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COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

Publié le jeudi 14 juin 2012 à 03h55min

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A la faveur de la communalisation intégrale, le village de Lâ-Toden a été érigé en chef-lieu de commune rurale. Depuis lors, les fils et filles des 16 villages de la commune s’organisent pour le développement de la localité. Mais les actions de développement, a-t-on appris à l’occasion d’une tournée dans la localité, les 27 et 28 avril 2012, se déroulent sous fond de la persistance des pesanteurs socioculturelles.

Quand on parle de la commune rurale de Lâ-Tonden, située à 132 km de Ouagadougou et à 25 km de Yako, chef-lieu de la province du Passoré, il faut compter avec ses 31 252 hommes et femmes vivant dans 16 villages. Le hic, c’est que les habitants, notamment ceux du chef-lieu de la circonscription administrative, Lâ-Toden, ne parlent pas le même langage. Ils vivent divisés par deux hommes qui revendiquent la chefferie de Lâ-Toden, Naaba Tigré et Naaba Zoudou. A entendre le bourgmestre de la commune, Yaya Djiguemdé, le premier a été intronisé en 2005 par sa Majesté le roi de Yako et le second s’est fait introniser six mois plus tard.

Il confie que le bicéphalisme du village a considérablement affecté les activités du conseil municipal dans la mesure où l’un des deux camps considérant qu’il est de conivence avec l’autre, lui complique la tâche. « Il y a une partie qui s’est organisée en avançant qu’il faut chasser le maire », dit-il. Et d’ajouter que des jeunes manipulés ont entamé des mouvements de protestation en vue de faire échec à des projets, parmi lesquels la construction des boutiques. Insuffisant pour briser son moral, souffle t-il, en soulignant qu’il a été contraint de construire les maisons de commerce sur un autre site. Les premiers magasins érigés dans le sillage du marché de Lâ-Toden sont une dizaine. Ils sont tous occupés par des particuliers qui les louent à hauteur de 6 000 F CFA. Des gérants signalent ? : ?« Ça marche un peu un peu ».

Sont de ceux-là, Kadidia Korbéogo, gérante d’une photocopieuse, qui avoue qu’elle peut gagner 1600 à 2000 F CFA les jours ordinaires et 4 000 à 4 500 F CFA les jours de marché. Elle indique qu’initialement installée dans une maisonnette, elle a démenagé dans la boutique où elle travaille à l’aide d’un groupe électrogène. Raison pour laquelle, elle invite le conseil municipal à électrifier l’ensemble des magasins. Même son de cloche chez Bintou Rabo qui affirme qu’avec l’électricité, elle pourra vendre la nuit.

« Que les projets soient bien repartis »

En plus, fait savoir le secrétaire général de la mairie, Boureïma Ouédraogo, le conseil a construit un marché à bétail à 6 millions de F CFA. A cela, s’ajoutent la construction et la réhabilitation de 32 forages avec le concours de l’Etat et du Programme national de gestion des terroirs (PNGT2) avant de citer l’aménagement de sites maraîchers dans les localités de Bissiga, de Kollo et de Lâ-Toden. De même, M. Ouédraogo évoque la construction d’infrastructures scolaires, parmi lesquelles, des bâtiments à trois classes à Sougbini, à Lâ-Toden "A" et à Nimpouy. Ce dernier hameau compte 180 élèves avec trois enseignants qui pratiquent le système de classe multigrade. Le directeur adjoint de l’école primaire, Kouka Kouanda, signale ? : ?« Dans le temps, les élèves se rendaient à Baribsi, une localité située à six kilomètres.

Maintenant que le village dispose d’une école, beaucoup d’enfants ont été scolarisés ». Outre ces infrastructures, le conseil a fait sortir de terre des latrines publiques et une maternité au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). L’Infirmier-chef de poste (ICP), Boureïma Belem, atteste que la maternité n’est pas encore fonctionnelle, car les travaux ne sont pas achevés : « Nous avons fait une visite ?guidée et constaté que les lavabos sont défectueux et la salle d’accouchement ne répond pas aux normes. Il faut qu’une partie de la salle soit carrelée. Il faut une issue d’évacuation des eaux ». Il signale qu’il a saisi la mairie qui a fait comprendre que l’entrepreneur va faire des réfections, mais depuis lors, rien. « Présentement, je suis en train de poursuivre le technicien qui a promis de faire les réaménagements », confesse le bourgmestre, Yaya Djiguemdé.

