LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Plaintes de rapatriés du Nahouri : "Le gouvernement ne fait rien pour nous"

Publié le mercredi 26 janvier 2005 à 07h11min

PARTAGER :                          

Le lundi 17 janvier dernier, l’Union burkinabè de lutte contre le VIH a procédé à la remise officielle de 10 tonnes de maïs aux rapatriés de Côte-d’Ivoire de la province du Nahouri. La cérémonie a eu lieu en présence des autorités provinciales, des bénéficiaires et de quelques représentants des donateurs.

Ce sont en tout 600 ménages de rapatriés dans les 5 départements de la province ainsi que de la Commune de Pô qui vont bénéficier de ce don. Parmi eux, de nombreuses femmes chefs de ménages dans la mesure où leurs époux sont soit repartis, soit restés dans l’enfer ivoirien. Malheureusement, des rapatriés venus de loin dans l’espoir de recevoir immédiatement les vivres ont été désillusionnés. Ils sont repartis chez eux les mains vides, car contrairement à leurs attentes et par rapport à ce qui leur avait été annoncé, le partage des vivres ne s’est pas fait ce 17 janvier. Qu’est-ce qui explique cela ?

Selon le directeur provincial de l’Action sociale du Nahouri, Poussy Kiemdé que nous avons rencontré dans la soirée, toutes les conditions n’étaient pas réunies pour procéder au partage immédiat des vivres aux intéressés. "Nous avons réussi à organiser les rapatriés en association. Même si de façon officielle ils n’ont pas encore leur récépissé, le processus suit son cours normal si bien qu’ils ont déjà des répondants au niveau de tous les départements et dans les villages.

C’est en collaboration avec eux que le partage se fera. Il y a également les premiers responsables des circonscriptions administratives, notamment les préfets qui seront associés. Le personnel de l’Action sociale sera lui aussi de la partie. En fait, une équipe se chargera de coordonner les choses à tous les niveaux", a relevé le directeur de l’Action sociale du Nahouri.

Par Nouffou ZONGA (Correspondant)


Nétépolo Yaguibou (président provisoire de l’association des rapatriés du Nahouri) : "100 sacs pour plus de 200 personnes"

A l’issue des entretiens qu’il a eus avec ses frères rapatriés mais aussi avec le directeur de l’Action sociale et son équipe à propos des vivres mis à leur disposition et dont le partage pose problème, nous avons rencontré M. Yaguibou pour en savoir davantage sur la cause de leur mécontentement.

"Franchement, mes frères d’infortune sont tous fiers de recevoir ces vivres. Mais au niveau du partage, il y a problème, car il y a 100 sacs pour plus de 200 personnes. Et nous avons recensé au moins 600 familles pour leur donner ces vivres. Ainsi, les rapatriés sont venus de plusieurs localités de la province.

Malheureusement, ils sont repartis chez eux les mains vides, parce que les donateurs , contrairement à ce qui avait été annoncé, sont arrivés tardivement à Pô. Ce qui a amené l’Action sociale qui a réceptionné les vivres, à différer le partage pour le lendemain. Mais les gens étant venus de loin, ils ont regretté cette situation et on dit qu’ils ne pourraient plus revenir une autre fois dans la mesure où ils étaient venus à pied à Pô, des femmes pour la plupart, chefs de ménages. Pour pallier à cette situation, nous avons jugé opportun de procéder au partage par village.

Les vivres seront acheminés chez chaque chef de village qui se chargera de convier les rapatriés au partage, surtout ceux de Songo et Kampala. Par ailleurs , nous pensons que donner un panier de poissons à un pauvre est bien. Mais lui apprendre à pêcher est encore mieux. Dieu merci, nous, nous savons pêcher mais nous n’avons pas de filet, de matériel pour aller en mer. C’est notre véritable problème. Si l’Etat avait pensé sérieusement à ce paramètre, ça aurait été mieux.

La semaine passée (ndlr : entretien réalisé le 17 janvier) j’ai reçu la visite de journalistes internationaux venus nous demander ce que notre gouvernement a pu faire pour nous. A ce sujet, je leur ai expliqué toute la situation. Si je dis que le gouvernement a fait quelque chose pour nous en ce qui concerne notre installation, j’ai menti. Ce n’est que des poignées de vivres que nous avons reçues à ce jour. C’est beaucoup certes, mais le gouvernement doit aller plus loin pour nous permettre de bien nous installer.

C’est probablement cela qui a conduit beaucoup parmi nous à retourner en Côte d’Ivoire. Car disent-ils, ils préfèrent aller y mourir que de rester chez eux à ne rien faire, devenant ainsi des nécessiteux attendant des dons qui n’arriveront peut-être pas. Donc l’objectif de notre association, c’est de faire en sorte que ceux qui sont restés au pays ne repartent plus en Côte d’Ivoire et que ceux qui sont repartis ou restés dans ce pays sachent que ça va mieux pour leurs compatriotes qui sont rentrés. Ce qui pourrait susciter leur retour au bercail. Car le problème de la Côte d’Ivoire demeure toujours..."

Propos recueillis par Nouffou ZONGA
Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique