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Eliminatoires CAN Junior : les ETALONS disent adieu à Bénin 2005

Publié le lundi 25 octobre 2004 à 07h17min

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En concédant la victoire aux Nigérians à Ibadan (2-0), on savait que les Etalons avaient déjà accusé un grand retard sur le temps de passage idéal à la qualification pour Bénin 2005. Mais de là à voir cette qualification prendre des allures de col himalayen, personne n’osait y croire.

Et pourtant, les Flying Eagles sont venus s’imposer de nouveau face aux Etalons (3-2). L’attitude du public à la pause et à la fin du match traduisait tout son ras-le-bol face à une équipe burkinabè qui a complètement déjoué.

Si les grandes équipes sont celles qui gagnent les matchs qu’elles mériteraient de perdre, alors les Flying Eagles sont déjà au sommet. Face aux Nigérians, l’on s’attendait à ce que notre équipe nationale junior gagne, ne serait-ce que pour l’honneur. Elle en a été incapable. En l’emportant (3-2) au stade du 4 août, les juniors nigérians ont autant confirmé leur extraordinaire force de frappe que la médiocrité étouffante des Burkinabè. Si la thèse de la reconstruction pourra être retenue à de nombreux titres, et notamment pour quelques imperfections en passant, elle ne pourra jamais servir à justifier cette défaite honteuse à domicile.

On aurait aimé écrire ici que les Etalons ont tout tenté, qu’ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes mais que ce ne fut pas assez. Sauf que le meilleur de Florent, de Abdramane, de Banao, de Balima, de Al Fousseini, de Jacob, de Souleymane Coulibaly, on l’a déjà vu. C’est infiniment autre chose que ce que l’on a vu samedi soir. Dans le jeu des Etalons, tout sentait la trouille, le manque de confiance, comme toutes ces passes manquées parce qu’accompagnées soit trop de sécurité, soit trop de risques, mais jamais dans le bon tempo.

Catastrophique

Le plus difficile à admettre, c’est cette incapacité à relever le défi, à mettre le pied dans les duels, à défendre pour l’autre, à mettre de l’intensité dans le match. Les Etalons juniors étaient déserts par un véritable élan collectif. Une équipe reste onze joueurs qui font des efforts ensemble, ou ce n’est pas une équipe. Samedi dernier, les Etalons juniors ne furent pas toujours une équipe car seuls Abdul Aziz Nikièma, Yahia Kébé et Hugues Wilfried Dah faisaient des efforts.

On les rêvait agressifs, compensant en détermination tout ce qu’ils n’avaient pas en jeu collectif et on ne les a pas vus gagner un duel, ou presque. On a vu un premier rideau défensif en dentelles, quand on rêvait de barbelés. Les juniors burkinabé quand ils avaient souvent le ballon, avaient de la peine à se montrer géniaux ou inventifs exception faite de Aziz et dans les moindres proportions Kébé. Le Nigeria fut une machine trop infernale pour cette équipe nationale junior burkinabè ravagé par ses doutes et ses poisses.

Les Flying Eagles plus forts

Mis en garde sur l’intense rayonnement du milieu nigérian, les Burkinabè tentèrent d’afficher d’emblée une certaine densité physique pour annihiler la capacité des Flying Eagles à conserver le ballon. Sauf qu’un projet si ambitieux n’était pas sur la durée, dans les cordes de cette équipe nationale junior burkinabè. Tellement sûre de ses forces, l’équipe de Samson Siasia poussa mécaniquement et diaboliquement les Etalons juniors à perdre le ballon en les forçant à jouer trop vite.

Après quinze minutes, l’emprise des Nigérians commença à prendre corps. La première frayeur fut cette longue balle balancée dans le dos de la défense. Isaac Promise prend le meilleur sur Al Fousseini et place le cuir à côté (14e). La minute suivante c’est Salomon David qui fit se dresser les cheveux burkinabè avant que Salomon Okonokwo ne fasse son show avant de shooter au-dessus de la transversale de Banao (16e). Contre toute attente, c’est Yahia Kébé qui ouvrira le score pour les nôtres (39e). Jamais dans la partie, les Burkinabè n’avaient été si proche de la qualification.

Mais ces espoirs s’effriteront très tôt quand les poulains du duo Sidiki-Sap étaleront le spectacle de leur médiocrité permettant à Daddy Bazuayé d’égaliser (43e). Kébé, encore lui, donnera de l’avance au score pour les Burkinabè (82e). Mais il était écrit que les Etalons juniors ne gagneront pas cette manche. Sur un corner, Banao s’éleva. Mais dans les airs, ce fut comme si ses mains se refusaient subitement à se saisir du ballon. Une toile que Isaac Promise fit fructifier en but égalisateur (87e). Le pire en fait était à venir.

Le pire, ce fut la suite, cette absence d’orgueil des Etalons juniors, cette confiance en lambeaux. Ce qui permit aux Flying Eagles d’accroître cyniquement leur domination territoriale et de rappeler aux jeunes Etalons que c’est en anglais qu’on dit le mieux "the end". Taye Taïwo d’un superbe coup-franc (90e+3) offrit le but de la victoire aux siens et mettait fin au supplice des Burkinabè. Au stade du 4-Août, tout n’était plus qu’écœurement. Le Burkina Faso laissait ainsi le Nigeria poursuivre sa randonnée vers Bénin 2005. Un rendez-vous où toute la nation burkinabè rêvait d’y être. Un rendez-vous qui ne restera dommage que dans le domaine du rêve. L’exploit de leurs prédécesseurs ne sera pas renouvelé.

Toute une génération dit ainsi adieu à l’idée de disputer une CAN junior. Mais là n’est pas le problème. Ce qui est dramatique, c’est qu’avec le spectacle désolant que les enfants nous ont laissé voir, l’on est en droit de s’inquiéter quand on sait que c’est eux la relève des seniors demain. Mais nous osons croire que Jacques et Piouhiri et leurs cadets feront oublier le cuisant échec des juniors. En tout cas, les regards sont maintenant tournés vers eux.

Béranger ILBOUDO (berengeril@yahoo.fr)
Sidwaya

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