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Salifou Ouédraogo, président de la communauté burkinabè de Hambourg

Publié le jeudi 18 décembre 2008 à 09h50min

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En Allemagne, comme dans tous les pays européens, il n’est pas facile
de se faire une place au soleil. Et pourtant, Salifou Ouédraogo, Burkinabè de son état, a réussi à franchir cette barrière. Il a créé une société de taxis à Hambourg dont le capital est de 70 000 euros (plus de 4 milliards
de F CFA). Aujourd’hui, président de la communauté burkinabè de Hambourg, l’homme a de multiples projets pour le Burkina Faso. Itinéraire d’un combattant surnommé « Burkina » en Allemagne.

A 46 ans bien sonnés, Salifou Ouédraogo est l’exemple du Burkinabè « bon teint » vivant en Allemagne. Surnommé « Burkina » tant par les Allemands que par ses compatriotes burkinabè, il est à la tête d’une société de gestion de taxis compteurs à Hambourg, la ville la plus industrielle d’Allemagne située à 300 Km de Berlin. Avec un capital de plus de 4 milliards de F CFA, la société « Taxi Für Alle » dispose de cinq voitures de luxe. Normal, puisque dans ce pays, les taxis sont des voitures de luxe qu’on dirait « dernier cri ». Cependant, cet homme, né au Ghana, de père et de mère burkinabè a traversé la vie, surmonté monts et vallées avant d’arriver à ce stade. Parti du Ghana, il y a une vingtaine d’années, il a roulé sa bosse un peu partout. Un aventurier atypique.

Parmi ses pays de « chasse aventurière », le Nigéria, la France, la Belgique, la Hollande pour finir poser son baluchon à Hambourg (Allemagne). Dans cette ville industrielle par excellence, avec ses ports et ses usines, l’homme travaille dans le noir afin de pourvoir à sa subsistance. « Ce n’était pas facile car l’Europe est très dure », dit-il, l’air pensif. Ainsi, grâce à un ami ghanéen, il obtient « un toit où reposer sa tête ». Petit à petit, il construit son nid sur le plan des affaires. Sachant qu’il est difficile d’obtenir les documents administratifs légaux en Allemagne sans avoir d’attache familiale dans ce pays, Salifou rencontrera son âme-sœur de nationalité allemande. Après les noces, il obtient le titre de séjour afin de travailler en toute quiétude en Allemagne. « Avec une famille, il fallait me battre pour les nourrir et assurer la scolarité de mes enfants », explique-t-il.

Du docker à l’homme d’affaires « Burkina », comme on l’appelle, va au four et au moulin. En Allemagne, il commence d’abord par le travail ouvrier. « Lorsqu’on est en Europe, les gens pensent qu’on peut facilement travailler et avoir de l’argent alors que la vie ici est très difficile sur tous les plans », explique Salifou. Dans ce cas de figure, il opte pour la charge des marchandises sur les conteneurs au port, communément appelé les « dockers ». C’est son premier boulot. Il y passe trois ans. Par la suite, il s’essaie à la maçonnerie avec la pause de carreaux et de plaques sur les bâtiments.

A force de travail, il séduit son employeur qui le promeut de poste en poste, puisque l’homme est titulaire d’un Baccalauréat ghanéen. Il économise petit à petit afin de voir dans quel créneau investir. Il étudie l’allemand et passe son permis de conduire. Le créneau est tout trouvé pour lui car, puisqu’étant ouvrier-maçon, à ses heures perdues, il était conducteur de taxi, « Burkina » se lance dans ce domaine. Pourquoi ? « Parce que je maîtrisais ce domaine pour y avoir travaillé depuis plus de dix ans », avoue, Salifou Ouedraogo. L’homme qui connaît très bien cet adage, sacro-saint principe en Europe, « chacun s’asseoit Dieu le pousse », se débrouilla seul pour passer d’un taxi à deux, puis trois à cinq, de nos jours.

Marié et père de trois enfants, Salifou Ouédraogo emploie une dizaine de travailleurs de nationalités différentes tant européennes qu’africaines. A la tête de la communauté burkinabè de Hambourg, l’homme n’oublie pas ses projets pour sa patrie. En dépit des nombreux dons en nature et en espèces, il a fait construire un moulin et fourni le matériel pour les besoins du village. « Mon projet est de construire une maison des jeunes, agrandir le CSPS et construire un marché dans mon village », a-t-il confié. En attendant la réalisation de ses projets, Salifou compte investir au Burkina Faso afin de contribuer au développement de sa patrie.

Daouda Emile OUEDRAOGO
Envoyé spécial en Allemagne
daouda.ouedraogo@sidwaya.bf

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