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COMMUNE URBAINE DE PAMA : Aucune trace des retombées financières des activités fauniques dans le budget ommunal

Publié le mercredi 11 juillet 2012 à 22h30min

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Pama, commune urbaine située a environ 325 kilomètres à l’Est de Ouagadougou, a la particularité d’être dans la zone la plus giboyeuse du Burkina Faso et où la pêche est aussi une activité-phare. Une situation avantageuse qui aurait pu permettre à cette localité d’être très enviée car la pratique de la chasse et de la pêche a haute échelle draîne de nombreux touristes. Malheureusement, sur le budget communal, il n’y a aucune trace des retombées financières de ces deux activités qui auraient dû être la locomotive qui tire Pama vers le haut.

Les trois quarts du territoire communal de Pama sont occupés par les réserves fauniques. Cela fait faisant de cette partie du Burkina Faso une zone de chasse par excellence. Concessionnaires de chasse et de nombreux touristes se bousculent dans cette partie du pays. L’exploitation de la faune devrait donc être l’activité-phare, qui générant le plus de ressources au profit du budget communal. Que nenni ! Le maire de la commune de Pama, Aimé Maxime Onadja, a du mal à cacher sa frustration : « Nulle part dans le budget communal, vous ne verrez apparaiîre la contribution de la faune sur le budget communal.

Et jusqu’à présent, il n’y a pas de transfert en ce qui concerne l’environnement au profit des communes de l’Est » fulmine-t-il Ailleurs, fait remarquer M. Onadja, dons les communes d’autres régions où se trouve l’or, elles bénéficient des retombées de l’exploitation de cette richesse, surtout en ce qui concerne les réalisations d’infrastructures à caractère social. « Au niveau de la région de l’Est, tout ce que la faune engendre comme retombées financières va directement au trésor public », explique le maire avant d’ajouter : « à chaque fois que vous posez le problème, on vous dit d’attendre parce que le transfert au profit de la commune n’est pas effectif ». Il existe, dans la région de l’Est, des comités villageois de gestion de la faune. Ces comités qui sont pourtant sous la tutelle de la commune ne reversent pas leur revenu au budget communal, mais plutôt à la Direction provinciale de l’environnement et du développement durable. Une situation qui, évidemment, n’est pas du goût du maire.

Changer la donne…

Et celui-ci affirme avoir engagé des pourparlers pour changer la donne. Dans cette dynamique, le maire Onadja plaide pour que le ministère des Finances, en collaboration avec la tutelle des communes, le ministère en charge de la Décentralisation en l’occurrence, travaille pour faire en sorte que les communes de l’Est, en général, puissent bénéficier d’un pourcentage sur les retombées financières générées par la faune. La chasse a été fermée depuis le 30 avril dernier au titre de l’année 2012 et le maire espère fortement que la situation changera d’ici la prochaine saison de chasse et bénéficiera ainsi d’un cumul de pourcentage. En attendant cette éventualité, tout ce que la commune a pu obtenir pour le budget communal, ce sont les taxes de nuitées dans les campements de chasse que l’autorité communale a demandé aux touristes et autres expatriés de payer.

Déjà dépourvue de retombées financières significatives liées à l’activité faunique, la commune de Pama rencontre aussi d’énormes difficultés pour le recouvrement des taxes générées par d’autres activités d’importance dans la localité. Il s’agit, par exemple, de la taxe poisson. Selon Maxime Onadja, ceux qui exercent l’activité de pêche ne respectent pas les normes en matière de pêche, mais en plus rechignent à payer la "taxe-poisson" qui est de 75 FCA par kilogramme de poisson. « Il y a eu un moment où grâce à la taxe-poisson, nous pouvions avoir environ 9 millions de FCFA. Mais ces derniers temps, nous n’enregistrons que 3 millions de FCFA », confie le maire. A cela s’ajoute la difficulté de recouvrir la taxe de stationnement des véhicules en partance ou en provenance du Bénin et du Togo, pama étant une zone frontalière de ces deux pays.

