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Démonétisation : L’argent banni de Banny

Publié le jeudi 30 septembre 2004 à 06h36min

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"Nous refusons systématiquement les coupures de série A", signifiait un artisan dans un organe de presse de la place. "Après avoir pris un taxi, le conducteur m’a catégoriquement refusé le billet de 1000 F que je lui tendais, sous prétexte qu’il était de la série A", relevait un employé dans une grande alimentation de la place.

A l’instar de ces deux Burkinabè, nombre de citoyens de la zone CFA vivent aujourd’hui un véritable calvaire, du fait de la décision de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) de retirer de la circulation tous les billets de 500 à 10 000 F CFA conçus sur le modèle de l’année 1992. Il n’ y aurait eu aucun problème si l’on s’en était tenu à cette raison du côté de Dakar. Le cauchemar des consommateurs de la zone CFA a pris racine dans un cafouillage monstre ayant pour véritable responsable la BCEAO.

En effet, l’institution chère au gouverneur Charles Konan Banny entend remplacer les anciens billets par les coupures neuves dans un délai marathon de 3 mois, c’est-à-dire du 15 septembre au 31 décembre 2004. Ce sont plus de 850 milliards de FCFA qui devraient être soustraits de la circulation. L’objectif officiel de cette opération est de lutter contre la contrefaçon et le blanchiment de capitaux.

On comprendrait donc selon la règle classique, que les billets retirés actuellement soient arrivés à la fin de leur cycle. Toutefois, la pagaille instaurée à la suite de cette décision provient du fait que la Banque centrale est allée trop vite en besogne. Cela lie inévitablement l’opération de retrait au quadruple casse subi par l’institution à Abidjan, à Man, à Korogho et à Bouaké. A cela il faut ajouter l’annonce sur les ondes, de la présence de faux billets qui viendraient de Slovénie.

Pourtant, les responsables de la BCEAO refusent d’établir des liens entre les attaques de leurs banques et la démonétisation actuelle. Pour eux, même s’il n’y avait pas ces hold-up, il y aurait eu le retrait desdits billets. L’amalgame persiste cependant et la confusion gagne du terrain, portant un préjudice inestimable aux transactions économiques dans les 8 pays de l’UEMOA concernés. C’est dans cette logique que tous les billets griffés de la maudite lettre "A", sont purement et simplement rejetés dans les échanges commerciaux. Les billets bannis - rien à voir avec Banny - voient ainsi leur existence écourtée avant la date butoir officielle du 31 décembre prochain.

Il y a donc problème parce que visiblement, il y a confusion des genres et c’est le consommateur qui en pâtit, les billets identifiés "A" donc en provenance originellement de la Côte d’Ivoire étant assimilés, confondus à des faux-billets. Nombre d’opérateurs économiques se sont vu refuser l’échange de leurs anciens billets contre de nouvelles coupures dans les banques. Ce n’est pas normal. Dans le cas d’espèce qui prévaut, qui doit trinquer ? En quoi le consommateur est-il coupable dans les casses et la circulation des maudits billets ?

A notre humble avis, la BCEAO doit prendre ses responsabilités et reprendre "ses billets" estampillés "A". Du reste, si nous demeurons dans la stricte vision du processus d’intégration des peuples, pourquoi sérier par pays le CFA que nous avons en commun ?
Tout le monde se plaint en tout cas de la présente démonétisation l’opération ayant failli, sans doute à cause du gros grain de sable qui s’est infiltré dans la machine communication de la BCEAO.

Sans grand risque de se tromper, on peut affirmer qu’une fois de plus, la centralisation exacerbée opérée par la banque d’émission de l’Afrique de l’Ouest depuis son siège à Dakar, ne lui a pas porté bonheur, encore moins aux populations au service desquelles elle devrait être. La BCEAO devrait par ailleurs associer les autorités nationales à ces genres d’opérations et surtout donner la bonne information et le temps idoine aux populations pour se mettre en règle.

Sans doute qu’ainsi, on éviterait tous les dérapages observés actuellement. En dehors de toutes considérations nationalistes et surtout pour des raisons objectives, les autres pays doivent-ils pâtir chaque fois des revers de la Côte d’Ivoire en matière socio-économique ? Il est temps de redresser la barre.

Le Pays

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