Il soutient que toutes les insuffisances relevées par l’ICP, après réception de la maternité, ne figuraient pas dans l’élaboration du projet. Il finit par avancer que la municipalité n’a pas les moyens pour faire face à tous les besoins de la population. Qu’à cela ne tienne, des conseillers municipaux du Rassemblement démocratique des masses (RDM) ne cessent de revendiquer « que les projets soient bien repartis ». De l’avis du leader des conseillers de RDM, Fréderic Nanéma, le maire et le secrétaire général de la mairie s’opposent à la réalisation d’infrastructures dans leur localité ? : ?« Je pense que c’est parce que nous sommes de l’opposition qu’il ne veut pas investir chez nous. Il préfère investir à Loungo et à Lâ-Toden ?où de nombreux forages ont déjà été réalisés et réhabilités.

On aurait pu affecter ces forages dans les localités qui n’en disposent pas ». Le maire nie tout en bloc : ?« Ils ne peuvent pas le dire. Il n’y a pas ce village qui n’a pas bénéficié de réalisations. On a réhabilité ou construit un forage dans chaque village ». Il confie qu’une école a été réalisée à Veh, dans le village de M. Nanema, sous son mandat. Il renchérit que toutes les actions posées sont inspirées du Plan communal de développement (PCD).

Le regret des citoyens

Le maire note que les partenaires techniques, parmi lesquels l’Etat, l’Organisation catholique pour le développement de la solidarité (OCADES), le Programme national de gestion des terroirs (PNGT2), Action micro-barrage (AMB), l’UNICEF, l’Eau vive-Burkina, l’Association pour la promotion de la femme, n’interviennent pas sans effectuer des études de terrain. Il précise que les financements de ces structures sont conditionnés par des critères, parmi lesquels, le nombre d’habitants de la zone cible.

Il révèle que les structures d’appui préfèrent investir dans un hameau de 1000 âmes qu’à un autre de 125. Selon lui, tous les conseillers sont ses frères, y compris ceux de l’opposition, et c’est ensemble, pendant les conseils, qu’ils prennent les décisions. Abondant dans le même sens, le secrétaire général de la mairie, Boureïma Ouédraogo, déclare qu’il ne sent pas de clivages entre les élus locaux pendant les rencontres. Le conseiller du RDM, Fréderic Nanéma, le confirme : « Il y a de l’entente pendant les sessions du conseil ». Le gardien des fétiches du Mogho Naaba, chef de Tensoka, Naaba Kom dit Michel, affirme qu’il assiste aussi souvent aux rencontres avec ses notables. Comme lui, d’autres chefs sont invités, surtout pendant le vote du budget, mentionne le secrétaire général de la mairie.

La responsabilité du maire est relevée dans un autre fait, celui du lotissement. Mady Kafando reconnaît que le village a été loti avant l’élection de M. Djiguemdé, mais il laisse entendre que celui-ci a procédé à la distribution de parcelles sans concertation aucune, de sorte que les jeunes à l’époque, n’ont rien obtenu. Le maire rétorque qu’il n’a jamais distribué de propriétés foncières à Lâ-Toden. Seulement, à son arrivée, il a remarqué que des attributaires ne connaissaient pas l’emplacement de leur terrain. D’où le fait qu’il ait institué une commission composée des services techniques du domaine de Yako, de la gendarmerie et de trois conseillers qui ont procédé à l’identification des parcelles. Résultats, 2 633 parcelles à usage d’habitation ont été dégagées et 2135 attribuées. Le maire fait comprendre qu’il attend que la mesure de suspension des lotissements soit levée pour attribuer le reste des parcelles, au nombre de 438.

