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CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

Publié le vendredi 28 mai 2010 à 03h21min

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Dans l’écrit ci-dessous, les étudiants burkinabè au Centre AGRHYMET de Niamey relatent leurs misères, en raison des retards dans le paiement des bourses.

Nous, élèves techniciens supérieurs en hydrologie en formation au centre AGRHYMET de Niamey, venons par la présente lettre, informer l’opinion nationale burkinabè des difficultés que nous vivons à Niamey depuis le début de notre formation.

Le 12 septembre 2008, le ministère de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat a organisé un concours direct de recrutement de 18 élèves techniciens supérieurs en hydrologie pour le compte du ministère de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH), à former au Centre régional AGRHYMET de Niamey au Niger. Après publication des résultats, le 20 octobre 2008, le ministère de l’Agriculture a fixé la rentrée pour le début du mois de novembre 2008, au Centre régional AGRHYMET de Niamey. Mais, ce n’est finalement que le 16 mars 2009 que cette rentrée a été effective. Mais avant, le 11 mars 2009, nous avons été convoqués pour la première fois au MAHRH pour les formalités de départ. Au cours de cette rencontre, des responsables du ministère de l’Agriculture nous ont rassurés du fait que tout était mis en œuvre pour nous garantir de bonnes conditions de vie et d’études à Niamey.

A la sortie de la rencontre, nous étions tous naturellement confiants. Mais, à l’heure où nous écrivons ces lignes, nos conditions de vie et d’études sont très peu enviables. Car les promesses qui nous ont été faites au ministère de l’Agriculture n’ont pas été tenues. Ce sont, entre autres :
- une bourse mensuelle ;
- le matériel pédagogique indispensable pour la formation ;
- des visites de nos responsables pour s’imprégner des réalités de notre formation. Une fois à Niamey, percevoir la bourse relève pour nous, d’un parcours du combattant. En effet, la bourse nous revenant de droit, à chaque fin du mois, dès que nous constatons un retard dans son paiement, nous la réclamons naturellement auprès de l’administration du Centre. Après trois mois, étant à bout de souffle, l’administration du centre AGRYMET a fini par nous faire comprendre que notre Etat n’a rien envoyé comme bourse pour qu’il puisse nous payer, et que les précédentes bourses déjà payées provenaient des ressources propres du Centre.

Cela, pour nous dire clairement de ne plus venir réclamer de bourse tant que l’Etat burkinabè n’aura pas envoyé les fonds destinés à cela. Ainsi commence alors pour nous une période d’incertitude. Chaque fin de mois, nous sommes obligés d’aller négocier dur, quémander à la limite, le paiement de nos bourses auprès de l’administration du Centre. D’ailleurs, on ne devrait plus parler de fin de mois en ce qui nous concerne, car ce n’est que vers le milieu du mois suivant que nous entrons en possession de l’argent. Il faut dire qu’au départ, il était convenu que l’Etat burkinabè devait envoyer à l’école, l’argent pour le paiement de la bourse tous les 3 mois. Ce qui n’est jamais fait jusqu’à ce jour et nous commencions à nous rendre compte du manque de franchise de nos responsables burkinabè.

En dépit de cela, l’école a continué à puiser dans ses fonds propres pour nous assurer la bourse jusqu’au mois de décembre 2009, qui a marqué la fin de la première année académique. En décembre, l’école nous a prévenus qu’elle ne serait plus capable de nous assurer la bourse à notre retour de vacances, car, elle aussi, connaît des difficultés financières.

Etant donc prévenus, nous avons essayé de poser le problème à nos responsables à Ouagadougou pour qu’ils régularisent notre situation, afin de nous permettre de poursuivre avec quiétude notre formation. Ces derniers nous avaient assurés qu’ils feraient le nécessaire pour que tout rentre dans l’ordre dès notre retour à Niamey et que ce n’était qu’une question de jour. C’est ainsi que, pleins d’espoir, nous avons passé tranquillement nos vacances (durant le mois de janvier) au pays.

Les cours reprirent le 25 janvier 2010, sans que rien ne soit réglé. La situation s’est alors empirée. En effet, jusqu’à ce jour (soit environ quatre mois après le début des cours), nous n’avons reçu qu’un mois de bourse et cela aussi parce que l’administration de l’école a eu pitié de nous, constatant que, pour insuffisance de restauration, nous avions du mal à suivre les cours.

