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Festival Ciné Droit Libre : Pr Serge T. Balima et Dr Cyriaque Paré autour d’un panel sur le traitement de l’information

Publié le dimanche 8 juin 2014 à 23h50min

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Festival Ciné Droit Libre :  Pr Serge T. Balima et  Dr Cyriaque Paré autour d’un panel  sur le traitement de l’information

« Le droit à l’information et les contraintes dans le traitement de l’information du journaliste », tel était le thème qui a réuni autour d’un panel deux illustres hommes des médias burkinabè, Pr Serge Théophile BALIMA et Dr Cyriaque Paré, dans la salle de conférence du Petit Méliès, ce mercredi 04 juin 2014, à l’occasion de la dixième édition du Festival Ciné droit Libre.

Si la liberté à l’information est un droit fondamental pour tout individu, la liberté d’expression reste une quête perpétuelle pour les journalistes dans le monde et au Burkina Faso en particulier. Toujours dans son franc-parler reconnu le Pr Serge Théophile Balima,, secondé de Dr Cyriaque Paré ont partagé avec les participants leurs riches expériences du domaine en tant que Professeur en communication et aussi ancien journaliste pour l’un et pour le second l’expérience du portail en ligne LeFaso.net, autour du thème « Le droit à l’information et les contraintes dans le traitement de l’information du journaliste ». Pr Balima a ainsi défini pour les festivaliers la fonction de journaliste, son rôle dans la société, le trio médias, pouvoir et justice et les contraintes rencontrées par les journalistes et surtout comment y faire face au vu des évolutions sociales d’aujourd’hui.

Selon le Pr Balima : « Le journalisme est un métier de déstabilisation sinon on n’est pas journaliste. Puisque vous passer votre temps a remettre en cause les choses qui ne sont pas normales. Donc on ne peut pas l’aimer quand on est au pouvoir car c’est un dérangeur. Tant que vous n’êtes pas impertinent vous ne pouvez pas être journaliste. C’est pourquoi je me demande plutôt est ce qu’il est possible d’être journaliste au Burkina Faso surtout quand on est fonctionnaire ? C’est là ou j’ai une réserve après de longues années de réflexion, je suis arrivé à la conclusion que l’on ne peut pas être fonctionnaire de l’Etat et exercer la profession de journalisme dans un organe public qui en réalité est un organe d’Etat. Par exemple vous travailler à Sidwaya, vous avez comme directeur de publication le ministre de tutelle donc du coup, vous ne pouvez pas bien faire un métier de journaliste. Parce que le journalisme est un métier de déstabilisation. C’est dans ce sens que c’est difficile d’être fonctionnaire de l’Etat et déranger cet Etat qui vous paie. Parce que c’est naïf de croire qu’un employeur n’a vraiment pas la moindre influence sur son employé. Surtout dans des contextes de démocratie approximative. Nous sommes encore à la recherche de repères démocratiques. Le contexte actuel nous le révèle assez suffisamment. Ce qui veut qu’en réalité les journalistes fonctionnaires en tout cas travaillent dans des contextes difficiles ou les contraintes sont d’ordres socio-politiques et d’ordre socio-administratif également. Sans oublier l’éternelle question de moyens qui ne sont plus adaptés à la réalité de la modernité des infrastructures. Les nouveaux médias imposent une mutation au niveau de la profession. Le journaliste était le seul informateur de la société, aujourd’hui il y a beaucoup de sources d’information  »

Pratique de la modération des forums des médias en ligne : l’expérience du Faso.net »

Comme pour étayer l’impact de l’évolution sociale avec l’arrivé des TIC entraînant de nouvelles productions et de nouvelles sources d’information, Dr Cyriaque Paré, fondateur du média en ligne LeFaso.net est revenu sur l’expérience précise en matière de gestion des forums de discussions de son organe de presse. Evalué à 40 000 le nombre de visiteurs quotidiens avec au minimum 500 nouveaux commentaires par jour, Dr Paré explique la gestion du forum et ses contraintes : «  En ce qui concerne le mode de gestion des forums sur Lefaso.net, trois personnes sont chargées principalement de ce travail. A l’occasion, elles peuvent être appuyées par d’autres collaborateurs. Le flux des messages est géré de façon anté chronologique, c’est-à-dire du message le plus récent au plus ancien. Ce qui fait qu’en cas de grand afflux, certains messages perdent la chance d’être gérés. En fonction de l’actualité, de l’intérêt d’un sujet particulier pour les lecteurs, nous pouvons décider de suivre un article. Quelques fois-même, en fonction du flot des commentaires et aussi du comportement des lecteurs (pas trop de virulence dans les propos) nous pouvons ouvrir les forums et les gérer a posteriori, en supprimant donc après coup les commentaires inappropriés. Du fait de la nécessité de la modération a priori qui prescrite par le CSC, il faut lire les messages avant de les valider, il y a parfois un décalage entre la publication et la validation de certains messages et surtout, une partie non négligeable des contributions se retrouve de fait censurée par manque de temps pour les lire. Et régulièrement, ces messages sont purgés du site sans jamais avoir été lus, entraînant une censure de fait qui peut concerner des messages qui n’ont rien de diffamatoire. Ainsi, entre le 1er janvier et le 31 mars 2014, plus de 13800 ont été purgés, c’est-à-dire supprimés du site sans avoir été lus ! Bien entendu, la gestion des forums sur Lefaso.net est diversement appréciée. Il y a les interpellations du CSC : nous l’avons été plusieurs fois et la dernière remonte à février. Il y a les interpellations des groupes politiques dont chacun nous accuse de travailler pour son adversaire. Et nous sommes rassurés de savoir que personne n’est content de nous ! Il y a les interpellations quotidiennes des internautes, dans les forums ou par mails. Généralement dans ces interpellations, il y a ceux qui nous accusent de censure : allant jusqu’à affirmer que nous soumettons d’abord les commentaires aux autorités politiques (voir que nous les envoyons d’abord à Kosyam) avant de les valider après approbation de ces autorités ; Il y a ceux qui nous couvrent d’injures (y compris nos géniteurs) parce qu’ils estiment que nous censurons excessivement leurs commentaires ; il y a ceux qui supplient de laisser passer les commentaires, pensant attendrir les modérateurs sur leur cas. Il y a bien sûr ceux qui nous nous accusent de laxisme ou même de complicité dans la diffusion de propos diffamatoires en laissant passer des commentaires qui devraient être censurés de façon stricte. Ou encore de contribuer à l’exacerbation de la tension sociale en laissant les internautes s’exprimant n’importe comment. Ce qui, bien sûr, est une opinion contraire à ceux qui pensent que les forums ont un rôle cathartique, permettent aux citoyens de dire ce qu’ils ont sur le cœur et de déverser leur colère sur le Net plutôt que dans la rue. »

Les deux panélistes ont reconnu l’un l’autre que les nouveaux médias, les évolutions sociales, la démocratie boiteuse, la « vulnérabilité » du statut de journaliste rendent cette profession très contraignante et exigeante. C’est donc un bain de questions, preuve de l’intérêt des participants pour le thème qui a clôt le panel. Le programme du Festival Ciné Droit libre se poursuit cependant jusqu’au 07 juin 2014 avec une pléiade d’activité.

Balguissa Sawadogo (stagiaire)

LeFaso.net

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