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Le casse tête-chinois des artisans du bronze

Publié le jeudi 6 novembre 2008 à 09h23min

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Il est difficile d’organiser une exposition de l’artisanat sans les produits du bronze. A cette 11eme édition du SIAO, comme à l’accoutumée, les artisans qui présentent des produits en bronze sont nombreux. Mais tous sont inquiets. Ils ne sont pas sûrs de faire de bonnes affaires. Les produits coutent cher. La pénurie du bronze est la cause de cette inquiétude.

Pascal Bouda est un artisan burkinabè du bronze. Il y a deux ans de cela, il ne se plaignait de rien pour ce qui concerne son métier. Au SIAO 2006, il a fait de bonnes affaires. Mais juste après cette édition, sa vie est devenue un cauchemar. Plus rien ne va dans sa fonderie. Le bronze se fait de plus en plus rare. « Depuis deux ans on est confronté à un gros problème. Le bronze n’est plus disponible », nous confie t-il avec regret.

Avant, Pascal trouvait le bronze dans les environs de son atelier. Aujourd’hui, il est obligé de parcourir des kilomètres pour trouver la matière première. Ce qui contribue à ralentir ses activités. Les causes du problème ne sont pas très précises. Mais une piste est de plus en plus dénoncée pas les artisans bronze. Bon nombre d’entre eux disent que le bronze fait les frais de l’exportation massive des métaux vers l’Asie. « Je ne sais pas trop ce qui se passe mais beaucoup de personnes disent qu’il y a des gens qui achètent tout ce qui est métal pour l’exporter en Asie. Et le bronze n’est pas exemptée ». Il n’est pas rare de constater en circulation des camions-remorques remplis de fer. Est-ce la véritable source du problème ? On ne saurait le dire. Quoi qu’il en soit, l’impact du problème est très important.

Toute une communauté en ballotage.

A Ouagadougou, il y a un quartier dont tous les habitants vivent du bronze. Il s’agit de « Yongsin ». Selon les anciens, dans le temps, les habitants de ce quartier était chargés de fournir les femmes du Mogho Naba ainsi que les princesses de la cour royale en bijoux, et autres objets de décoration. L’empreinte culturelle serait restée gravée dans la mémoire collective du quartier, si bien que aujourd’hui encore, tout le monde travaille le bronze. La pénurie de bronze affecte donc beaucoup de personnes.

Au delà des artisans de « Yongsin », c’est tout les professionnels burkinabè du bronze qui sont touchés. L’impacte est perceptible dans l’approvisionnement en matières premières, à l’écoulement des produits finis. « Avant, j’investissais 5000 FCFA dans la production des petits objets pour les revendre à 8000 F. Aujourd’hui, je suis obligé de mettre au moins 8000 F dans la production et revendre à 10000 F. Les produits coutent chers et c’est difficile de faire des bénéfices » explique Pascal Bouda. Pour s’adapter à la situation, les artisans essayent de fidéliser les clients qui sont des grossistes pour la plupart. « Avec eux, on essaye de baisser les prix. Mais malgré ça, nous ne gagnons plus autant d’argent qu’il y a deux ans. Puisqu’ils sont nos principaux clients. Alors que avant, il y avait, et les grossistes, et les acheteurs nationaux, et les acheteurs européens et autres ».

Qu’à cela ne tienne, les artisans ne baissent pas les bras. Comme Pascal Bouda, ils sont nombreux, les artisans qui exposent et vendent des objets en bronze à la présente édition du SIAO. Ils espèrent faire de bonnes affaires, mais la conviction n’est pas au bout des lèvres comme en 2006.

Thierry Rolland Ouédraogo

Lefaso.net

P.-S.

Lire aussi :
SIAO 2008

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