C’est une situation qui met à nu le non-respect de la parole donnée de nos responsables burkinabè qui semblent tirer du plaisir à nous faire des promesses jamais tenues. Sur le plan social, nous manquons de quoi nous nourrir, l’école ne disposant pas de système intégré de restauration. Et cela s’est aggravé avec la flambée des prix des denrées au Niger, suite à la famine qui s’est installée depuis quelques mois dans le pays. Sur le plan académique, les sorties d’études, les voyages d’études et le stage de fin de première année sont mis en instance, par manque de moyens financiers.

Ainsi donc, ici à Niamey, nous sommes devenus des laissés-pour-compte. Nous avons l’impression que nous sommes oubliés par ceux-là même qui nous ont envoyés ici. En effet, depuis notre arrivée, aucun responsable ne s’est signalé pour nous donner, ne serait-ce que des explications nous permettant de comprendre ce qui se passe. Certains d’entre eux refusent même de répondre à nos appels téléphoniques (le fixe), nous laissant des notes par l’intermédiaire de leur secrétaire. Ainsi, comment pouvons-nous espérer à partir du moment où le fil du dialogue est rompu ? Au plan sanitaire, nous ne bénéficions d’aucune couverture assurance maladie depuis cette date de janvier 2010.

En cas de maladie, que ferons-nous ? Dans de telles conditions, nous sommes obligés de recourir à des personnes que nous connaissons à peine pour couvrir nos besoins primordiaux. Nous sommes tous redevables à des personnes ici et cela constitue une charge psychologique pour nous. Dans ce contexte, nous doutons fort de la tenue du stage prévu pour juillet prochain , et dans ce cas c’est la formation qui prendra un coup dur. Nous lançons donc un appel à nos autorités, singulièrement au ministre de l’Agriculture de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques et spécialement à son Excellence Monsieur le Premier ministre – dont nous connaissons l’engagement pour la valorisation du capital humain – de s’impliquer activement dans la résolution de notre problème.`

Fait à Niamey le 17 mai 2010

Ont signé les élèves techniciens supérieurs en hydrologie en formation à Niamey

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 mai 2010 à 03:04 En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Pourquoi avoir attendu si longtemps ? A votre place, je rentrerai au pays vu que la bourse promise n a jamais ete versee. Si les conditions financieres ne sont pas reunies, comment voulez vous etudier et apprendre correctement. A moins que vous n ayez une vie miserable au BF et que vous preferiez vivre dans cette galere plutot que de repartir au BF (meme sans le diplome), je ne vous comprends pas.
    Courage neanmoins. N oubliez pas non plus de preciser si le ministere vous avait signe un contrat en bonne et due forme confirmant qu une bourse vous serait offerte a Niamey. A moins que ce soit un responsable qui vous aie dit ORALEMENT d’aller seulement et que une fois a Niamey, ils s arrangeront pour vous envoyer chaque mois de l argent.

    • Le 29 mai 2010 à 21:32, par eltog28 En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

      Mon frère il ne s’agit pas d’une bourse octroyée à des étudiants, mais il s’agit d’élèves fonctionnaires en formation : ils ont droit automatiquement à la bourse, donc pas besoin d document signé. Tu as vu kel fonctionnaire en formation qui na pa d pécule ? Si pour toi la vie est si simple, sè nè malheureusement pas l cas ch tout l monde.Comment des gens qui ont abandonné leur études universitaires à waga pour l’étranger, vont retourner sans diplome sous prétexte qu’ils souffrent ? Tu dis encore qu’ils ont des conditions plus misérables à waga : mon frère tes propos st méprosant, ne serait-ce que pr l’honneur d tn pays il fo soutenir ts frères.Les gars il faut vs dire que la fonction publique sè ça : on y souffre tjrs. Armez vs d courage car la suite peut êtres tout aussi dur. Mais unjr ça va allez. COURAGE !!!

  • Le 28 mai 2010 à 11:14, par lilboudo En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Vous avez tout mon soutient. Nous avons vécu des situations pareilles, au Maroc, mais au fil des luttes, tout est rentré dans l’ordre depuis des années maintenant. Dans l’attente de la réponse des responsables indexés...

