LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Serge Paulin Ilboudo, arbitre fédéral : « L’arbitre a expulsé Abdoulaye Soulama parce qu’il estime que le gardien a annihilé une action de but »

Publié le dimanche 27 janvier 2013 à 17h19min

PARTAGER :                          
Serge Paulin Ilboudo, arbitre fédéral : « L’arbitre a expulsé Abdoulaye Soulama parce qu’il estime que le gardien a annihilé une action de but »

Vendredi 25 janvier 2013, les Etalons du Burkina face à l’équipe nationale d’Ethiopie tenaient le bon bout du match lorsqu’à la 59e minute le portier, Abdoulaye Soulama écope d’un carton rouge pour avoir pris la balle hors de la surface de réparation. Coup de tonnerre à Mbombela Stadium de Nelspruit où se déroulait la rencontre. Mais même réduits à 10 contre 11, les Etalons ont fait preuve de professionnalisme et d’abnégation en inscrivant 3 autres buts. Score final 4-0. Sujet à débat dans plusieurs groupes, cette expulsion est, peut-être, compréhensible même si elle a été une sanction très sévère pour le Onze national. Serge Paulin Ilboudo, ancien arbitre international jusqu’en 2011 et actuellement chargé de formation à la Commission centrale des arbitres du Burkina Faso, apporte dans cet entretien, ce qui pourrait être la raison principale de l’expulsion du portier burkinabè. Il évoque également le niveau de l’arbitrage à ces phases finales de la CAN.

Lefaso.net : Les équipes participantes à la CAN ont joué les 2e journées de la compétition. Comment appréciez-vous de façon générale l’arbitrage des différents matchs ?

Serge Paulin Ilboudo : Nous avons suivi les matchs de notre poule au stade, les autres, nous les avons regardés à la télévision. Dans l’ensemble, je trouve que les arbitres ont bien tenu leurs matchs. Les quelques erreurs que le public a notées sont les faits de l’imperfection humaine.

On a vu l’entraineur du Togo s’en prendre vertement à l’arbitre après le but togolais refusé contre la Côte d’Ivoire…

Il est normal que les entraineurs se plaignent parce que leur caractère partisan fait qu’ils n’arrivent pas à se départir de certaines considérations dans leur jugement. Mais il faut noter que c’est une équipe de 4 arbitres, avec des technologies de pointe, qui officient les matchs. Les marges d’erreur sont aussi notées. Sur cette action, seuls les acteurs que sont les arbitres, peuvent donner la base de leur décision.


Selon vous, quelle peut être l’explication que les arbitres de la partie pourraient donner ?

Pour rappel, l’action dont vous parlez, il s’agit d’un coup de pied de point communément appelé corner. Généralement, lorsqu’il y a un corner ou une rentrée de touche et au même moment il y a un remplacement, les arbitres demandent que le jeu s’arrête afin que le remplacement s’effectue entièrement. Si l’arbitre a arrêté le jeu pour autoriser le remplacement, il doit normalement ordonner la reprise du jeu. Mais si le Togo engage le jeu avant le coup de sifflet de l’arbitre, la balle doit être rejouée. Nous considérons donc que le ballon n’est pas en jeu puisque l’arbitre n’a pas autorisé le jeu. Voilà l’une des explications plausibles à la décision de l’arbitre.

Mais le jeu rapide est autorisé…

Oui ! Mais sur les coups francs et les corners pour peu que l’arbitre ne demande pas qu’on attende son autorisation.

Au cours du match Nigeria-Zambie, l’arbitre a accordé un penalty aux chipolopos. Pensez-vous que c’était vraiment justifié ?

La loi 12 dit que « essayer de faire un cloche-pied peut être sanctionné ». Pour le cas d’hier, le joueur a déséquilibré son adversaire en touchant à son pied d’appui. L’arbitre qui était donc à côté a suivi l’action et a sifflé.

