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Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

Publié le lundi 11 mai 2015 à 14h35min

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Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

Le 7 mai 2015, le peuple burkinabè, auditeurs, téléspectateurs et hommes des médias en particulier, a appris avec consternation la décision du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) suspendant « les émissions d’expression directe sur les radiodiffusions sonores et télévisuelles à l’exception des programmes portant sur la santé et ceux à caractère ludique, sentimental et culturel » pour « une durée de trois (03) mois à compter du jeudi 07 mai 2015 ».

Pour le CSC, cette décision fait suite à de « nombreux dérapages » dans « la conduite et le contenu desdites émissions malgré les actions pédagogiques entreprises à l’endroit des animateurs et du public ». Elle est « particulièrement motivée par le souci d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible de la vie de notre pays ».

L’AJB marque son étonnement et sa surprise face à cette décision qui intervient trois jours seulement après la commémoration de la Journée internationale de liberté de la presse.

Cette journée du 3 mai, faut-il le rappeler, a pour objectifs d’évaluer l’état de la liberté de la presse dans les différents pays, d’interpeler les différents gouvernements sur le respect de la liberté consacrée dans leurs lois et de rendre hommage aux journalistes assassinés dans l’exercice de leur fonction.

Dans sa déclaration à l’occasion du 3 mai, le Centre national de presse Norbert Zongo, dont l’AJB est partie prenante, a relevé qu’il n’y a pas d’embellie en matière de liberté de presse au Burkina Faso.
L’AJB nourrissait l’espoir que cette embellie viendrait avec le temps. Visiblement, le CSC, par cette décision, vient anéantir cet espoir légitime de l’ensemble de la presse burkinabè.
L’AJB relève le caractère paradoxal et liberticide de la mesure qui émane de l’instance de régulation censée « promouvoir la liberté d’expression et le droit à l’information » selon ses attributions. Cette décision survient dans un contexte marqué par une transition gouvernementale et politique.

Le peuple burkinabè considère que la liberté d’expression fait partie des conquêtes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Il estime légitimement que les émissions d’expression directe sont des moyens pour lui de participer à la vie démocratique et citoyenne.

Interdire ou suspendre ces espaces d’expression directe, c’est lui priver non seulement du droit à l’expression, mais aussi du droit de contribuer à l’orientation et aux décisions politiques le concernant. Du reste, l’enquête 2013-21014 sur l’état de la liberté de presse au Burkina Faso, diligentée par le Centre national de presse Norbert Zongo, indique que 32,14% de Burkinabè définissent comme critère de la manifestation de la liberté de presse, l’accessibilité des médias par les citoyens à travers notamment les émissions interactives.

Au regard du contexte dans lequel intervient cette décision et eu égard à l’importance que la population accorde à ses émissions, la décision du CSC est une atteinte grave à la liberté d’expression et de presse.

L’AJB s’était inquiétée des microprogrammes du CSC dans lesquels la population était invitée à ne pas croire aux médias et à vérifier elle-même l’information.
Visiblement, c’était pour convaincre l’opinion qu’il a entrepris des « actions pédagogiques à l’endroit des animateurs et du public » et une fois cette phase de sensibilisation terminée, il est passé à la répression.

L’AJB se rappelle aussi qu’en 1999, le même CSC avait interdit les émissions interactives similaires tels que « ça ne va pas », « Sondages démocratiques » et avait mobilisé la police pour faire appliquer cette décision. Le directeur de Horizon FM n’a dû son salut, à l’époque, qu’à son exil.

Certes, cette fois-ci, la décision n’est pas encore assortie d’usage de la contrainte policière, mais on est en droit de s’inquiéter au regard du caractère collectif de cette décision. Rien n’empêche de penser que le CSC, au motif « d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible », peut prendre un arrêté pour interdire tout débat en studio ou en plateau.

Au regard de ce qui suit, l’AJB dénonce cette atteinte grave à la liberté d’expression si chère aux journalistes et pour laquelle Norbert Zongo a donné sa vie.