Ce faisant, il évoque que les choses ne vont pas se passer comme avant où les résidents et les non-résidents déboursaient respectivement 2000 et 4000 F CFA pour obtenir une parcelle. Cette fois, poursuit-il, le conseil municipal a fixé les contributions à 15 000 pour les résidents et 25 000 F CFA pour les autres. M. Djiguemdé confesse qu’il est confronté à un problème de mentalité en faisant remarquer qu’à l’époque des identifications, des populations ne voulaient pas en entendre parler. Il dit que si certains le regrettent aujourd’hui, d’autres continuent de penser que le maire seul peut décider de tout et de rien.

Or le conseil municipal, lui-même, en souffre.
Le deuxième adjoint au maire, Kadidiata Ouédraogo, avance qu’une quinzaine de conseillers sont analphabètes. Ce qui, dit-elle, constitue un handicap, dans la mesure où il faut tout traduire en mooré. A cette difficulté, se greffent d’autres qu’énumère Boureïma Ouédraogo : l’insuffisance du personnel, sa faible qualification, l’insuffisance et l’inadaptation du matériel logistique. Pour venir à bout de ces préoccupations, il pense que dans la dynamique de transfert et de renforcement des compétences, ?la mairie a besoin d’un service de l’action sociale, d’un percepteur, d’un agent de bureau et d’un personnel formé.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)


Les origines du village selon le chef de terre de Lâ-Toden, Naaba Koom

« Notre ancêtre, Naaba Naasbiré, est venu de Ouagadougou. Peu de temps après, son épouse lui a donné un enfant et il a dit ?«  ?y a Lad Zinga ? », ce qui veut dire en langue mooré, c’est un ?lieu de rire. D’où le nom Lâ que porte encore le village. Par la suite, arriva son frère cadet, Naaba Nakiemdé, à qui il demanda de s’installer un peu plus loin. Mais les noms des deux hameaux dénommés Lâ allèrent changer avec la colonisation. Convoqués à Koudougou par les administrateurs coloniaux, les deux chefs répondirent qu’ils venaient de Lâ. L’administrateur cherchant un compromis ont voulu savoir s’ils résidaient dans le même quartier. Aussitôt après que chacun eût donné son quartier, l’autorité coloniale trancha que celui qui réside à Toden recevra désormais les correspondances au nom du village de Lâ –Toden et l’autre résidant à Titon au nom de Lâ- Titon ».

A.B.


Les attentes des populations

Bruno Kaboré, conseiller de Naaba Koom ? :
« Nous remercions le maire pour les chantiers réalisés. Nous lui demandons d’user de ses relations pour renforcer le nombre d’agents du CSPS. Ils sont peu nombreux et ils ont du pain sur la planche, car tous les habitants des villages voisins fréquentent le centre hospitalier ».

Boureïma Ouédraogo, Infirmier-chef de poste de Lâ-Toden :
« C’est la mission catholique qui a construit les bâtiments du CSPS dans les années 1946-1947. Ils sont dépassés, vétustes et exigüs. C’est pourquoi, nous souhaitons que des infrastructures adaptées soient construites puis électrifiées. Nous voulons que le CSPS bénéficie d’un branchement d’eau courante. De même que les conditions de travail des agents soient améliorées. Les agents de santé dorment dans des logements précaires, pour la plupart, construits en banco. Dans ma maison, par exemple, quand il pleut, je suis dans l’eau ».

Daouda Sawadogo, président du Comité villageois de développement (CVD) ? :
« Il faut reconnaître que le bilan est satisfaisant. Il y a eu la construction d’écoles, d’une maternité et des latrines publiques dans les différents services administratifs que dans tous les villages…On nous a dit qu’on allait former les CVD sur leur rôle et leur mission, mais depuis lors, rien. Je suis convaincu que si nous recevons la formation, nos capacités vont être renforcées ».

Tenongdo Kafando, conseiller municipal de Nimpouy ? :
« Nous avions des pompes défectueuses que la mairie a reparées. Nous voulons des pistes, des pompes et un barrage pour l’exploitation des cultures maraîchères ».

