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Reprise des cours après les manifs : Ambiance studieuse à Ouaga

Publié le mardi 29 mars 2011 à 02h48min

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Les élèves reprendront-ils les cours lundi comme le veulent les autorités ? Cette question lancinante était sur toutes les lèvres ou presque, quand on sait que le monde scolaire et estudiantin, suite à la mort de Justin Zongo dans des circonstances troubles, a connu de violentes manifestations, ayant engendré la fermeture des classes.

C’est une ambiance des plus studieuses que nous avons constatée du lycée Philippe-Zinda-Kaboré, au lycée Bambata en passant par le lycée Réveil, le lundi 28 mars 2011. Si les plus avancés dans leur programme s’activaient au calcul des moyennes du deuxième trimestre avant de s’attaquer au dernier, d’autres, au pas de course, rattrapaient les derniers devoirs du trimestre précédent avant de mettre le cap sur le dernier virage.

« Restez à côté ! Après, vous composerez en anglais ! », lance le proviseur du lycée Philippe-Zinda-Kaboré, Boureima Traoré, à un groupe d’élèves de 5e qui venaient d’achever un devoir d’histoire géographie. Parmi eux, Sakinatou Ouébonga, de la 5e/12 esquisse un large sourire en guise d’accueil avant d’apprécier le devoir qu’elle vient de finir :

« C’était facile, j’ai eu le temps d’apprendre mes leçons et je suis contente de la reprise des cours. Tout à l’heure nous allons composer en anglais ». L’un des plus heureux de cette reprise est bien le proviseur qui a relevé que pendant les congés des rencontres ont été organisées à l’interne avec les structures d’élèves sur les risques que chaque partie court si les cours ne sont pas repris.

« Les élèves, eux-mêmes, ont montré une certaine prise de conscience. Ils semblent comprendre qu’ils ont tous intérêt à sauver l’année », a-t-il précisé. Sur le réaménagement du calendrier scolaire, il a dit que tous se sont engagés pour qu’il soit respecté.

« Si les élèves sont sages le retard sera vite rattrapé. Nous allons travailler à ce que les professeurs ne soient pas trop acculés ni les enfants trop pompés, mais il va falloir mettre les bouchées doubles ».

Le proviseur du plus grand lycée du pays comprend la colère des élèves mais invite à la retenue : « Nous comprenons le mécontentement des élèves et d’ailleurs nous ne voulons pas d’élèves moutons, seulement il ne faut pas exagérer au point de compromettre son propre avenir. C’est pourquoi nous allons poursuivre la sensibilisation pour que cette ambiance calme se maintienne », conclut-il.

Assis seul sous un arbre, Alfred Dabou, de la 1re D3 du Zinda, devise cahier en main. Son discours va vite le trahir et nous permettre de savoir qu’il n’est ni plus ni moins que le président de l’Association des élèves du secondaire de Ouagadougou (AESO), et délégué de sa classe :

« Notre professeur de français n’est pas là et j’attends donc celui des mathématiques. Je suis content de la reprise mais pas tout à fait. Le gouvernement a promis de prendre des mesures fermes contre les criminels mais jusque-là ils ne sont pas jugés.

S’ils ont fermé les classes c’est, à mon entendement, pour accélérer le dossier pendant que les esprits s’apaisent mais j’ai l’impression qu’on a perdu un mois pour rien », a-t-il souligné avant de prévenir :

« Nous avons repris les classes aujourd’hui mais tout dépend de l’attitude des autorités. Les élèves sont conscients ; elles aussi doivent l’être ».

Ce ton tranche malheureusement avec une circulaire qui stipule, à l’intention des chefs d’établissements dans leur sensibilisation à l’occasion de la rentrée :

« Face à votre colère légitime, le gouvernement a pris des sanctions administratives (relèvement du gouverneur du Centre-Ouest, du directeur régional de la police, arrestations policières) et des mesures judiciaires.

Au jour d’aujourd’hui, dans l’affaire Justin Zongo, on peut retenir les avancées suivantes : l’audition du père de Zongo L. Justin comme partie civile le 11 mars 2011 ;

l’audition des deux policiers suspectés, ils ont été arrêtés et gardés à la Maison d’arrêt de Ouagadougou (MACO) en attendant le procès ; l’audition de neuf personnes le 17 mars 2011 à Koudougou par le juge en charge du dossier. Parmi ces personnes, figurent les camarades de classe de Justin L Zongo, les personnels de santé de Koudougou et de Ralo…

c’est confiant de cela qu’il est souhaitable de laisser travailler la justice et lui permettre d’aboutir au procès en poursuivant dans la sérénité les cours pour ne pas perdre l’année, qui a demandé des sacrifices de la part de vos parents et de l’Etat ».

Du côté des professeurs, on ne demande pas mieux que la quiétude pour dispenser les cours : « Je viens d’arriver mais je constate qu’il y a un calme qui me fait dire que les cours pourraient se poursuivre normalement », se félicite Souleymane Kéré, professeur de mathématiques au lycée Zinda.

Au lycée Réveil, c’est la même ambiance studieuse. Selon le proviseur, Emmanuel Kaboré, le comité pédagogique se penche sur la situation avec une longueur d’avance d’autant plus que les élèves ont déjà composé les devoirs du deuxième trimestre avant d’aller en congés.

Il ne reste qu’à calculer les moyennes et à entamer le dernier trimestre, « mais s’il y a d’autres perturbations la situation se compliquera pour nous », a-t-il prévenu même s’il peut, pour l’instant, se féliciter vu que les 18 classes que compte son établissement sont en pleins cours.

Selon son surveillant général, Adama Tiemtoré, des cours de rattrapage avaient même été prévus pendant les congés à la demande des élèves mais les autorités les ont dissuadés au regard des risques que cela présentait.

Les élèves de l’école primaire au sein de « Réveil » étaient aussi au rendez-vous et ceux du CP2 savent bien pourquoi ils sont là, « on travaille », disent-ils en chœur sous le regard radieux de leur maîtresse, Pengdwendé Ouédraogo.

Au lycée Bambata, nous avons été accueillis par un groupe d’élèves qui nous lance : « Nous sommes bien rentrés et nous sommes contents » ; d’autres par contre, d’un air moins conscients, rétorquent « nous, nous ne sommes pas bien reposés !on veut encore du repos ».

La proviseure, Sokona Dabo, s’activait à tenir une réunion pour faire un planning de travail à la lumière du nouvel emploi du temps. Sa seule prière, que la paix et la sérénité reviennent pour que l’année soit sauvée. Prière que partage toute personne soucieuse de l’avenir des enfants.

Abdou Karim Sawadogo

Bénédicte Bienzi Toé (Stagiaire)

L’Observateur Paalga

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