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Tradition et crise économique : Un nécessaire retour à nos valeurs

Publié le mardi 14 avril 2009 à 21h23min

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Modeste Yaméogo, Naaba Saaga 1er d’Issouka

Pour le chef du village d’Issouka (Koudougou), notre confrère Modeste Yaméogo, les chefs traditionnels doivent lier tradition et actualité de l’heure. A ce titre, il dit ici, dans ce message livré à l’occasion de sa fête traditionnelle, ce qu’il pense du rôle de nos traditions en ces temps de crise économique.

Voici venu ce jour solennel de chaque année où, ensemble, nous rendons hommage à nos illustres ancêtres qui nous ont précédés et qui nous ont légué les traditions culturelles qui font notre cohésion et notre unité. Ces cérémonies interviennent dans un contexte où le mot « crise » est sans doute le vocable qui revient le plus souvent depuis quelques temps dans les médias. Les préoccupations sont réelles. Le martèlement de tous ces événements peuvent donner l’impression que nous sommes engagés dans un processus de longue et douloureuse fatalité.

Nous avons cependant, nous Africains, des raisons d’espérer. Ces raisons d’espérer existent, en effet, dans les profondeurs de notre culture si riche de nos terroirs, celle qui constitue le socle de notre identité culturelle et nos valeurs essentielles africaines. Cette culture nous baigne et demeure la sève nourricière de nos vies, un patrimoine que nous avons le devoir de transmettre aux jeunes générations.

Nous pouvons affirmer que la crise que nous traversons n’est pas seulement économique ou financière. Il s’agit d’abord d’une crise de société qui poursuit le modèle d’une économie basée sur le gain facile et rapide, au détriment de la justice, de la solidarité ou des valeurs éthiques les plus élémentaires qui étaient les référentiels de nos sociétés traditionnelles depuis la nuit des temps.

Très humblement, je pense que nous devons revisiter nos modèles de développement à partir de nos fondements culturels pour affronter les défis du 21è siècle. Jusqu’où faut-il aller avec une modernité qui propose la rupture d’avec notre histoire, notre culture, notre rêve d’appartenir au monde avec nos spécificités et nos traditions ? Nos fondements traditionnels peuvent apporter au monde, qui se construit sous nos yeux, notre part d’humanité. La chefferie traditionnelle a alors un rôle de premier plan à jouer.

Les ancêtres de son Excellence le Naaba Sanem Chef de la province de Lallé, et ceux de sa Majesté le Moogho Naaba Baongho, Empereur des Moose, sont de la même lignée. Aujourd’hui leurs petits fils sont les dignes dépositaires de notre culture et perpétuent nos traditions multiséculaires. Sous leur ombre, je me permets de solliciter leur bienveillante autorisation pour vous remercier de votre déplacement à Issouka.

Vous êtes venus à Issouka, 1er quartier de la ville de Koudougou « Parce que la touffe d’arbustes loge au milieu de la concession, elle ne sera jamais détruite. Non seulement elle recevra soins et protection des habitants de la maison mais en plus, elle sera arrosée par les eaux et par la pluie. Et la touffe grandira. Plus elle grandit, plus elle apporte douceur, calme et paix ». Voilà donc résumé la symbolique de Issouka, de mon nom de règne et de ma concession : Maasmè. Aujourd’hui à Issouka vivent en parfaite intelligence des populations originaires d’autres contrées comme les Gourounsi, les Peulh, les Bissa et même des Samo..

Le Naaba Saaga1er d’Issouka en sa 4ème année de règne invoque ici de manière solennelle ses ancêtres, ses aïeuls qui reposent sur les rives du Bulkiemdé pour qu’ils vous assistent dans votre quête de paix, de bonheur pour vous, pour vos enfants et pour les enfants de vos enfants.
Heureuse année traditionnelle à toutes et à tous.

Maasmè le 28 mars 2009
Naaba Saaga 1er d’Issouka
Saaga1er@gmail.com

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Vos commentaires

  • Le 15 avril 2009 à 13:55, par Progressiste En réponse à : Tradition et crise économique : Un nécessaire retour à nos valeurs

    Je pense très franchement qu’il faut arrêter toutes ces histoires là et avancer. le monde va de l’avant et non en arrière. l’âge d’or de l’homme noir est -il en arrière ? c’est comme si les gens se plaient dans l’eternel recommencement comme le disait Sarko à Dakar.
    Tous les peuples du monde ont connu une histoire mais ce sont resolument engagé vers la voie de la modernité. Partez à Shangaï ou a Pekin, vous verez que les jeunes s’embrassent dans la rue, mangent des fast food, font des orgies dans les boîtes de nuit. Qui l’aurait imaginé 50 ans en arrière !
    Personne n’a le monopole du savoir. le savoir universel est l’oeuvre de tous les peuples. on doit donc apprendre à les utiliser à bon escient pour un meilleur epanouissement de notre peuple.

    Un progressiste !

  • Le 15 avril 2009 à 16:29, par Culturel En réponse à : Tradition et crise économique : Un nécessaire retour à nos valeurs

    bonjour. je suis très désolé par la réaction de cet internaut. il a fait preuve d’ignorance notoire des fondements de la culture d’un peuple.
    le passé est devant nous, ce qui est vrai car le passé est , en permanence, décodé au présent par le site( le milieu social). En d’autres termes, le futur probable est un passé revisité par le présent.les petits chinois qui s’embrassent ont du respect pour leurs valeurs culturelles et perpétuent la solidarité, l’unité et l’entraide dans les entreprises.ils respectent les biens publics car ils ont foi à la collectivité dans la mesure où ils sont conscients qu’aucun homme n’est une ile.la modernité ne veut pas dire qu’il faut jeter tout. même le progrès donc vous pensez-en être le défenseur s’enracine dans le passé si non il n’aura jamais lieu.Ce que le chef de Issouka dit ne signifie pas qu’il faut empecher les gens de s’embrasser ni de manger au Mac Doanald. d’ailleurs si c’est cela que vous appelez progrès, vous êtes à côté de la Plaque.En jugeant ainsi les propoos du chef, vous comprennez la culture dans son sens de culturalisme, c’est à dire une donnée statique, constante et un determinisme anti-progrès.
    or, la culture est une entreprise, elle est une construction et suppose un dynamisme.
    Bien de choses à vous

    • Le 16 avril 2009 à 18:20, par lilboudo En réponse à : Tradition et crise économique : Un nécessaire retour à nos valeurs

      Désolé de prendre votre contre pieds, mais sincèrement ces naaba et autres défenseurs des traditions n’ont freinent dans notre progrès. A y voir clair, dans leur conception "culturelle" ils n’y voient que danse, masques, encore moins que certains songent à citer solidarité (sic), respect des ainés (sic)...Embrasser des valeurs qui nous font progresser comme la prise de risque, le sens de l’innovation (ce qui est contre "ce que nos ancetres nous ont legué), la recherche effrenée du travail bien fait ne sont pas seulement culturelles, mais aussi universelles. Nos particularismes attardés font de nous de ce que nous sommes : particuliers, c’est à dire pauvres !!!!!!!!!!!

  • Le 25 mai 2009 à 09:13 En réponse à : Tradition et crise économique : Un nécessaire retour à nos valeurs

    je me demandais ou tu étais passé. te voila naaba ! Toutes mes felicitations pour ta prise de fonction dont comme je le vois tu as conscience que c’est une responsabilité. Je ne doute pas que tu sauras etre a la hauteur. Que Dieu et les ancetres te soutiennent dans le service envers tes prochains
    Somé Celestin

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