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Misères du Sama Sporting Club des Balé : Où sont passés les filles et fils de la localité ?

Publié le mercredi 3 mars 2010 à 02h17min

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A huit (8) journées du championnat national de première division (D1), le néo promu, le Sama Sporting Club des Balé (SSCB) est sérieusement à la peine. L’équipe de l’éléphant de Boromo tient la queue du classement des quatorze concurrentes, avec zéro point au compteur. Pour un club qui arrive pour la première fois en D1, on pourrait être tenté sans trop chercher, d’accuser un manque d’arguments techniques et tactiques pour expliquer ce mauvais résultat.

En réalité au sein du Sama, ce ne sont pas les qualités footballistiques qui font défaut. L’équipe l’a déjà prouvé en s’illustrant, sans bavures, dans la compétition de montée en D1. Ce dont elle souffre aujourd’hui, c’est incroyablement l’absence de mobilisation des fils, filles et ressortissants de la localité autour d’elle.

Le Sama Sporting Club des Balé est aujourd’hui une équipe orpheline, même chez elle. Récemment simple équipe amateur, c’est déjà en cavalier solitaire qu’elle s’est battue pour accéder en deuxième division, avant se qualifier pour le championnat de l’élite la saison passée. Curieusement ce qui devait être vécu avec grand enthousiasme dans toute la province des Balé, à commencer par le chef-lieu Boromo, a été plutôt timidement accueilli.

C’est à peine qu’on en parle. Aucune cérémonie de remerciement et d’encouragement digne de ce nom, n’a été organisée nulle part dans la province pour saluer cette montée en D1. Le soir de la qualification, c’est incognito que les joueurs sont rentrés à Boromo. Au même moment, du coté de l’AS Maya c’était une liesse. L’émotion était au point qu’un des dirigeants de ce club avait même du mal à retenir ses larmes de joie devant les cameras de la télévision. Malgré la grande prouesse que l’équipe du Sama a réalisée au nom de toute la province, dont elle porte d’ailleurs de façon très ostentatoire le nom, elle demeure laissée à ses difficultés primaires.

En illustration, l’équipe est basée à Boromo mais elle est encore obligée d’aller jouer ses matches à Poura, localité situé à 45km. Là-bas seulement se trouve un terrain répondant aux normes de la Fédération Burkinabè de Football (FBF). L’un des rares héritages positifs de la mine d’or qu’a connue ce département. A l’intérieur même de Boromo, il n’existe à ce jour ni terrain de sport ni un espace connu à ce titre, au nom de la commune. En effet, c’est là un élément d’appréciation du niveau où se trouve cette commune, après un plein exercice qui a commencé depuis 1996. On a presque l’impression que la qualification a surpris à Boromo, à commencer par le conseil communal. Peu importe mais de là, une prise de conscience de la responsabilité qui est la sienne devait commencer et quelque chose d’assez sérieux pouvait être initié pour se rattraper.

L’équipe n’a pu bénéficier ni de la part des autorités locales, ni des populations de l’accompagnement suffisant qui doit lui permettre de mettre en place une organisation conséquente et avoir véritablement la structure d’un club de première division. L’amateurisme est toujours de mise dans l’organisation. Les moyens manquent. Les joueurs qui ne devraient avoir pour seule préoccupation que de jouer au football, sont hantés quotidiennement par des inquiétudes comme celle de savoir s’ils vont pouvoir bien manger ou avoir des perdiems et faire face à leurs petits problèmes. La question du regroupement des joueurs serait un autre visage des difficultés parce que les jeunes ne sont pas tous dans la même ville.