  • Le 28 mai 2010 à 12:53, par Rigarawa En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    il ya des gens qui n’ont rien compris de la vie et combien il est difficile d’avoir de l’emploi pour dire aussi simplement de retourner au pays meme sans le diplome. ils ont compétis pour y avoir accès. alors cher lecteur propose leurs autres choses que de retourner. où est passé l’intégrité du Burkina Faso

  • Le 28 mai 2010 à 14:45, par kafi En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Moi je vous conseillerai de vous armer de patience et de courage. Etudier dans un pays autre que le sien n’est jamais chose aisée. Moi j’ai fréquenté l’ENSP de Ouaga en tant qu’étudiant Nigérien. Nous avons vécu la même situation que vous décrivez. On avait voulu tout abandonner. Aujourd’hui, 3 ans après ce n’était plus qu’un mauvais souvenir. Quelque chose me dit que votre situation sera normalisée.

  • Le 29 mai 2010 à 00:12 En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Ce sont ces cas de figures que nos "valeureux" députés devraient défendre. Mais ils ne se prononceront jamais !

    Révoltant pour un pays émergeant . Ou bien Mahama ?

    Une grosse villa a dû pousser à quelque part à Ouaga 2000

    Et il n’ y aura rien. Ces individus veulent encore et encore le pouvoir. Et nous allons toujours croiser les bras. Ils ont supporté comme de vrais Burkinabè, à n’en plus tenir ! Ce qui est encourageant pour ceux qui se graissent.
    Malheureux et triste Burkina.
    Celui qui lèvera le doigt est aigri s’il n’est pas des leurs, ou verra la marmite s’éloigner et le robinet coupé s’il se trouvait dans les rangs

    Laissez moi vomir. Yé Bongnèssan ! la morale est où à présent ?

  • Le 8 juin 2010 à 17:12, par le fou En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Vous avez déjà entamer un processus que vous devez à tout prix parachever. Vous devez demontrer à ces irresponsables que vous^^etes à mesure de vous battre jusqu’au bout, que vous êtes des combatants farouches. La vie n’a jamais été facile donc il faut savoir profiter de toute situation qui peut l’améliorer. Dites moi comment avez vous pu repartir à Niamey sans avoir eu gain de cause. Le naturel revient au galot après mille tenttives pour le chasser. Vous vous êtes faits avoir en croyant une fois de plus au mensonge de ces dirigeants sans scrupule. Je vous demande seulement de prier car seul Dieu peut changer votre situation.

    • Le 15 juin 2010 à 17:16, par Le consolateur En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

      J’ai moi même étudié au Centre Régional AGRHYMET pendant 5 ans (cycle Technicien puis cycle Ingénieur) et je connais comment la vie est dure à Niamey. C’est très affligeant de voir comment des responsables peuvent faire des promesses à des étudiants hors du pays, qui de surcrois sont pères de famille et ne pas les tenir.
      Mais en toutes choses, n’abandonnez pas la lutte, continuez à informer l’opinion nationale et internationale et un jour la lutte paiera.

      Bon courage !

  • Le 6 juillet 2010 à 07:31, par Hamado(USA) En réponse à : CENTRE AGRHYMET : Le calvaire des étudiants burkinabè

    Je voudrai demander a nos dirigents d`avoir un peu d`amour pour le Faso. Et meme s`il ne l`ont pas, qu`ils aient au moins de la pitie pour ces etudiants la. comment pouvez vous envoyer vos Etudiants a l’exterieur du pays(meme si c’est un pays voisin) et ne pas voiloir s’occuper d’eux ? que voulez vous qu’ils fassent ? je vous signale que vous(dirigents) etes responsable de la preservation de la dignite(integrite) de tout les Burkinabes. Tout le monde sait que ce pays( que j’aime malgre tout) est corronpu jusqu’a dans sa colute, mais, de la a exposer aussi clairement sur le plan international sa me honte. Je n’ecrie pas cette note dans l’intention de blesser mais, de montrer ma profonde desolation en tant que Burkinabe. Excellence Tutius Ou Compaore faites quelque chose SVP.
    Courage les camarades et merci a l’administration du AGRHMET et au peuple Nigeriens qui vous soutient.

    Hamado, etudiant au USA.

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