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Forum sur l’alternance, centre pour l’éthique judiciaire… : Des rayons supplémentaires de démocratie au Faso

Publié le mercredi 13 mai 2009 à 03h06min

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Pour des raisons indépendantes de notre volonté, nous n’avons pu honorer le rendez-vous de la semaine dernière. Nous vous savons suffisamment compréhensifs pour accepter nos excuses. Cela dit, les lecteurs que vous êtes auront appris que le président de l’Assemblée nationale nous a attribué un prix spécial à l’occasion de la cérémonie de remise des prix Galian le 7 mai dernier.

C’est l’occasion pour nous de témoigner notre gratitude à L’Observateur pour avoir accepté de partager ses colonnes avec nous et pour le travail constant d’amélioration des textes que nous rédigeons. Aux lecteur nous disons également merci, car c’est en dernière instance leurs réactions positives et surtout négatives qui font la notoriété de ce genre journalistique.

Pour en revenir à notre préoccupation du jour, disons que le constat se passe de commentaire : depuis quelque temps, le débat concernant la vie publique au Burkina Faso a gagné en dynamisme et en croustillance au regard d’un certain nombre de faits autour desquels bien des observateurs sont d’accord.

La présidentielle de 2010 et les législatives de 2012 sont-elles pour quelque chose dans ce regain d’activités de certains intellectuels et de certains politiques ? Certes, une réponse tranchée à la question ne sied probablement pas, mais on ne peut s’empêcher d’établir une relation de cause à effet ou, au moins, une corrélation, somme toute normales et compréhensibles, entre les différentes manifestations de ce qui se passe au Faso et les échéances électorales.

Ainsi, l’adoption, le 14 avril 2009, par 83 voix pour et 12 contre de la nouvelle loi portant statut de l’opposition par l’Assemblée nationale est un événement de taille qui va nécessairement influer sur la configuration du paysage politique du Burkina ; on s’en doute, l’adoption de cette loi a été fortement soutenue par le groupe parlementaire Alternance, démocratie et justice (ADJ) que préside Me Bénéwendé S. Sankara. Selon cette loi, « est considéré comme parti de l’opposition tout parti politique se déclarant opposé au parti ou au regroupement de partis politiques membres du gouvernement ou soutenant l’action gouvernementale... ». Tant et si bien qu’un parti comme l’ADF/RDA est dans une très mauvaise posture, lui dont les députés ont voté contre la loi, question de survie politique oblige. Malheureusement, cela s’est révélé être un combat d’arrière-garde.

Cela mis de côté, la tenue du 1er au 3 mai 2009 du Forum des citoyens pour l’alternance au Faso, organisé par Zéphirin Diabré et par nombre d’intellectuels confirmés de notre pays, est également un fait majeur qui mérite d’être noté ; les membres du Forum ont interpellé Blaise Compaoré sur « la corruption qui sévit dans la haute administration de notre pays, et dont ils ont la présomption qu’elle touche des dignitaires du régime ».

Dans ce registre, on ne peut se permettre d’oublier le lancement, le 5 mai dernier, des activités du Centre pour l’éthique judiciaire (CEJ), conduit par l’ex-magistrat aujourd’hui avocat Hervé Kam ; ce centre, qui se présente comme une sentinelle protectrice de l’éthique et de la déontologie au niveau de la Justice, promet de dénoncer et condamner les inconduites dans le monde de la justice et de travailler au respect des règles d’éthique et de déontologie, qui sont foulées au pied par certains...

Enfin, il y a la naissance, le 25 avril 2009, de Faso Metba (« Bâtisseurs du Faso »), un nouveau parti politique dirigé par le député Etienne Traoré qu’on ne présente plus. Si, par rapport aux trois premiers faits, l’impact de ce parti politique est à relativiser, pour le moment en tout cas, c’est surtout la personnalité de son leader qui suscite l’intérêt, car ce dernier, dans ses prises de position et sa virulence vis-à-vis des responsables actuels de la 4e République, n’a rien à envier à B. S. Sankara, Z. Diabré ou Hervé Kam.

Cette ambiance témoigne de l’intérêt accordé de plus en plus par les citoyens à la gestion de la chose publique. Hier, on se contentait de dénoncer, de crier, voire de calomnier. Aujourd’hui, on travaille à poser des actes qui prouvent que ce que l’on dit est basé sur des faits et non des soupçons. A priori, on peut penser que derrière ces actions se manifestent des esprits revanchards qui, sous le couvert de l’alternance et de l’éthique, veulent assouvir des desseins à la noblesse douteuse.

Il est certain que, dans la faune composite de ceux qui estiment, légitimement d’ailleurs, qu’ils peuvent succéder à B. Compaoré, ils sont nombreux à vouloir faire sa fête au régime actuel pour des raisons purement personnelles (souvent discutables).

Par ailleurs, ceux qui perçoivent les phénomènes actuels sous l’angle exclusif de militants forgés et formatés par le mouvement étudiant et la Révolution d’Août s’expliquent difficilement ce qui est en train de se passer, car, même si, dans leur conscience, ils sont partisans de la démocratie, leur inconscient a des difficultés à admettre que le pouvoir soit à ce point contesté et, pire, que l’on puisse parler du départ de B. Compaoré.

Il y a une troisième catégorie qui, ayant accumulé beaucoup de biens matériels, considèrent la perspective de l’alternance comme la fin des haricots. Alors, on est soit désemparé, soit indigné par ce qui est en train de se passer.