L’AJB demande au CSC et à l’ensemble de ses conseillers de lever purement et simplement cette décision liberticide, impopulaire et inopportune.

L’AJB appelle les pouvoirs publics à la relecture des textes relatifs au CSC en vue de lui ôter ses compétences de suspendre les organes de presse et tout autre émission, pour les transférer à la justice.

Pour le Bureau

Le président
Guézouma Sanogo

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Vos commentaires

  • Le 11 mai 2015 à 15:10, par Tanga En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    CSC, tu as vu, relève vite cette suspension. Ceux qui interviennent en direct n’ont pas peur de dire leurs noms s’il le fallait. D’où vient alors votre inquiétude. OU bien vous êtes des anciens CDPistes aux commandes qui voudrait contribuer au sabotage la transition de cette manière. Sinon comment on peut couper l’arbre sur laquelle on est assis ? Un exemple s’il n’y avait pas eu la mobilisation à travers ces émissions sur l’affaire du RSP avec Zida que serait-il advenu ? Un peu de bon sens, vous savez bien que c’est le "peuple" autrement dit "le bas peuple" comme ils le disent eux-mêmes qui s’y défoule. Vouloir leur supprimer cet petit avantage qu’il a, est inconcevable ?

  • Le 11 mai 2015 à 16:13, par joul En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    je ne suis pas de la grande famille des communicateurs mais je suis choqué par cette décision de la par de la présidente bien que j’ai beaucoup de respect pour elle.
    mais si c’est ça régulé, mon grand-père peut laisser d’extraire son Bangui à moussodougou pour postuler à ce poste. c’est simple, il va suspendre toutes les émissions à risques et tout le monde sera content de lui et il sera décoré par le président et le premier ministre.
    si c’était dans le secteur privé on dira que tu as supprimé l’objet de ton contrat de travail d’où le contrat est rompu de plein droit.

  • Le 11 mai 2015 à 18:45, par DAO En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    Je valide : « Il serait préférable d’avoir des émissions d’expression directe (même à risque) sans CSC qu’un CSC sans émissions d’expression directe. » Issaka Luc Kourouma.

  • Le 11 mai 2015 à 18:48, par DAO En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    Je valide : « Il serait préférable d’avoir des émissions d’expression directe (même à risque) sans CSC qu’un CSC sans émissions d’expression directe. » Issaka Luc Kourouma
    Et dire qu’on peut avoir un CSC sans Nathalie SOME !

  • Le 11 mai 2015 à 18:51, par citoyen En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    vous les organisations des journalistes là restez-là à faire des déclaration et des déclaration, vous croyez que ce sont les déclarations qui font bouger les choses dans ce pays ???? vous avez la grande gueule pour défendre les autres mais on vous piétine sur votre terrain et vous êtes là avec de grands discours.

  • Le 11 mai 2015 à 19:36, par Dieudonné En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    et pourtant elle est bien fondé cette decision et elle y va de notre interet a tous. parmis les droits de l’homme la liberté d’expression est celle faisant partie des droits restricable. aussi vaut mieux limiter la liberté d’expression que guerrir les consequences qu’elle peut entrainer surtout en ce moment de bataille politique á l’acharnement. car avec ce que l’on attend jour et nuit sur ces emissions, on est pas loin de de se retouver avec des radios mille collines. SVP faisons attentions a nos revendications.

