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Parc de Bangr-Weoogo : "la langue verte de Ouagadougou"

Publié le lundi 13 septembre 2004 à 06h53min

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"Nous essayons de revenir à l’ancien concept : protéger le sacré et apprendre à se servir de la nature de façon durable", explique Moustapha Sarr, le directeur du Parc de Bangr-Weoogo, niché en plein centre de Ouagadougou, la capitale du Burkina-Faso.

Bien plus qu’une oasis de biodiversité, le parc de Bangr-Weoogo, signifiant "Forêt de connaissance" en Mossi, est aussi une manifestation de la manière dont la protection environnementale peut créer de l’emploi sur le continent le plus pauvre du monde.

"Si on implique les populations dans la protection de l’environnement, on doit leur donner les moyens d’en profiter", dit M. Sarr.

"Ces gens coupent les arbres et tuent les animaux, pas parce qu’ils sont méchants ou bêtes, mais parce qu’ils sont pauvres. Ils voient une forêt comme une mine de ressources, mais nous espérons les aider à regarder au-delà du bois et des animaux pour qu’ils découvrent ses ressources infinies".

Cette année, plus de 70 000 personnes paieront 100 francs CFA (20 centimes d’euro) chacune pour profiter des 250 hectares du parc, flâner dans son jardin botanique et admirer sa collection d’animaux : hyènes, tortues géantes, antilopes et plus de 150 espèces d’oiseaux.

"C’est la langue verte de la ville", s’enorgueillit Sarr. "Et c’est un véritable défi au Sahel".

Géré conjointement par l’Office National des parcs et forêts et la ville de Ouagadougou, le parc emploie directement 70 personnes, essentiellement pour la maintenance et la sécurité.

Guérisseurs traditionnels, guides, artistes et jeunes entrepreneurs, tous paient un droit d’entrée pour profiter du parc et en tirer des revenus.

Certains collectent de l’herbe et autres plantes qu’ils revendent comme fourrage pour les vaches et les chèvres de la capitale.

Depuis 2001, une association de femmes envoie une fois par an quelques 300 adhérentes nettoyer le parc : elles prélèvent le bois mort et les brindilles qu’elles transforment en charbon de bois ou vendent comme bois de chauffage.

Les guérisseurs locaux ont appris à couper les racines et les plantes de manière à ne pas les abîmer, condition pour obtenir la permission d’entrer.

Un des projet favoris de M. Sarr est la "résurrection" des arbres morts du parc grâce à des sculptures, devenues si populaires à "Ouaga" que de nombreuses commandes ont été faites auprès des artistes pour le Sommet de La Francophonie, en novembre prochain.

"Cela montre aux gens qu’ils ont d’autres alternatives que l’abattage des arbres et leur transformation en +biomasse+", explique M. Sarr. "Et cela prouve que les arbres peuvent être source de revenus sans qu’on les mette par terre".

Avec un petit budget de 220.000 dollars (185.000 euros) annuels - la majeure partie provenant de dons dans le cadre de jumelages avec Grenoble, Turin et Lyon- M. Sarr a quelque peu restreint ses ambitions. Il n’est pas en mesure de construire une ruche ou un "école de l’environnement", ni de faire du lac une zone de pisciculture.

Il est toutefois plein d’espoirs quant au plan d’action engagé la semaine dernière par les chefs d’Etat africains pour remédier au problème du sous-emploi qui cantonne plus d’un tiers des 821 millions d’africains dans l’extrême pauvreté.

Ce plan recommande aux pays de prêter une plus grande attention au développement durable et à une meilleure utilisation des ressources naturelles.

"Il y a tant d’opportunités professionnelles dans la sauvegarde de l’environnement", assure M. Sarr. "La préservation de l’environement est une tâche qui devrait impliquer tout le monde".

AFP

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