Seulement, pour le Burkinabè qui se considère d’abord comme un citoyen sur lequel s’est greffé le militant, ce qui est en train de se passer doit être appréhendé comme des rayons de soleil supplémentaires dans le ciel de la démocratie au Faso, et il lui revient d’en comprendre la dynamique et d’y apporter des réponses utiles à son parti et au pays tout entier.
Plutôt chercher à en tirer profit

En réalité, il faut plutôt chercher à tirer profit des avantages de l’inconvénient, dans l’hypothèse où l’on perçoit ce qui est en train de se passer comme une mauvaise chose. En termes d’avantages, la situation actuelle devrait, en principe, permettre : au président du Faso de confronter sa vision de l’alternance (car il est inimaginable qu’il n’en ait pas au moins une) à ce qui est en train de se passer ;

au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) de sortir de sa gestion au quotidien de son propre appareil et du pays pour concevoir une vision stratégique avec des personnes susceptibles de conduire la mise en œuvre de cette vision. Cela est d’autant plus pertinent qu’il se dégage l’impression que nombre de cadres des hautes sphères du parti sont plus préoccupés par les postes administratifs avec ce qu’ils comportent comme avantages que par le travail politique au sens noble du terme ;

au chef du gouvernement et à l’ensemble de son équipe d’être encore plus regardants sur leurs propres pratiques en matière de gestion des ressources de toute nature et sur celles de leurs collaborateurs ; - aux trois bras du système que sont la présidence du Faso, le gouvernement et le CDP de réaliser, dans les faits, une osmose dans cette lutte contre les maux qui minent la société burkinabè et dans la stratégie qui doit conduire à l’alternance. Tout autre scénario qui n’épouse pas, au moins, le fond de cette approche est un vain combat en perspective.

Z. K.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 mai 2009 à 14:09, par wend waoga En réponse à : Forum sur l’alternance, centre pour l’éthique judiciaire… : Des rayons supplémentaires de démocratie au Faso

    Mr Z.K.,merci pour cet article que vous vous etes efforcé de faire le plus proprement possible !On voit que,apparemment vous avez fait ces analyses sans parti pris,ce qui d’ailleurs est propre à tout journaliste digne de ce nom,et je vous tire MON CHAPEAU ! Cependant,le passage qui désigne ceux qui sont dérangés par les CONTESTATIONS du pouvoir comme ayant été FORMATÉS par LA RÉVOLUTION D’AOUT,est,je le crains fort bien,LA TACHE qui ternit l’éclat de votre si bel article ! En effet, ceux FORMATÉS à la Révolution d’aout sont sensés etre conscients du fait que tout POUVOIR qui vous est DONNÉ est synonyme de BEAUCOUP de BOULOT à abattre,et non voir ce pouvoir comme faisant de l’homme UN DIEU ou un LIEU DE BUISINESS !L’homme à l’esprit formaté par la Révolution d’aout ne CROIT PAS au facteur de L’AUTOSUFFISANCE du pays qui viendra D’AILLEURS,mais est convaincu que cela n’est faisable que par les DIRIGENTS et LES POPULATIONS du pays concerné !L’homme à l’esprit formaté par la Révolution d’aout est MALADE,quand il voit sur les marchés de son pays,des marchandises qui après avoir traversé DES MERS,DES AIRS,sont vendus MOINS CHERS que les MEME QUE LE PAYS PRODUITS !Si vous avez bonne mémoire(à moins que vous decidiez de jouer les AMNÉSIQUES !),comparez les voitures "DERNIER-CRI" ET BLINDÉES d’aujourd’hui des DIRIGEANTS,aux "R5" de CEUX que vous taxez ne PAS ADMETTRE QU’ON LES CONTESTE !Bien sur !vous direz que dans les années 80 il n’y avait pas bon nombre de ces véhicules-là,mais il y avait mieux que des "R5" !Et les DIRIGEANTS "QUI N’ADMETTAIENT PAS QU’ON LES CONTESTE"pourtant,préféraient la "R5" qui était MOINS COUTEUX pour les CAISSES DU PAYS !Si vous voyez aujourd’hui des dirigeants qui ont eu à occupé des postes pendant la Révolution d’aout et qui aujourd’hui ont un train de vie tellement OPULENT qu’ils ne voient pas le départ de Blaise,synonyme de la fin de l’opulence,d’un bon oeil,c’est qu’ils étaient mal à l’aise face à cette sobriété que la Révolution,CONSCIENTE du PEU DE RICHESSES dont dispose le pays,avait imposée à ses cadres !De ce fait,ceux-là n’étaient pas des révolutionnaires,étant donné qu’ils voyaient en cette sobriété UNE DICTATURE et de ce fait ne pouvaient pas etre permissibles aux enseignement de la FIERTÉ PATRIOTIQUE qu’administrait la Révolution ! Alors dites-moi en quoi des gens à l’ESPRIT FORMATÉ de la RÉVOLUTION D’AOUT peuvent etre DÉRANGÉS par les contestations qui sont faites au Régime de Blaise ? Amicalement à vous,Z.K !

  • Le 13 mai 2009 à 20:16, par Paris Rawa En réponse à : Forum sur l’alternance, centre pour l’éthique judiciaire… : Des rayons supplémentaires de démocratie au Faso

    Que le président soit le meilleur du monde ou pas, il doit céder la place à un autre Burkinabè. C’est le principe de la démocratie. Et de toute façon, s’il est vraiment le meilleur, il doit être bon et à l’aise dans d’autres fonctions aussi : il n’y aurait donc pas de raison qu’il s’accroche ainsi à un seul poste comme si sa vie en dépendait.

    Il y a des paysans qui se contentent de très peu toute leur vie et qui, contre vents et marées, assurent péniblement l’avenir de leurs enfants : ces compatriotes-là ne sont pas présidents, mais ils se sacrifient eux-aussi (et bien mieux que d’autres...) pour le devenir de notre pays. Que ceux à qui on demande de quitter légalement le pouvoir prennent une leçon de civisme chez nos modestes paysans.

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