Au cours du match Burkina-Ethiopie, deux actions ont retenu l’attention du public. Il s’agit de la touche en pleine surface de réparation et l’expulsion du gardien de buts burkinabè…

J’ai effectivement vu un maniement de la balle. L’arbitre n’était pas bien placé pour voir l’action mais l’arbitre de touche assistant l’a informé. De ma position, j’ai pu voir que la faute s’est produite à l’intérieur de la surface de réparation. Mais cette zone relève de la capacité seule de l’arbitre. Et pour que l’assistant l’avertisse, celui-ci doit d’abord s’assurer que l’arbitre central n’était pas à même voir. Cette hypothèse étant écartée, l’arbitre devait faire reprendre le jeu à l’endroit où la faute a été commise. C’était donc dans la surface de réparation. Mais le jeu n’a pas été normalement repris et le Burkina méritait le coup de pied de réparation si la faute sifflée était le maniement de la balle.

Quelle appréciation faites-vous du carton rouge du gardien des Etalons ?

La loi 12 indique encore que seul le gardien de buts est autorisé à jouer le ballon des mains mais uniquement dans sa surface de réparation. Pour l’action que j’ai suivie, le gardien est sorti de sa surface de réparation. L’action de but venant vers son camp, le gardien a pris le ballon en dehors de sa surface de réparation et atterri dans la surface. La balle ayant été prise hors de la surface, il y a coup franc direct. Concernant la sanction disciplinaire, l’arbitre a certainement estimé que Soulama a annihilé une action de but. S’il n’avait pas pris le ballon des mains, l’attaquant avait l’occasion de marquer un but. C’est cette explication qui pourrait justifier le carton rouge de Soulama.

Il y a aussi eu le contact physique avec Jonathan Pitroipa dans la surface de réparation…

Nous suivons les matchs depuis les gradins et notre champ visuel ne nous permet pas d’apprécier juste comme l’arbitre. Cela fait que notre appréciation est relative. Il a effectivement eu un contact avec Jonathan Pitroipa. Mais sur des actions précédentes, il y a eu comme une simulation du joueur pour obtenir des coups francs. L’arbitre a certainement estimé que le joueur a simulé pour bénéficier d’un pénalty.

Et le cas Florent Roamba…

La brutalité dont a été victime Florent Roamba de la part du joueur éthiopien s’est produite hors de portée de l’arbitre. Le 4e officiel aurait pu voir l’action. Je ne peux pas dire qu’il l’a vu mais peut-être les caméras ont enregistré cette action. Malheureusement ces genres d’action passent inaperçus dans plusieurs matchs.

Quelle appréciation faites-vous de l’ensemble des matchs qui se sont déjà joués ?

Les arbitres, jusqu’à présent, ont tiré leur épingle du jeu. Le groupe est constitué d’arbitres d’élite. Ils tiennent en tout ca bien les matchs. Je pense bien que les jeunes arbitres du Burkina suivent bien les matchs pour tirer l’essentiel pour leur carrière.

Avez-vous un regret de ne pas avoir un arbitre burkinabè à cette étape de la CAN ?

Par patriotisme, on souhaite toujours voir un arbitre burkinabè aux phases finales de la CAN. Mais la situation au Burkina est telle que la gestion des arbitres sur la liste FIFA n’est pas ce qu’elle aurait fallu être. La responsabilité se situe à tous les niveaux. Mais la commission centrale des arbitres travaille à réduire ces écarts. Je demande donc au public de ne pas s’attendre à voir dès l’année prochaine un Burkinabè en phase finale de CAN A. Puisque ceux que nous avons actuellement sont à leur début dans la compétition africaine et ils ont d’abord besoin de s’affirmer. Nous avons des arbitres assistants confirmés mais pour qu’ils soient bien notés, ils ont besoin d’accompagner des arbitres. Mais de part et d’autre, chacun y met du sien afin que nous puissions booster les arbitres burkinabè.

Jacques Théodore Balima

Lefaso.net

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Paris sportifs en Afrique : Tout comprendre