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CRISE AU SEIN DU PDS : Et si on allait vers des primaires ?

Publié le mercredi 22 décembre 2010 à 00h55min

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Le torchon brûle entre Idrissa Seck et son père spirituel, le président Abdoulaye Wade. Le premier conteste la candidature du second à la présidentielle de 2012. Seck qui a d’abord quitté le Parti démocratique sénégalais (PDS), à l’instar de Cheick Tidjane Gadio et de Macky Sall, avant d’y retourner, est visiblement décidé à mener le combat à l’intérieur du parti. Au regard de cela, on est enclin à penser que ce parti pourrait traverser une zone de turbulences. Il faut noter que cette attitude de Seck est assez rare, sinon singulière, sous nos tropiques. En effet, dans les partis politiques en Afrique, personne n’ose s’opposer à la volonté du "grand patron".

Bien au contraire. Autour de lui, on rivalise d’ardeur pour lui plaire. Chacun multiplie, de ce fait, les actes, gestes et paroles d’allégeance pour avoir ses faveurs ou, au moins, ne pas encourir sa colère. Pour l’heure, le président Wade semble prendre les défections au sein de son parti ainsi que cette fronde de son fils spirituel pour quantité négligeable. Le temps nous dira s’il a raison ou tort d’agir de la sorte.

Certes, Idrissa Seck a perdu, à cause de l’inconstance dont il a fait montre dans son parcours politique, quelque peu de sa crédibilité. Mais, visiblement, ce bras de fer qu’il a engagé avec son mentor témoigne de sa volonté de mettre à nu les anachronismes au sein du PDS, sous la présidence de Me Wade. Il n’a peut-être pas encore l’étoffe pour réussir à prendre le contrôle du parti au détriment du président, mais son acte ne manque pas de mérite. Il peut contribuer à démocratiser davantage la prise de décision au sein du PDS. Les opinions dissidentes, les courants au sein d’un parti politique, sont des éléments qui l’enrichissent, s’ils sont bien maîtrisés et canalisés.

De plus, leur admission peut contribuer à limiter l’émiettement des partis. Dans un parti où les courants constituent une richesse, tout le monde peut donner sa position sur telle ou telle question avec une certaine marge de liberté. On évite de tomber dans la logique selon laquelle, le parti politique est une propriété privée au sein de laquelle le principe de la discipline n’est qu’un prétexte pour étouffer toute velléité indépendantiste de quelque militant téméraire. Sous nos cieux, la discipline du parti est, très souvent, une astuce pour mettre tous les militants aux ordres d’un seul individu, maître incontesté et incontestable du parti. Seck, dans cette situation, est probablement le porte-flambeau d’une aile du PDS. Jusqu’où ira-t-il dans son opposition à la candidature de Wade ? Difficile de le prévoir avec certitude.

Et si on allait vers des primaires ? Cela permettrait de trancher le débat de la façon la plus démocratique possible en donnant la parole aux militants. Pour ce qui est de la faisabilité d’une telle chose, on est en droit d’être optimiste. Avec de la volonté, ce qui semble aujourd’hui un rêve, peut prendre corps. Le Sénégal a une tradition démocratique conséquente et le PDS dispose des compétences nécessaires pour initier cette logique des primaires en son sein. Mais, il faut croire que pour 2012, il n’y a pas de place pour les primaires, Me Wade s’étant déjà autoproclamé candidat unique du parti. En tout état de cause, les partis politiques de l’Afrique francophone ne peuvent pas continuer, encore longtemps, à faire l’économie de cette étape des primaires dans le processus de désignation de leurs candidats aux élections présidentielles. Cette démocratie interne ne peut que les grandir davantage.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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