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BOBO-DIOULASSO : Grandeurs et misères d’une ville culturelle

Publié le vendredi 30 mars 2012 à 02h51min

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Bobo-Dioulasso, capitale économique. Belle intention. Mais aujourd’hui, entre nous, Bobo-Dioulasso n’est pas la capitale économique du Burkina Faso. Ouagadougou a tout pris. Toutes les grandes manifestations, les grands marchés, les grandes entreprises se donnent rendez-vous à Ouagadougou. A moins qu’on ne fasse autre chose pour revoir cet état de chose, c’est se mettre le doigt dans l’œil que de continuer à dire qu’il y a deux capitales différentes au Burkina. En attendant qu’on rétablisse Bobo dans ses droits, il ne lui reste que la culture. Chaque deux ans, son nom apparaît sur les écrans de télé grâce à la Semaine nationale de la culture (SNC). Un rendez-vous de la culture du Faso qui fait de Bobo-Dioulasso une ville culturelle. C’est donc l’un des rares trésors dont dispose maintenant la ville. Mais quel trésor !

La SNC, il faut le dire, traîne les pieds comme un clochard. Après 15 éditions, elle peine toujours à trouver les moyens de sa politique. Les artistes sont logés comme des sinistrés dans des écoles, les lauréats sont d’illustres inconnus. Bref, la peau de la SNC n’est pas luisante. Et elle est un miroir qui reflète d’ailleurs l’image même de ce qu’on fait de notre culture au Burkina Faso. Je prends juste l’exemple de la musique. Comment pouvez-vous comprendre que des artistes apprennent leur métier dans des cabarets, comme le disent les jeunes de Bolmakoté, alors que le 21e siècle offre tant d’opportunités pour améliorer les systèmes d’apprentissage ? Pour que Bobo-Dioulasso, après avoir raté sa vocation de capitale économique, n’échoue pas à la session de rattrapage qui fera d’elle une capitale culturelle, il y a beaucoup de choses à faire. La cité de Guimbi Ouattara est un grenier de musiciens et de grandes troupes de spectacles.

La plupart d’entre eux n’ont pas la chance de se faire connaître et de se promouvoir. Ceux qui ont pu s’en sortir sont célèbres à l’extérieur du pays mais des fantômes à l’intérieur. Il est donc temps qu’on leur offre des cadres d’expression et de valorisation. Prenons exemple sur les instituts français installés ici au Faso. Ils ont des programmes bien précis, étalés sur toute l’année et permettant aux artistes de s’exprimer. Pourquoi ce sont les Français qui vont venir valoriser notre culture à notre place ? Pourquoi n’y a-t-il que quelques structures privées qui offrent ces cadres d’expression à notre culture pendant que l’Etat est presqu’amorphe ? Le CENASA, c’est bien, mais il ne suffit pas de construire un bâtiment et de s’asseoir ensuite pour le regarder. Construisons d’autres CENASA et mettons en place des mécanismes qui permettront à nos artistes de passer toute l’année à s’exprimer et à vendre leurs talents.

C’est cela aussi qui fait grandir la culture. Je pense que les autorités burkinabè ont les moyens de donner ce souffle qui manque à la mise en valeur de notre culture. S’agissant de Bobo-Dioulasso, il faut en faire une plaque tournante de notre culture. Les studios d’enregistrement, les organisations de spectacles, les maisons de production, les salles de spectacles doivent y pousser comme des champignons, comme on l’a fait à Ouagadougou. Ensuite, pour ce qui concerne la SNC, qui doit être la lanterne qui éclairera la nouvelle voie de Bobo, qu’on construise par exemple un « Village de la SNC » pour abriter tout ce qui concernera l’activité, y compris les logements des participants à chaque édition. Cela ne fait vraiment pas design de parquer les artistes dans des écoles comme s’ils avaient été délogés de chez eux par un tsunami. Qu’une vie naisse après la SNC. Par exemple, pourquoi ne pas organiser une caravane des artistes lauréats qui sillonnera le Faso après l’activité ? C’est une idée parmi tant d’autres. La culture est une industrie. Il faudra la traiter comme telle.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 30 mars 2012 à 08:30, par Issa En réponse à : BOBO-DIOULASSO : Grandeurs et misères d’une ville culturelle