Et le premier responsable de la commune de dénoncer l’incivisme fiscal de ses concitoyens, qui, s’il n’existait pas, aurait pu gonfler davantage le budget communal qui est de 153 millions 980 mille 162 FCFA, (au titre de l’année2012) financé à 60% par l’Etat. L’une des difficultés de taille qui fait que la commune a une mauvaise réputation est l’insécurité, car la zone était classée zone rouge. Mais de l’avis du maire, cette image collée à la localité est désormais un mauvais souvenir car l’insécurité a considérablement baissé. Les différentes forces de sécurité ont travaillé efficacement à faire diminuer le danger à travers des patrouilles, selon le maire, arguant que de toutes les façons, l’insécurité zéro n’existe pas. Selon lui de janvier à mai 2012, aucun cas d’attaque n’a été signalé, fait rarissime dans cette zone. L’autre difficulté et non des moindres relevée par le maire est la communication avec ses administrés.

Ceux-ci ne comprennent pas toujours les enjeux du développement et les actions de développement pourtant menées à leur profit. Le maire cite le cas du foncier rural où des conflits sont souvent enregistrés, malgré des sensibilisations sur la sécurisation foncière. Il déplore le fait que des personnes continuent de cultiver sur les pistes à bétail.

Commune frontalière, pas mal d’atouts

La commune de Pama a une population estimée à 37 150 habitants repartis sur une superficie de 5 900 km2. Elle compte quatorze villages plus la ville de Pama, elle-même. Le conseil municipal est composé de 36 conseillers municipaux dont 13 femmes. Située dans une zone frontalière, la ville de Pama est à environ 43 km de la frontière du Bénin et à environ 50 km du Togo. Cette position géographique de la commune est vue par le maire comme un atout. Car, a-t-il expliqué, sans cette frontière, la commune n’allait pas profiter des taxes de douane. Les populations et les autorités locales des trois pays entretiennent de bonnes relations entres elles. A chaque fête nationale de chacun des deux pays, les trois communes de la province de la Kompienga, dont Pama, sont systématiquement invitées à participer aux festivités. Selon toujours le maire, les services techniques coopèrent aussi bien entre eux.

Il évoque notamment le cas d’une récente rencontre à Pama entre des agents de santé du Togo, du Bénin et du Burkina dans le cadre de la vaccination contre la poliomyélite dans les trois pays. L es échanges commerciaux se déroulent aussi aisément et permettent à chaque population de s’approvisionner chez l’autre en produits que l’on n’a pas forcément. Dans le cadre de l’intercommunalité, les trois parties envisagent de formaliser leur rencontres et leurs relations à travers un jumelage pour le bien de leurs populations qui, en réalité, n’ont pas de différences majeures, puisque c’est souvent les mêmes familles qui sont séparées juste par un fleuve. Si la commune de Pama tire profit de sa situation de zone frontalière, le maire n’oublie surtout pas l’accompagnement d’un partenaire privilégié de la commune : la-coopération allemande à travers le FICOD, le PDDC et le Fonds enfants.

« Ces trois services techniques de la coopération allemande nous aident respectivement dans la réalisation d’infrastructures, la formation et l’aide aux enfants en difficulté en leur accordant 45 bourses scolaires par an. « Et c’est grâce à cette coopération allemande qu’il y a des routes, les marchés, l’auberge du maire, l’abattoir, les pistes, etc. Si cette coopération n’existait pas, nous n’allions pas pouvoir réaliser toutes ces choses », a relevé Aimé Maxime Onadja. Cette coopération vient renforcer le partenariat déjà existant entre Pama et La Cluzat, localité française située dans les Alpes, à travers un jumelage établi depuis 1983. Les Français ont aidé la commune dans l’agriculture et dans la construction du Collège devenu lycée provincial.

De façon générale, celui qui préside aux destinées de la commune de Pama depuis 2000, estime que malgré toutes les difficultés rencontrées, la décentralisation est une bonne chose. Il souhaite cependant, que l’état tienne sa promesse en rendant effectif le transfert des compétences et des ressources pour des lendemains davantage meilleurs des communes burkinabè.

Gabriel SAMA


A l’issue d’une séance d’autoévaluation de la commune de Pama,
des personnes averties s’expriment

- Hadi Coulibaly, assistant technique au programme décentralisation développement communal, (PDDC), point focal de l’antenne de Fada :
« Tout notre accompagnement est axé sur le renforcement des capacités de la commune. Car, notre approche est de renforcer les capacités techniques des acteurs communaux, afin qu’ils puissent jouer leur rôle de prestataires de services envers les citoyens. Et la, nous avons un certain nombre de domaines. Nous avons le renforcement des capacités de l’administration, elle-même, qui est le centre nerveux au niveau de la commune pour les différentes prestations. Il s’agit des questions d’état civil, d’archivage, comment tenir les réunions, etc.

