcotrafiquants, trafiquants d’armes, trafiquants d’or, djihadistes, terroristes, rebelles, criminelles… Nul doute que Ouaga était devenu non seulement le refuge mais aussi une foire aux diables, le point de convergence des sans foi ni loi, le lieu de tous les trafics sordides. Pour tout ce monde, la configuration actuelle est un frein aux bonnes affaires et à l’impunité.

L’autre perdant, c’est le clan de la « grande muette ». Depuis le 03 Janvier 1966, elle est au centre du pouvoir, elle a été le pouvoir, le pouvoir kaki, le pouvoir de la kalache et de la baïonnette. Sur les huit rois qui ont déjà régné, six, soit 75% sont issus de ce clan. Voit-elle de bon œil et accepte-t-elle de bon cœur la nécessité de devoir repartir dans la caserne sans murmure ni trompette et s’en tenir strictement à son rôle régalien après avoir été si longtemps l’enfant gâté, choyé, chouchouté ? N’y at-il pas de risques que le sevrage si brutal après toute cette accoutumance aux honneurs et bonheur du pouvoir engendre chez la grande muette un syndrome de sevrage et des crises de nerfs aux conséquences imprévisibles ?

L’histoire est riche d’enseignements sur le fait qu’à chaque fois qu’on a voulu si brusquement écarter et éloigner la grande muette accoutumée au pouvoir, elle manœuvre de sorte à toujours se repositionner au centre du pouvoir. Ce fut le cas en Algérie lors des élections locales du 12 juin 1990 et le premier tour des législatives le 26 décembre 1991 toutes démocratiquement remportées par le Front Islamique du Salut (FIS). La suite est connue, dix années sanglantes de conflit armé et au finish, la confiscation du pouvoir par l’armée. Ce fut la même chose en Egypte en 2013 après la révolution populaire de 2011. Espérons qu’ici au Sofa, elle a vraiment entendu raison une fois pour toute et qu’elle a accepté de jouer pleinement son rôle dans un esprit républicain !

Les autres perdants dans une moindre mesure, sont tous ces honnêtes citoyens qui ont combattu la compaorose des années durant, qui ont respiré des gaz lacrymogènes lorsque Tebguéré estimait que des zones rouges étaient franchies, tous ceux qui ont perdus leurs forces et leurs proches au front de la lutte patriotique au nom de la démocratie, de la justice et de la liberté pendant que les RSS dinaient tranquillement avec le diable. Pour ces gens, la victoire des RSS, fut-elle très démocratique, laisse un petit arrière-goût insipide et indigeste. Etant de vrais démocrates et patriotes, ils ont accepté leur défaite et accompagnent le système dans un bon esprit de fair-play.

Bref qu’à cela ne tienne ! Peu importe l’ennemi. L’heure n’est plus aux grands débats, il faut se concentrer sur le plus urgent, sur l’aspect sécuritaire car, il y a réellement péril en la demeure. Actuellement face à la menace malveillante et déstabilisatrice, seule l’union sacrée doit compter. Toutes les filles et fils du Sofa Kiburna doivent taire leurs divergences et ne parler que d’une seule voix, la voix de la concorde nationale, la voix de l’union sacrée. Quand la nation est en péril seul l’intérêt commun doit prévaloir car personne n’a de l’avenir dans un royaume qui n’en a pas. Unissons nos forces, faisons mentir tous ces pseudo charlatans, experts et tutti quanti qui tentent de justifier coute que coute la situation actuelle par l’inopportunité et l’imprudence d’avoir dissout le PSR.

Œuvrons et luttons collectivement contre l’ennemi commun pour que demain soit meilleur, pour que cette nouvelle terre d’accueil qui semble hostile devienne vite un havre de paix, un paradis. Nous en avons les moyens vue l’œuvre titanesque déjà réalisée sur le chantier de défense de la patrie, de la démocratie et de la liberté. Restons un modèle de stabilité et de cohésion sociale.
Relevons une fois de plus le défi !
Que Dieu bénisse le Sofa Kiburna

La Pharmacie Citoyenne
Dr Issaka SONDE
Pharmacien
Email : issaksonde@hotmail.com

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Vos commentaires

  • Le 25 janvier 2016 à 15:14, par Francis En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Cool Doctissimo !!! Le Fleuve sacré a été traversé. Mais le chemin à emprunter pour arriver à l’aire d’implantation d’un Burkina Splendid où mêmes les enfants de la rue pourront déguster du Cappuccino longe la rivière pleine de crocodiles et de monstres en tout genre. La traversée n’est pas terminée et nous attendons la suite, le cheminement sur le sentier qui traverse la forêt dense autour du fleuve.

