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Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

Publié le mardi 5 mai 2009 à 12h57min

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Etudiants, travailleurs, près de 200 Burkinabè vivent en Rhônes-Alpes, dans le sud-ouest de la France. Ambassadeurs de leur pays dans cette région du sud-ouest de la France, ils entretiennent la flamme du patriotisme et de la culture burkinabè

Au soir du 2 mai, dans la grande salle de spectacle du Centre culturel œcuménique de Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise, en France, le président de l’Association des Burkinabè de Lyon (ABL), Thierry Simporé et ses camarades affichent une mine de satisfaction. Débutée le matin en présence de l’ambassadrice du Burkina au Danemark, Monique Ilboudo, de nombreux Burkinabè et Français de Lyon, mais aussi d’autres villes françaises, la quatrième édition de la Journée cultuelle burkinabè (JCB) qui s’achève, est un succès. De la conférence sur « Le rôle et l’évolution des femmes dans la société burkinabè » animée par l’ambassadrice Monique Ilboudo au concert live donné par des artistes burkinabè, Bebey Prince Bissongo, fils de l’Empereur Bissongo, le reggaeman Bassmandelson et MCZ, en passant par la projection de « La crèche de Hamed » du réalisateur Bernard Yaméogo, les contes de Ibrahima Kiénou et le défilé de mode assuré par des étudiants burkinabè, le public a répondu présent à toutes ces manifestations. L’objectif de la JCB, qui est de faire « découvrir quelques aspects esthétiques, littéraires, cinématographiques, culinaires et intellectuels » de la culture burkinabè est largement atteint.

La matinée a été marquée par la conférence sur « Le rôle et l’évolution des femmes dans la société burkinabè » animée par notre ambassadrice au Danemark, Monique Ilboudo, une figure du mouvement féministe burkinabè bien connue pour ses combats pour l’égalité effective des droits entre hommes et femmes. Avec un humour caustique, elle a épinglé les faits et comportements discriminatoires dont sont victimes les femmes. Alors qu’elles sont 7,2 millions sur une population de 14 millions d’habitants, le taux brut de scolarisation des filles plafonne à 48% contre 57% pour les garçons. Dans les différentes langues, cultures et traditions qui composent le Burkina, le rôle et la place de la femme est toujours secondaire dans l’organisation sociale, notamment dans l’accès à la chefferie, à la terre. A l’homme, les fonctions économiques et sociales, « la gestion des revenus qu’il ne produit pourtant pas seul, parfois même pas ». « Le travail d’un homme finit toujours » remarque t-elle, « alors que la femme a toujours quelque chose à faire et ne s’arrête que lorsqu’elle est exténuée ». En Afrique noire, la femme travaillerait 2 h 30mn de plus par jour que son époux, contre 55 mn en Afrique du Sud et à Madagascar et 38 mn en France. Alors qu’elles produisent 80% à la production des ressources, les femmes n’en profitent cependant que de 5%. Elles sont les oubliées du développement.

A en croire la conférencière, l’homme devrait pourtant remercier la femme de l’avoir sorti de la barbarie. Se marier « Y kaandom » en mooré, ne signifie t-il pas littéralement « sortir du cru ? », c’est à dire sortir de la nature. En se mariant, la femme apprend à son époux qu’il ne faut plus manger les aliments crus, mais cuits. Elle l’humanise en quelque sorte en l’arrachant à son immédiateté pour l’initier à la culture et à la civilisation.

L’ambassadrice Monique Ilboudo

Dans l’histoire, c’est par pur machisme que l’on cite Ouédraogo comme l’ancêtre des mossis, car « il est évident pour moi que c’est bien Yennenga. Si elle ne s’était pas enfuie sur son cheval et rencontré Rialé, il n’y aurait pas eu de Ouédraogo ». D’ailleurs, « qui est ce Rialé et sait-on avec certitude d’où vient-il ? », interroge la conférencière. Avis aux historiens ! Voilà qui aurait dû pousser les Mossis à être matrilinéaires, mais hélas !

Comme Yennenga, les femmes bBurkinabè ont toujours pris une part active dans les combats pour la liberté, l’indépendance et le développement du pays. Selon l’ambassadrice, l’avènement de la révolution (1983-1987) a représenté une étape importante dans l’histoire du combat des femmes pour l’émancipation, grâce notamment à l’adoption du code des personnes et de la famille qui a institué l’égalité entre l’homme et la femme et la cogestion du ménage. Les femmes ont profité du parapluie révolutionnaire pour sortir et s’organiser en association ou groupement et depuis, « il n’est plus possible de les faire rentrer ».

Après deux heures de débat, le public a pu apprécier l’art culinaire burkinabè fait de brochettes et de beignets, le tout arrosé avec, au choix la bière brassée ou le « dolo de Koupéla » préparé et servi dans une ambiance de cabaret par Marie-Joseph Kaboré.

