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MEDIAS : Au secours, « Radio Jeunesse » se meurt !

Publié le jeudi 5 avril 2012 à 00h55min

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Créée en 2004, dans le sillage de l’organisation du 10e sommet de la francophonie, tenu à Ouagadougou, Radio jeunesse était promise à un bel avenir. Cette radio à vocation essentiellement éducative, dédiée à la jeunesse, a connu des moments de gloire lui ayant même valu des lauriers au plan international. Ce fut, par exemple, le cas en 2007 avec le prix international de la qualité, dénommé ERA Ewards, reçu à Genève. Aujourd’hui, la radio traverse une zone de haute turbulence, avec, à la clé, un personnel végétant dans une galère indicible. Elle risque de fermer si rien n’est fait dans les meilleurs délais. Absence de salaires, personnel sans statut, radio elle-même sans statut clair, matériel vétuste, tels sont les grands traits du visage que présente cette radio en ce moment. Comment en est-on arrivé là ?

Née d’une convention signée le 2 octobre 2004 entre l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et l’Etat burkinabè, Radio jeunesse avait été voulue, en cette veille de sommet, pour apporter un plus à la couverture médiatique de cette grand-messe de la francophonie, tenue dans la capitale burkinabè cette année-là. Ainsi, elle était prévue juste pour la durée du sommet. Après celui-ci, la radio devrait être fermée et le matériel rétrocédé à l’Etat burkinabè. Mais à la fin du sommet, les choses se sont passées autrement. La radio a été maintenue, parce qu’on a jugé finalement qu’elle pouvait être un puissant outil de promotion de la francophonie et de ses valeurs au Burkina Faso. C’était, du moins, la conviction des premiers responsables de la Commission nationale pour la francophonie d’alors.

La radio réussira à se faire une place dans le paysage médiatique burkinabè, grâce notamment à une subvention de la Coopération suisse. Cette manne financière permettait à la radio de fonctionner. Elle couvrait les frais de fonctionnement et le salaire des agents, tous pigistes. En 2007, à la faveur des mutations institutionnelles au niveau national, la radio passe de la tutelle du ministère en charge des Affaires étrangères à celle du ministère de la Culture. Alors commencent les problèmes. Plus de paie pour les agents. Fini aussi l’entretien du matériel qui ne tardera pas à prendre un coup de « vieux ». Cette situation va provoquer l’hémorragie des agents. Plusieurs d’entre eux iront faire valoir leur savoir-faire ailleurs.

En 2009, le ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication d’alors, Fillipe Savadogo, décide de donner un autre visage à cette radio. Désormais, des agents publics issus de l’Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC) y sont affectés. Un directeur est nommé à la tête de la radio. Mais le hic, c’est que les anciens agents, ceux qui ont fait les beaux jours de la radio, sont mis à la touche. En plus de la non-rémunération, ils sont marginalisés au profit des agents de l’Etat. En 2011, la Commission nationale pour la francophonie est de nouveau rattachée à son ancien ministère de tutelle, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale.

Les agents de l’Etat retournent à leur ministère d’origine, laissant la radio aux mains de quelques agents bénévoles. Sans ressources et avec un matériel poussif et décadent, c’est la croix et la bannière pour ces derniers. Ils en appellent à un sursaut bienveillant pour sauver leur outil de travail. Seront-ils entendus ? Affaire à suivre.

R .G

Le Reporter

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