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Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

Publié le jeudi 17 novembre 2011 à 00h33min

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Erigée en commune depuis 1979 et agrandie par la communalisation intégrale de 2006, Bankuy, nom authentique de la ville de Dédougou, peine de nos jours dans la conduite de son processus de développement. L’un des problèmes majeurs de la capitale de la Boucle du Mouhoun est le mauvais état de sa voirie. Les populations, face aux nombreux désagréments, n’attendent pas grand-chose de la municipalité. Les autorités compétentes, elles, tentent de justifier cette situation peu enviable pour le chef-lieu d’une région réputée « grenier du Burkina » de par son potentiel agricole.

En plus de 30 ans d’expérience communale, les Dédoulais n’ont jamais foulé le confort d’une rue bitumée. Il a fallu attendre 2008 pour voir arriver le bitumage de l’axe Bobo-Dédougou et encore plus récemment la nationale n°14 Koudougou-Dédougou toujours en chantier. L’état de la voirie ne s’est pas amélioré pour autant et ce, malgré la nouvelle approche du développement à la base. En 2004, en effet, le Burkina Faso a opté pour la communalisation intégrale. Deux années après, c’est-à-dire en 2006, les élections municipales concrétisaient cette orientation, en portant le nombre de communes de 49 à 351. Si avec cette politique du gouvernement, certaines communes sont parvenues à tirer leur épingle du jeu, d’autres, par contre, ont du mal à sortir la tête de l’eau.

C’est le cas de la commune de Dédougou qui souffre énormément du mauvais état de son réseau routier tant à l’intérieur de la cité qu’à l’extérieur. Avec la communalisation intégrale, le Conseil municipal qui comptait 21 conseillers en 1995 compte aujourd’hui 90. Affectueusement désignée par de jolies périphrases (la Cité de Bankuy ou encore « Capitale du grenier du Burkina »), Dédougou n’en reste pas moins l’une des 13 capitales régionales du pays qui n’a pas encore une voie digne de ce nom la reliant à Ouagadougou. Cette triste réalité a même conduit à la délocalisation de la célébration de la Journée internationale de la femme, initialement prévue pour le 8 mars 2010 dans cette ville.

Aussi, l’état du réseau routier de Dédougou a-t-il été l’une des préoccupations majeures lors des échanges directs entre les acteurs de la santé et leur ministre de tutelle lors de la tournée de celui-ci dans la région de la Boucle du Mouhoun le 19 août 2011. Si le problème d’enclavement sera résolu, en partie, avec la construction en cours de l’axe Dédougou-Koudougou, il y a que même à l’intérieur de la cité, voire à l’intérieur de la région, de nombreuses routes sont dans un état piteux. Par les nombreux accidents qu’elles occasionnent, ces routes endeuillent souvent des familles. Ce ne sont pas les usagers des axes Dédougou-Tougan, Dédougou-Nouna ou encore Dédougou-Solenzo qui diront le contraire.

Les autorités communales pointées du doigt

Une situation qui n’est pas sans conséquence pour le développement de la région. « Pour nous les commerçants, l’absence de routes carrossables à Dédougou est un véritable problème. En dehors de la voie Dédougou-Bobo-Dioulasso, l’axe Dédougou-Ouagadougou passant par Koudougou est impraticable, alors que la majorité de nos marchandises transitent par la capitale. La route étant un élément clé pour un commerçant, comment notre activité peut-elle émerger dans ces conditions ? », s’interroge Karim Diarra, commerçant de la cité de Bankuy. Les commerçants ne sont pas les seuls à s’inquiéter de l’état des routes.

Les acteurs de l’agriculture de la Boucle du Mouhoun souffrent aussi énormément du manque de voies de communication pour l’écoulement de leurs produits. L’absence des voies à Dédougou rime avec l’absence de canaux d’évacuation des eaux de pluie, d’où la stagnation des eaux de pluie dans les artères de la ville où pullulent les moustiques. Les habitants de certains quartiers quasi inaccessibles ont les pieds dans l’eau après chaque pluie. Mais à qui la faute, est-on tenté de se demander ? Face à un tel constat, les Dédoulais s’interrogent sur l’action du conseil municipal. Certains citoyens n’hésitent pas à pointer un doigt accusateur sur les autorités communales. « Au sujet des voies à Dédougou, c’est une catastrophe. Que ce soit en saison pluvieuse ou en saison sèche, c’est la galère que nous vivons.

