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OGM : L’Afrique se passe du principe de précaution

Publié le mercredi 29 septembre 2004 à 06h27min

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Le débat sur l’opportunité ou non pour l’Afrique de se laisser inonder par les cultures transgéniques refait surface. Alors qu’au Burkina Faso, les Etats-Unis ont trouvé un terreau favorable à l’expérimentation des Organismes génétiquement modifiés (OGM), au Mali, cet exercice ne semble pas gagné d’avance, les cultivateurs maliens ayant déjà donné de la voix. Ils viennent de manifester leur rejet des cultures transgéniques. Leur voix sera-telle entendue par les autorités maliennes ?

Le message sera-t-il reçu par le président malien qui, soit dit en passant, avait déclaré à Ouagadougou lors de la conférence ministérielle sur l’exploitation de la science et de la technologie pour accroître la productivité agricole en Afrique" qu’en cette ère de mondialisation, l’Afrique ne devrait pas refuser le bond vers l’innovation scientifique et technologique ?

Prise en compte ou pas, la récente réaction des Maliens prouve à l’envi que les producteurs de ce pays font preuve d’une vigilance citoyenne et que, par conséquent, ils seront difficilement pris de court par une éventuelle introduction de ces cultures transgéniques dans les champs maliens.

Ce qui a été tout à fait le contraire au Burkina où les associations de la société civile avaient, dans l’ambiance de la conférence ministérielle, accusé le gouvernement burkinabè d’avoir tranché "seul et d’autorité", sans qu’elles n’aient été consultées au préalable. Les OGM représentent-ils plus de risques que les cultures traditionnelles ? Sont-ils adaptés à nos réalités quotidiennes africaines ? Sur le vieux continent et même ailleurs, la question sur l’innocuité des OGM demeure d’actualité.

Mais là n’est pas le débat. Ce qu’il faut surtout regretter, c’est que les cultivateurs africains, les premiers acteurs de la productivité agricole, ne soient pas franchement associés aux grandes décisions qui concernent leur propre destin. Au Burkina Faso, si certaines structures affirment être favorables aux OGM, le consensus a-t-il pour autant prévalu dans chacune de ces structures ?

N’était-ce pas seulement la voix des maîtres dont certains n’hésitent pas à sacrifier les intérêts de la structure tout juste pour récolter des dividendes chez des décideurs politiques ? Dans ce grand débat qui se mène, que veulent en réalité les agriculteurs et tous ceux qui se disent solidaires d’eux ? Que des principes de précautions soient appliquées avant l’appropriation des cultures transgéniques. On ne connait pas toujours ses repercussions sur l’environnement et l’homme.

Que l’agriculteur ne se voit pas obligé à tout moment d’avoir recours au promoteur pour se ravitailler en nouvelles semences, cela est très discutable. Il est de notoriété publique que ces firmes occidentales ne sont pas des philantropes ! Elles attendent quelque chose en retour. A l’époque, n’a-t-on pas dit que le Burkina Faso espérait récolter des dividendes d’un rapprochement diplomatique avec les Etats-Unis, en acceptant d’être une sorte de cobaye en Afrique de l’Ouest, pour l’expérimentation des cultures transgéniques ?

A l’heure où les Occidentaux eux-mêmes émettent des doutes sur l’innocuité des OGM, où beaucoup d’entre eux se disent fatigués de consommer des produits transgéniques et qu’ils veulent revenir à la culture traditionnelle, des Africains, eux, souhaitent prendre le train des cultures transgéniques. C’est un véritable saut dans l’inconnu. A tous points de vue.

Le Pays

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