Le deuxième volet, c’est sur la maitrise d’ouvrage, c’est-à-dire comment élaborer le programme de développement, identifier des projets, monter ces projets, et es exécuter. En clair, il s’agit du processus de passation des marchés jusqu’à la réalisation et la gestion des infrastructures. A côté de cela, il y a le volet des ressources à travers un processus budgétaire, c’est-à-dire comment élaborer les budgets, comment exécuter et comment mobiliser les ressources. Tout ce travail est pour la satisfaction des besoins locaux et c’est cela le sens même de la décentralisation. L’auto-évaluation que nous nous avons faite pour Pama est un outil que nous avons conçu avec nos partenaires.

C’est pour apprécier les performances de la commune dans un certain nombre de domaines. Il y a l’organisation et le fonctionnement des organes, la planification, la participation, la prise en compte du genre, la mobilisation des ressources, la gestion administrative et financière. Dans tous ces domaines, nous avons élaboré des indicateurs de performances notés sur 100 points. Sur l’ensemble de ces indicateurs, la commune qui arrive à atteindre la note de 0 à 50 points a une mauvaise performance. De 50 à 59 points, cette commune a une performance faible. Entre 60 et 74 points, on peut dire que c’est une performance moyenne, de 75 a 85, la commune a une bonne performance et au-delà de 85, une très bonne performance. L’auto-évaluation ne concerne pas uniquement le maire et ses adjoints. Sont associés la société civile, partenaire directe de la commune, les services techniques déconcentrés, le personnel communal, le conseil communal ».

- Bibata Sangli, secrétaire générale de la coordination provinciale des femmes de Pama :
« Beaucoup de choses ont été faites au profit des femmes depuis qu’il y a un maire à Pama. Nous avons régulièrement le soutien de la commune par rapport à nos activités du 8 mars. Nous avons été soutenues par la commune dans l’implantation des plates-formes multifonctionnelles de lutte contre la pauvreté dans les villages. Bien des fois, quand il y a des cadres de concertation, les femmes ont toujours été invitées à ces différentes rencontres. Nous travaillons en étroite collaboration avec la mairie et le maire se déplace souvent à la maison de la femme pour voir ce que nous faisons pour la promotion de la femme. A Pama, il y a un manque de projets pour accompagner les femmes. Nous sommes en train d’élaborer un microprojet pour implanter un restaurant à la Maison de la femme.

Nous avons une certaine somme, récoltée sur fonds propres et nous nous sommes déjà entretenues avec le maire pour solliciter le manquant et pouvoir mettre à jour cette activité. C’est vrai que nous avons ouvert un centre de formation à la couture à la Maison de la femme, mais aujourd’hui, le nombre des apprenantes dépasse celui des machines. Nous avons, en effet, cinq machines pour vingt-cinq (25) jeunes filles en formation. Certaines peuvent passer deux ou trois jours sans toucher à une machine. Voilà pourquoi nous sommes en train de taper encore à la porte de la commune afin que cela aboutira que nous puissions être aidées en machine pour améliorer la formation des filles. Et nous avons espoir. »

- Richard Azagba, coordonnateur de la société civile à Pama :
« L’évaluation de l’action de la commune a donné une estimation de 53,25%. A mon avis, ce taux reflète la réalité. En tant que coordonnateur des organisations de la société civile, je trouve que l’autoévaluation est un exercice qu’il faut répéter, pour permettre à la commune d’aller plus de l’avant et que chacun se sente concerné par le développement de cette localité. Cela rentre en droite ligne de la recommandation selon laquelle, il faut instaurer un dialogue direct entre le conseil municipal et la population pour que chacun sache ce que la commune abat comme travail et pour que l’instance dirigeante de la commune soit aussi au parfum des préoccupations de ses administrés.

Les 53% correspondent à tout ce qui se mène dans la commune, de l’accueil des usagers à la gestion administrative et financière, etc. C’est vrai que ce taux est considéré comme une faible performance, mais c’est un chiffre qui interpelle à tendre vers la performance. Nous de la société civile, sommes davantage interpellés et nous allons nous impliquer beaucoup plus pour que la population se sente concernée par son développement tout en attirant l’attention du maire par-ci, par-là, afin de tendre vers la perfection ».

Propos recueillis par Gabriel SAMA

Sidwaya

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