En saison des pluies, à cause de l’absence de caniveaux, l’eau envahit les voies et même les concessions après toute pluie », déplore M. Sama, agent des télécommunications. Plus direct, Harouna Kindo, un autre habitant ajoute : « J’ai vu passer trois conseils municipaux, mais depuis ce temps jusqu’à l’heure où je vous parle, il n’y a pas eu de changements notables en ce qui concerne le réseau routier de Dédougou. Ce que nous pouvons noter sous le conseil municipal actuel, c’est uniquement le rechargement de la voie qui part du rond-point Nazi Boni jusqu’à la mairie ». Pour se défendre, le conseil communal évoque le manque de moyens financiers. L’ancien secrétaire général de la mairie, Issouf Ouattara précise que sur le budget de la mairie, seulement 20% sont consacrés aux investissements.

Selon lui, plus le budget de la commune est important, plus l’enveloppe allouée à l’investissement sera aussi consistante. « Mais avec la commune de Dédougou qui a un petit budget, vous comprenez aisément qu’il n’y ait pas suffisamment d’argent pour l’investissement, notamment pour les routes », a-t-il fait remarquer. La situation ne laisse pas indifférent le gouverneur de la région, Victor Dabiré. Il fait observer que malgré ses potentialités agricoles ajoutées à celles minières, la Boucle du Mouhoun est paradoxalement la troisième région la plus pauvre du pays. Et cela s’explique en partie par l’absence ou la mauvaise qualité des routes.

Mémoire en défense de la mairie

« L’écoulement des eaux pluviales est un désordre à Dédougou du fait du manque de caniveaux. On ne peut pas construire de caniveaux aussi tant que la route n’existe pas. Cela tient compte des paramètres », analyse Mien Bigué, chef des services techniques municipaux de Dédougou. Arrivé à la tête de la voirie municipale en 2007, M. Bigué relève qu’un « petit budget » est annuellement consacré à la voirie. Un budget tellement « maigre » qu’il est difficile de respecter le processus d’appel d’offres et de toucher toutes les voies dans la ville. Si bien que les services sont obligés de parer au plus pressé. Le mauvais état du réseau routier dans la cité de Bankuy est certes une réalité, mais avec l’implication de l’Etat et certains partenaires techniques et financiers, en l’occurrence le Millenium chalenge account (MCA), de nouveaux horizons se dessinent pour la commune de Dédougou, voire la région.

Le démarrage très prochain de la construction et du bitumage de la route Dédougou-Nouna-Djibasso- frontière du Mali va véritablement contribuer à désenclaver la Boucle du Mouhoun. Pour l’heure, l’axe Dédougou-Koudougou en chantier étant un acquis, les populations souhaitent et espèrent enfin assister à l’agonie du serpent de mer de cette route, la nationale n°14. « L’Etat est engagé avec les projets de Pôles régionaux de développement (PRD) pour répondre à la question de la voirie de nos cités. On attend que les maires concernés par ces PRD se concertent pour décider de ce qui sera fait avec le gouvernement.

Certainement cela sera une porte aux financements. Et c’est ce qui peut amener la solution au problème de la voirie et d’assainissement à mon avis », affirme le responsable de la voirie de la commune de Dédougou. De son côté, la commune se débat quotidiennement pour offrir un cadre sain à ses populations. Et le responsable de la voirie fonde son espoir sur la réalisation d’une étude sur l’assainissement de la ville de Dédougou. La construction d’un grand canal de drainage des eaux de pluie et l’aménagement des voies à l’intérieur de la ville sont prévus à court terme, explique-t-il. Si on admet que la Boucle du Mouhoun est le grenier du Burkina, il faut se rendre à l’évidence que ce grenier est inaccessible. Du moins pour l’instant.