C’est là aussi toute la difficulté pour un coach de faire une bonne préparation, aussi excellent soit-il. Ces préoccupations sont aujourd’hui à la base d’une faible motivation des joueurs et de l’encadrement technique. Bien que l’équipe possède le potentiel à même de lui permettre de s’exprimer honorablement en D1, elle souffre malheureusement d’un manque d’accompagnement, de conditions optimales et de sérénité pour jouer au football. Ceux qui s’étaient mobilisés autour d’elle pour du bénévolat ou moyennant une broutille, sont au bord de la rupture. Les coachs Tom et Salif Simporé, qui ont permis à l’équipe de réaliser l’exploit et d’accéder à la D1, ont aujourd’hui abandonné le navire. Un fils de Boromo, l’ex-Etalon senior et défenseur de l’ASFA-Y, Issa Sanogo dit sécurité a été appelé en pompier pour éviter la déconfiture.

L’union sacrée fait défaut

Même s’il ne faut pas rêver en pensant que tous les problèmes de la province des Balé vont être résolus par le football, l’accession du SSCB en D1 est tout de même une vraie chance et une réelle opportunité qu’elle tient dans sa marche vers le développement. On peut naturellement ne pas aimer le football, mais aujourd’hui son utilité sociale ne fait pas de doute. Le football est non seulement un puissant canal d’unité et de rassemblement mais aussi un domaine à travers lequel les acteurs peuvent bien gagner leur vie. Tous les Etats du monde ainsi que des entreprises s’en servent aujourd’hui pour promouvoir leur image. Ce n’est pas pour rien que les athlètes sont accueillis triomphalement et honorés quand ils gagnent des titres.

C’est une vitrine publicitaire pour une province visiblement en manque. Boromo pourrait donc bien profiter pour se faire connaître au-delà du Burkina et se donner une image. Ne serait-ce que pour ces raisons les filles, fils et ressortissants des Balé devraient s’organiser pour offrir à l’équipe du Sama le soutien dont elle a besoin. Elle devrait demeurer en D1 pour être pleinement profitable à tous. A Tougan, les gens l’ont compris quand le Sourou Sport est arrivé en D1. Tout le monde s’est mobilisé tout de suite. On a vu des autorités et des personnalités de la commune appeler au soutien à l’équipe. A Koupèla avec l’AS Koupèla, c’était pratiquement le même rassemblement, surtout de ses ressortissants Ouagalais. Un stade a même poussé dans la ville l’année de la montée en D1 dudit club.

L’affaire de notre football concerne tous les Burkinabè mais l’affaire de l’équipe du Sama devrait d’abord concerner tous ceux qui ont un lien direct avec la province des Balé. Qu’il soit autorité politique ou administrative, opérateur économique, commerçant, fonctionnaire, étudiant ou toute autre personne résidant ou ressortissant des Balé, chacun devrait manifester son soutien à l’équipe. C’est aussi maintenant que tous ceux qui ont l’habitude d’organiser au sein de la province ces « coupe du député », « coupe du ministre » et autres coupes, devraient se monter. Si tant est qu’ils aiment le football, c’est là une occasion franche pour le promouvoir. Il ne s’agit pas seulement d’inviter la télévision pour des petits tournois d’exhibition. Nous sommes en pleine communalisation et chacun est désormais responsable du développement de sa localité.

Une opportunité offerte par la FBF

C’est en 2006, lors d’un séminaire qui avait pour but de réfléchir sur la rationalisation des dépenses de notre football, qu’il a été décidé entre autres de réduire le nombre des club D1de Ouaga et de Bobo.

A la capitale on devait passer de 8 à 5 clubs et à Bobo, le nombre passait de 5 à 3 clubs. Cette mesure est rentrée en vigueur en 2010. La réduction du nombre des clubs dans les grandes villes visait à donner la chance à des clubs de provinces d’arriver en D1 maintenue à 14 équipes. On ne peut pas dire que cette vision n’est pas bien réfléchie. Non seulement, elle permet au bien nommé championnat national d’avoir véritablement une envergure nationale, mais c’est également une opportunité pour les provinces de développer leur football en se frottant au haut niveau. Malgré deux millions alloués annuellement aux clubs de D1, la FBF reconnaît la difficulté de les financer efficacement, surtout dans un contexte d’insuffisance de sponsoring.