    Unité dans la diversité c’est le Faso qui gagne

  • Le 12 mai 2015 à 08:11, par Ancien En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    Devant cette levée de bouclier quasi générale contre cette décision du CSC, il parait risqué d’avoir un avis diffèrent. Pourtant un autre avis, favorable a la suspension (et non pas interdiction ) est bien possible.
    Il s’agit la de la suspension d’un type d’émission visiblement risquée, dans le contexte actuel, eu égard a son caractère : Auditeur qui appelle sans que l’on puisse l’identifier, et qui généralement dit ce qu’il veut, avant même que l’animateur ne puisse l’interrompre. Surtout que souvent on parle de choses qu’on ne maitrise pas. Or rien n’est plus dangereux que cela.
    Soyons responsable en mettant de cote les intérêts corporatiste pour ne voir que l’intérêt national. Le risque ici, ne se défini pas par rapport au CSC, mais par rapport a la stabilité de tout un peuple a un carrefour dangereux de son histoire. Une décision qui marque un recul de la démocratie ? Parfois , le recul aide a mieux avancer dans la construction des grandes œuvres. Surtout qu’il s’agit d’une suspension, et ce n’est pas la première fois que cela arrive par ici. Du reste , cette décision n’interdit pas les débats en direct, ni les expressions d’opinion dans les medias. Si vous avez quelque chose a dire ou a dénoncer, vous pouvez librement vous rendre dans un medias et l’exprimer en assumant . Ainsi , et le medias, et vous, êtes responsables en toute conscience. Mais prendre le risque de permettre a tout le monde, même ceux qui ne veulent pas assumer, de garder l’anonymat derrière son téléphone, pour dire des choses que seul le medias assumera parce qu’on ne retrouvera jamais celui qui a parlé, me semble trop grand comme risque a l’heure ou certains partis politiques sont déjà en "preguerre". Ne prenons pas a la légère cette décision.
    Il vaut mieux prévenir que guérir.

  • Le 12 mai 2015 à 08:23, par Abdou Karim En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    je ne souscris pas à ne telle déclaration ; nous les journalistes nous devons contribuer à éduquer , sensibiliser , à éclairer en donnant la parole à tous mais en les mettant devant leurs responsabilités .inspirons- vous des radios internationales notamment RFI on n’insulte pas, on ne menace pas de mort , on ne diffame pas gratuitement quelqu’un sous le couvert d’un faux nom et personne ne se plaint de ces émissions. ici au Faso au nom de la liberté d’expression on veut conduire notre société à la dérive. Non faisons attention.Ce pays nous voulons le préserver à nos enfants.Dans tout métier il y a des principes et des règles si on les bafoue on doit en toute responsabilité recadrer les choses . cette décision va à mon sens amener les uns et les autres à une introspection pour repartir du bon pied bien que je sois journaliste j’invite le CSC à rester ferme pour justement servir cette liberté qu’on croit défendre

  • Le 12 mai 2015 à 08:28, par vérité En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    en milieu moaga on dit que lorsqu’on salit ton nom au marché on ne peut redorer son image en faisant le tour des concessions ça veut dire que lorsque sur une radio on te diffame on est touché à jamais faisons donc attention ceux qui fustige cette décision du CSC n’ont jamais été victime de l’irresponsabilité de certains intervenant sur les radios

  • Le 12 mai 2015 à 15:08 En réponse à : Suspension des émissions d’expression directe : L’AJB dénonce une mesure « paradoxale et liberticide »

    Mme Somé est une parente du terroir, je n’ai rien contre elle. Mais il faut le reconnaître, et tout le monde le sait, son appartenance politique au CDP témoigne son parcours, et a fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui. Et cette décision de suspendre ces émissions, on la voyait venir depuis un certain temps à travers ses sorties, et pour moi, ce n’est purement et simplement une décision politique délibérée. Elle a du pleurnicher et emballer tous les membres du CSC dans ses intentions cachées. Sinon, ces émissions ce n’est pas aujourd’hui qu’elles sont diffusées au Faso et rien ne sait jamais produit dans ce pays. Et vous croyez que si au cours de ces émissions la majorité des participants faisaient l’apologie du CDP et de l’ancien régime, ces émissions allaient être suspendues ? Je n’y pense pas. Alors qu’on arrête de vouloir berner les gens avec des arguments qui ne tiennent pas. Même au temps forts de la crise ces émissions ont continuée et le Burkina n’a pas explosé. Et le Burkina n’explosera pas.

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