Kamélé FAYAMA (faygracias@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 novembre 2011 à 05:25, par de chicado En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Mien Bigue n’est vraiment pas une personne indiquee pour diriger une voirie. il fait parti de ceux qui utilisaient les camions des TP pour vendre le sable. il louait meme les camions pour son comote et celui du chauffeur a des commercant. comment a t on pu le nommer a la voirie de dedougou ? il travaille pour l’amenagement des voiez de dedougou depuis la Revolution. donc le bilan qui est fait dans l’article est quelque peu le bilan de Mien Bigue. Pardon il fut essayer quelqu’un d’autre.

    • Le 17 novembre 2011 à 12:47, par Randel En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

      Vraiment, Mr Chicado, vous êtes de ceux qui sèment la haine et l’aigreur dans ce pays.Sinon qu’est ce que ce Monsieur vous a fait ? J’étais à Dédougou sous la révolution et je participais aux travaux d’intérêt commun et Bigué n’y étais pas . La voirie n’est pas l’affaire d’une seule personne.Si vous étiez capable on vous aurait recruté pour vous en occuper. Vous êtes à poursuivre en justice car vous cachez derrière l’anonymat pour intoxiquer.

    • Le 17 novembre 2011 à 13:05, par Randel En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

      Vraiment, Mr Chicado, vous êtes de ceux qui sèment la haine et l’aigreur dans ce pays.Sinon qu’est ce que ce Monsieur vous a fait ? J’étais à Dédougou sous la révolution et je participais aux travaux d’intérêt commun et Bigué n’y étais pas . La voirie n’est pas l’affaire d’une seule personne.Si vous étiez capable on vous aurait recruté pour vous en occuper. Vous êtes à poursuivre en justice car vous cachez derrière l’anonymat pour intoxiquer.

  • Le 17 novembre 2011 à 09:59 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Le Mouhoun est vraiment délaissé par le regime. Il n’y a rien. Pas de routes fiables, pas de barrage alors que c’est le grenier du Faso. Vraiment, il faut rectifier le tir.

    • Le 28 novembre 2011 à 19:14 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

      Quel grenier du faso, ca ? Faut dire kabaret du faso, ouiais. Restez la- bas a boire le dolo avec des cvabarets qui s’ ouvrent a Minuit et qui ferment a minuit, Nous on avance.

      Makossa I et Makossa II

  • Le 17 novembre 2011 à 10:59 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Bravo et merci pour la photo d’illustration

  • Le 17 novembre 2011 à 12:09 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Le faite que Dédougou soit le grenier du BFA ne date pas d’aujourd’hui. Mais comme les CHAMOS sont jaloux de leurs productions, ils ont tout fait pour ne pas rendre la zone accessible. Le GLl SANGOULE Lamisana, n’a rien fait, le colonel Sey ZERBO n’a rien fait. Les MOSSI feront le nécessaire pour vendre les récoltes des CHAMOS au moins, ils pourront se construire de bonne routes pour aller boire leur dolo.

  • Le 17 novembre 2011 à 12:15 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Mr FAYAMA, je vous félicite pour ce brillant article. On voie que vous prenez à bras le corps votre travail. Contrairement à Serge Coulibaly qui ne passe sont temps qu’a relater les cérémonie par-ci alors qu’il y a beaucoup à écrire sur la ville et la Région.

  • Le 17 novembre 2011 à 12:16, par Dougoutigui En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Je pense qu’il faudra egalement voir l’axe Dedougou-Tougan-Ouahigouya pour desenclaver cette zone dite grenier du Burkina.

  • Le 17 novembre 2011 à 12:37, par Lompo En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    Il faut reconnaitre aussi la mal gouvernance à la mairie de Dédougou avec à la tête un maire imprevisible qui prefere acheter une jolie 4X4 neuve que des faire des investissement dans la ville. Dédougou est devenu un gros village.

  • Le 17 novembre 2011 à 19:20 En réponse à : Infrastructures routières : Dédougou, une cité mal lotie

    En 2012, il faut l’alternance avec de nouvelles personnes.

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