    Merci pour cette belle analyse. Mais on peut bien apprendre la musique dans les cabarêts. Ce n’ai pas interdit. C’est une école traditionnelle. Allez-y s’il vous plait en Ireland ou l’apprentissage et les premiers scènent se font dans le pub qui sont les cabarêt traditionnelles(les plus grands chanteurs de rock qui chantent en Anglais sont d’origines irlandaise et non Anglaise ou Americaine).
    En fait, comme vous le dites vous-même l’etat n’a pas les moyend de construire les centres et lieux d’apprentissage comme le CENASA et autre studios d’enrégistrements sans oublié le personels qualifiés et non des debrouilleurs(c’est tout á leur honneur).
    Regrader la maison de de la culture de Bobo, qui vient d’être inauguré. Au debut du projet, le budget etait de 3 milliards et pendant le debut des construction avec le ministre de la culture Philipp Sawadogo, on est passé á 7 Milliards. Mais le milliard c’est le milliard, on ne peut pas doubler le budget du jour au lendemain. rien ne le justifi. la cour des compte devrait jetter un coup d’oeil

  • Le 30 mars 2012 à 11:14, par Mike7Stars En réponse à : BOBO-DIOULASSO : Grandeurs et misères d’une ville culturelle

    Après la fête du cinquantenaire, nous sommes à SNC. Bien pour faire admirer les nouvelles constructions de quartiers, de monuments et autres belles vues réalisés pendant le cinquantenaire ; le hic, c’est l’insécurité qui est installée partout dans la ville. En cinq (5) jours, presque tout autour de moi, les voisins se retrouvent le matin vidés de leurs biens précieux. Alors, on se demande ce que font la police et les autres "gardiens" de quiétude de la ville. Vivement la mairie et toutes les bonnes volontés sillonnent les nuits pour déloger ces malfrats. Ceci aiderait beaucoup à l’amélioration de toutes ces fêtes et cérémonies à Bobo Dioulasso. C’était un bemol en sus à ton écrit. et merci "Le Fou"

  • Le 30 mars 2012 à 16:55, par MILLOGO En réponse à : BOBO-DIOULASSO : Grandeurs et misères d’une ville culturelle

    Bobo n’est pas la capitale de la culture, c’est le parc des traditions et le village de notre folklore. Le problème chez nous c’est qu’on a fonctionnarisé tout et le fonctionnaire burkinabé est un analphabète des temps modernes. Il y a chaque année plus de 50000 manifestations culturelles d’envergure au niveau mondial. Nos responsables de la culture ne savent même pas ce qui se passe à la porte d’à côté. Il faut des responsables qui ont le génie culturel bien libéré qui peuvent aller chercher des subventions, des sponsors et de mécènes du monde entier. Effectivement des artistes burkinabé sont connus dehors et les responsables culturels du pays ne connaissent même pas leur nom. Bref, il faut des gens qui ont la prospection dans le sang à Bobo.
    Cependant, oui cependant, il est impossible de développer la culture dans une ville ou l’économie ne va pas. Certes on peut développer un économie culturelle mais elle se base tout d’abord sur des infrastructure marchandes et une industrie culturelle qui installent la culture.
    Plusieurs démarches peuvent être mises en place pour sortir de cette situation à Bobo.

    1 - Faire de la maison de la culture un centre de la promotion culturelle.
    2- relier les tours opérateurs touristiques aux activités culturelles de la ville en vendant des paquets intégrant manifestation culturelle et visites touristiques.
    3- relier la ville culturelle et la maison de la culture aux manifestions culturelles d’envergure que sont le Fespaco, le SIAO et le tour du Faso.
    4- relier la maison de la culture aux grandes manifestations culturelles internationales qui se déroulent à Paris, Londres, Toronto, Los Angeles.
    5-Participer aux appels à compétition au niveau international de création culturelle (il y en a au moins 500 par an)
    6-Relier l’aéroport de Bobo à l’international ou à tout le moins assurer la navette entre Bobo et Ouaga.

    Toutes ces propositions peuvent se faire sans une grande contribution des gouvernants en termes de finance.
    Le plus important, c’est d’engager des têtes vrais chasseurs de tête, comme on aime à le dire à Bobo. Il y a un temps pour les chasseurs de gibier et il y a un temps pour les chasseurs de Djinn (génie).
    Pour le développement de Bobo et du Burkina tout entier, il faut des chasseurs de djinn.
    De toutes les façons, si Bobo veut attendre que tout vienne d’ailleurs, alors encourageons Koudougou à faire mieux. Pourquoi pas Ouahigouya ou Banfora ou Dédougou.

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