L’idée de l’équipe fédérale est qu’en positionnant des clubs de provinces, les collectivités locales bénéficiant de la faveur, devraient aussi participer au financement. Pour une province dont l’équipe arrive à se hisser en D1, les opportunités sont, bien entendu, d’abord sur le plan sportif et aussi sur le plan social et économique. Et pour que le club vive, les moyens sont à rechercher dans les recettes des stades, les ventes d’objets de l’équipe (marchandising) et aussi le sponsoring impliquant les individus, les collectivités locales et les entrepreneurs privés. Ainsi donc, du côté de la FBF, on pense que c’est d’abord aux clubs de s’entourer de dirigeants crédibles et avertis du management du football moderne et de chercher les moyens de leurs financements.

L’implication des mairies devrait être assez remarquable. D’abord en mettant en place les infrastructures d’accompagnement adéquates et en injectant courageusement de l’argent sous forme de sponsoring. L’enveloppe de soutien au club doit être dégagée chaque année et être substantielle. Pour Boromo, ce sera dommage que la belle aventure entamée par le SSCB s’arrête en si bon chemin par faute de mobilisation de ses enfants. Lesquels enfants sont si nombreux et bien capables, pourvu seulement que l’hypocrisie et les basses considérations ne prennent pas le dessus.

Jean De Dieu Zongo

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 3 mars 2010 à 19:03, par Yac En réponse à : Misères du Sama Sporting Club des Balé : Où sont passés les filles et fils de la localité ?

    Une très belle analyse qui doit être entendue par tous en l’occurrence les personnes interpellées. Du courage au Sama Club et vivement que les soutiens tombent car il le mérite. Merci au journaliste.

  • Le 4 mars 2010 à 14:01, par sidzabda En réponse à : Misères du Sama Sporting Club des Balé : Où sont passés les filles et fils de la localité ?

    La fédération doit revoir la copie de limitation des clubs de Ouaga et de Bobo si elle ne veut pas maintenir notre foot ball dans la médiocrité ! En effet voilà une équipe qui est parvenue en première division mais dont l’organisation et la mobilisation n’ont pas suivi.Qu’est-ce qui coute de faire 2 championnat comme en cyclisme ? On est en train de mettre l’accent sur le "NATIONAL" au détriment du "CHAMPIONNAT" ! Alors que c’est un championnat avant d’être autre chose ! Pourquoi par exemple la CAF ne fait pas la CAN suivant la representativité du continent ? Cessez de sacrifier notre foot sur l’autel du "National". nous avons besoin de la competition pour pouvoir nous mesurer aux autres nations !!!

  • Le 4 mars 2010 à 19:12, par GNISSI H. En réponse à : Misères du Sama Sporting Club des Balé : Où sont passés les filles et fils de la localité ?

    tous mes remerciements a ce journaliste qui n’a fait que relater les faits et donner le chemin a suivre pour que ce club puisse se maintenir en D1
    ce qui est malheureux c’est que ce ne sont pas les moyens qui manquent mais seulement une affaire d’interet
    Messieur les Maires vous interpeller (Boromo compte 10 Maires )

  • Le 7 mars 2010 à 13:26, par soumpourô En réponse à : Misères du Sama Sporting Club des Balé : Où sont passés les filles et fils de la localité ?

    Monsieur Jean de Dieu ZONGO, si vos recharches étaient un plus poussées, vous trouverez dans la Province des Balé qu’il existe une autre commune non loin de Poura à 6 km seulement au sud et à 52 km de Boromo, chef lieu un autre terrain qui repondrait aux normes de la Fédération Burkinabè de Football(FBF). Je vous apprends que cet terrain à été entièrement financé par les engagements nationaux il y a de cela 5 ans au moins. Les responsables de Sama Spoting Club des Balé le save bien.Sans trop me vanter, si Sama se produisait sur ce stade il fera bonne recette et cela poura à un temps soi peu régler les quelques petits problèmes en attendant que des sponsors plus solides leur viennent en aide. A moins qu’on veuille exclure cette commune qui est assez dynamique de cette province des Balé.
    Mr ZONGO, cherché et vous trouverez cette commune.

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