Créée depuis quatre ans, l’Association des Burkinabè de Lyon vise à permettre l’intégration de tous les nouveaux arrivants, promouvoir la solidarité entre les Burkinabè de Lyon, faire connaître la culture du Pays des Hommes intègres dans la région. « Nous souhaitons que les Burkinabè de Lyon et de la région tissent entre eux des relations fraternelles et amicales sans oublier des actions en faveur de nos frères et sœurs au Burkinab Faso », explique le président de l’Association des Burkinabè de Lyon, Thierry Simporé.

Afin de faciliter les contacts entre les étudiants burkinabè et les entreprises de la région lyonnaise, l’ABL a organisé début avril 2009 un carrefour des métiers, une opportunité pour les étudiants de bénéficier des conseils de chefs d’entreprises dans leur orientation ou réorientation professionnels. Dans un proche avenir, l’ABL compte établir un partenariat avec l’Association des enseignants de sciences physiques du Burkina (AESBP) en finançant l’achat d’une table de physique ou de chimie. L’association souhaite être plus impliquée dans le renforcement des relations de coopération entre Lyon et Ouagadougou. Depuis plus de dix la mairie de Lyon appuie la municipalité de la capitale burkinabè dans l’entretien des voiries et du traitement des ordures.

C’est aux environs de minuit, sur les notes musicales de Bebey Prince Bissongo et son orchestre qui vient d’interpréter « Bissongo lebg wa », le titre phare des Léopards de Bobo dans les années 70, que s’est close la quatrième journée culturelle des Burkinabè de Lyon. Rendez-vous l’année prochaine.

Joachim Vokouma,
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 mai 2009 à 22:23, par leboss En réponse à : Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

    Bonjour à tous les lecteurs de lefaso.net. Si je me permets de répondre à cet article, c’est parce que par mes critiques, je crois pouvoir apporter des idées pour les prochaines journées culturelles.
    Tout d’abord, je voudrais remercier les organisateurs pour cette journée qui s’est bien passée. J’ai néanmoins quelques remarques à faire :
    Au niveau des plats proposés (que je ne vais pas lister ici) je regrette qu’il n’y ait pas eu le plat principal du burkina : le haricot (plus connu sous le nom de binga...un clin d’oeil au passage à MCZ qui était présent). Je ne conçois pas de journée culturelle de sénégalais sans le tchep djen, ou encore de journée culturelle d’ivoiriens sans foutou, placali, foufou...
    En plus, comment pouvez-vous (les organisateurs) m’expliquer le prix assez onéreux des repas et autres prestations (10 euros + 10 euros + 5 euros + ...) ?
    Entre nous, on sait que toute association bénéficie de subvention, et bien on utilise ces subventions pour proposer des tarifs abordables (surtout que les gens présents étaient en grande partie des étudiants ou des étudiantes). Franchement, pour avoir participé à des journées culturelles de camerounais, de sénégalais ou encore d’ivoiriens, je crois qu’on peut mieux faire. Ne perdons pas en vue le but principal d’une journée culturelle : faire connaitre le pays à travers sa gastronomie et ses traditions entre autres.

    Sinon, j’ai trouvé bien l’organisation de la conférence (qui a abordé un sujet d’actualité) et aussi la vente de dôlô (lol)
    Prenez celà comme des remarques constructives ! (au nom de la liberté d’expression)

    PS : vous avez certainement compris que j’étais à la journée cuturelle.

  • Le 6 mai 2009 à 01:28, par ouat En réponse à : Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

    Bonjour, la fête fut belle à villeurbanne. On était au faso pour une journée et c’est vrai qu’on peut mieux faire encore dans l’organisation. Sinon bravo à mes compatriotes de Lyon pour leurs initiatives et ambitions... Le concert avec Bebey Prince Bissongo,Bass Mandelson et MCZ nous a bien fait bouger et encore bravo à ces artistes dommage que c’était pas assez long faute de temps. ouat !

  • Le 7 mai 2009 à 06:41, par Fanta En réponse à : Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

    Juste une mise au point géographique : Villeurbanne est située à l’est de la France et non à l’ouest

  • Le 15 mai 2009 à 21:50, par prudencia78 En réponse à : Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

    tout dabord je félicite les organisateurs de cette manifestation culturelle. c’est domage pour moi, j’habite dans le vaucluse et je n’ai pas eu vent de cette journée comme bon nombre de nos compatriotes. je souhaite que les prochaines activités, une amelioration de l’information,que plus de burkinabes soient bien au courant.

    Ps : la region Rhones-Aples se trouve dans le sud-est de la france et non le sud-ouest.

  • Le 16 mai 2009 à 21:43 En réponse à : Burkinabè de France : Villeurbanne au rythme de la culture burkinabè

    j’y étais également et j’avoue qu’en l’espace d’une journée on s’est cru au Burkina. belle initiative en tout cas. je viens également appuyer les propos d’une personne qui s’est exprimé avant moi concernant les prix . c’est vrai que pour qui connait la situation de certains étudiants, ce n’est pas du donné de dépenser 25 euros (10+10+5) juste pour la projection et la soirée sans compter la consommation. un aspect donc à revoir pour que la prochaine fois le plus grand nombre puisse accéder.

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