Inoussa Nabaloum, opérateur - géomètre :
« Le bilan du maire est négatif. Il n’explique pas au peuple ?les actions posées. Il agit seul. Je veux qu’il se rapproche du peuple, qu’il le consulte avant de réaliser les investissements ».

A.B.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2012 à 10:34, par Yéti En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

    Bonjour
    Votre article m’a intéressé parce que parlant de développement local.
    Je n’ai pas été satisfait qu’en voulant faire un rapide bilan du maire vous mettiez l’emphase sur les deux camps coutumiers sans parler plutôt de l’existence d’une opposition assez importante.Il faut négliger ces guéguerres de chefferie coutumière quand on parle de développement car ce n’est pas tous les chefs qui sont des développeurs.
    je trouve que le bilan de ce maire est bien satisfaisant et qu’il fait preuve de bonne gouvernance. Je peux me tromper mais dans les opinions recueillies il n’y a qu’une voix discordante du Géomètre qui est peut être non résidant car s’il est actif il serait désœuvré au village.
    Je ne comprends pas pourquoi vous parlez du CVD sans préciser de quel village car il s’agit du bilan de la Commune Rurale de La-toden.
    Pour l’historique du village je constate que vous avez réalisé une traduction approximative et qu’il y a des zones d’ombre. les deux noms Toden et Tidon viennent d’où. Est ce les noms des deux émissaires ou de quartiers ?
    Merci en tout d’avoir fait cette ouverture sur le développement local et bon vent au Maire de La-Toden.

  • Le 14 juin 2012 à 11:52 En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

    pourquoi on ne parle que des communes qui sont situées entre 100 et 150km de ouagadougou. mes chers journalistes entrés au fond du burkina ( au Yagha par exemple) y’a des bon exemples là-bas

  • Le 14 juin 2012 à 15:03, par La toden biiga En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

    Mr le journaliste si on parle de la toden,parler des Korbeogo et de sankara.ce st des dignes fils et filles de la localité aussi.

    • Le 15 juin 2012 à 13:27, par Burkina beni En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

      Latodin biiga, vous êtes une honte pour notre pays.
      Ce sont vos expressions tribalistes qui créent les
      problèmes de cohabitations pacifiques.
      Selon vous les autres (mis à part les korbeogo et les sankara) les autres ne devraient pas se considerer comme fils et filles de lotodin. Vous etes etroit d’esprit car le BURKINA FASO, notre pays bien aimé est UN et INDIVISIBLE.
      Cessons les considerations mesquines, médiocres et tribalistes.

    • Le 28 juin 2012 à 15:50, par Nobga En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

      Il y a environ 47 noms de famille à La Todèn (presque la majorité des noms de famille mossi s’y trouve). Sans compter les villages éloignées relevant de la commune. Seulement les Korbéogo et les Sankara sont les dignes fils de La Todèn ? Tu te grattes...

      • Le 17 mars 2013 à 11:52, par akilas En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

        merci aux journalistes qui nous ont parlé de Là-Toden. voilà que bcp ont pu réagir. quant aux zones d’ombres, il nous apprtient à nous, fils et/filles ou sympathisants de ce village mythiques de faire des enqêtes et de fouiller sans complaisance et sans esprit partisant et tribaliste pour éclairer les consciences et travailler main dans la main pour le progrès de Là qu’on l’appelle Là-Yaogê ou Lâ-Todê ou Là...Et je salue nos esclaves les Samo qui ont été les premiers a occupé la région de Là (et qui selon leurs dires auraient donné le nom Là au village en langue samo et non en mooré) et que nos ancêtres ont flatés avec une calebassée de Zom-koom pour qu’ils émigrent vers Yaba (juste pour plaisanter. il faut signaler que le Capitaine Charles Kaboré des Etalons est un originaire de Là de la famille du chef de Tensùka (arrière petit-fils du Moogho Naaba, mais vit à Bobo avec ses parents.paix et boneheur à mon village bien-aimé, Là.

      • Le 17 mars 2013 à 11:58, par akilas En réponse à : COMMUNE RURALE DE LÂ-TONDEN : Guéguerre autour des projets

        Wi bien dit.vive la maturité d’esprit et l’intégration

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