  • Le 25 janvier 2016 à 16:02, par ACHILLE DE TAPSOBA En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Merci Dr SONDE et soyez bénis pour votre contribution pleine de sagesse. Le terrorisme ne passe pas au BURKINA. Je crois à la force et à la capacité du BRAVE PEUPLE de vaincre le mal d’où qu’il vienne. Nous traquerons ces drogués terroristes ou ces malades mentaux. Chaque Burkinabé doit coopérer avec les FSD.

    A NOS MARTYRS QU’ILS SE REPOSENT EN PAIX. QUE JUSTICE LEUR SOIT RENDUE.

    JUSTICE POUR NORBERT ZONGO
    JUSTICE POUR THOMAS SANKARA
    JUSTICE POUR SALIFOU NEBIE
    JUSTICE POUR DAVID OUEDRAOGO

    VICTOIRE TOUJOURS AU BRAVE PEUPLE
    VIVE LA DÉMOCRATIE AU FASO
    VIVE LE BRAVE PEUPLE BURKINABÉ

    QUE LE SEIGNEUR BÉNISSE LE BURKINA QUE NOUS AIMONS TOUS.AMEN
    PAIX ET SUCCÈS A TOUS LES BURKINABÉS en 2016. AMEN

    ACHILLE DE TAPSOBA

  • Le 25 janvier 2016 à 17:23, par lazare En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    EXCELLENT TOUT SIMPLEMENT

  • Le 25 janvier 2016 à 19:14, par tapsoba de balkuy En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    a chaque fois que vous intervenez pas grand chose a dire, objectivité, sans état d’âme et sans parti pris. il serait judicieux que beaucoup prennent exemple sur vous au lieu de verser leurs sentiments en premier et restent malheureusement aveuglés par ces derniers et donc plus d’objectivité. merci pour vos contributions très éducatives. vous comprenez sagement que dans un marché on ne peut pas demander aux vendeurs de beurre de karité de s’asseoir sous le soleil. où est la justice ? la sagesse et l’équité commandent un comportement juste a l’égard de tous ceux qui sont au marché pour leurs pitances quotidiennes. sans amour et sans haine-Tapsoba de Balkuy.

  • Le 26 janvier 2016 à 06:41, par Idrissa COULIBALY En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le Sofa Kiburna ne tombera pas.

    Contre la cynique malice méthamorphosée, beaucoup flanchèrent, et certains résistèrent, mais less échecs, les succès, la sueur et le sang d’octobre 2014 ont fortifié notre peuple courageux.
    Le Sofa Kiburna tanguera et tanguera encore mais ne tombera jamais.
    Idrissa COULIBALY

  • Le 26 janvier 2016 à 08:08, par Le Démocrate En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Bravo Doc et tous mes encoragements.
    Mais la mission de la Pharmacie Citoyenne n’est pas encore terminée. Il faudrait filmer et porter à la lumière les péripéties des jours d’exode du Peuple du Sofa Kiburna après la traversée du fleuve sacré, sur le sentier étroit qui longe la baie infestée de requins. Le Débarquement en terre hostile appelle du peuple Kiburnais une organisation intelligente pour contrer les ennemis d’où qu’ils viennent.
    Le Démocrate.

  • Le 26 janvier 2016 à 10:03 En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Bravo CHARLIE de OUAGA : on ne peut pas rire de tout, ON DOIT RIRE DE TOUT ! C’est une question d’hygiène et de santé mentale !

  • Le 26 janvier 2016 à 11:38, par Abraham DICKO En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Mr Sondé, la chose qui manque dans ton écrit est la vigilance contre la "Stigmatisation" des personnes ayant une peau rouge comme toi et des musulmans sunnite (Wahabites). Il s’agit notamment de la stigmatisation des Touaregs, Peuls aux oreilles rouges tels que les Djalobè, les Sondé, etc. Il faudra dénoncer l’amalgame qui est fait à ce niveau et il y a des gens du Sahel qui en souffrent actuellement, le reste l’histoire nous dira qui a tord ou raison l’essentiel est que l’Afrique puisse évoluer et être maître de son développement.

  • Le 26 janvier 2016 à 12:38, par Wendpanga En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Très bon diagnostique et belle description de la maladie. Toutefois, vu le mal il faut ajouter des spécialités comme la discipline, la citoyenneté, l’obéissance et d’autres spécialités que tu trouvera en écoutant les élèves dans les écoles et lycées, et avant de rentrer fais un tour dans les bureaux de l’administration. Demeures bénis.

  • Le 26 janvier 2016 à 13:34, par idrissa sonde En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    merci mn frere nous sommes un peuple vallaint nous y arriverons insah

  • Le 28 janvier 2016 à 10:23, par tata En réponse à : Les contes d’Issaka Sondé : Le peuple du Sofa Kiburna et la traversée du fleuve

    Le conte qui dianostique les maux de kiburna sofa et ressort les solutions pour que la nation prospère. très intéressant !!. Ensemble nous vaincrons car nous sommes des gagnants. aucune tentative de diviser le peuple ne saura prospérer au Kiburna. Amin

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