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Alain Yoda : “Le vrai wack, c’est le travail”

Publié le vendredi 12 septembre 2008 à 08h40min

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Demain 13 septembre 2008, s’ouvre une Convention statutaire du CDP. Que peut-on attendre de cette instance qui se tient entre deux congrès ? Le cas des “refondateurs” sera-t-il définitivement réglé lors de ce jamboree politique ? Que deviendra le poste de Salif Diallo, en partance pour l’Autriche ? Le CDP est-il déjà en rassemblement pour la présidentielle de 2010 ? Sur toutes ces questions et bien d’autres, Alain Yoda, qui vient d’être “bombardé” chef de la diplomatie burkinabè à la faveur du récent remaniement, par ailleurs porte-parole du parti majoritaire, répond à ce dernier titre.

Vous êtes le porte-parole du CDP. Les 13 et 14 septembre, une Convention statutaire est prévue. Quelles sont les grandes décisions qui sont attendues ?

• La Convention est prévue par les statuts du parti. Les articles 63, 64, 65 organisent cette Convention qui se veut l’instance entre deux congrès pour discuter de la vie du parti et des questions d’importance auxquelles la nation est confrontée. Donc, les grandes décisions seront connues après la Convention. Ce qui est sûr, des points importants tels que la vie chère et les grandes réformes politiques et institutionnelles seront à l’ordre du jour.

S’il y a bien un problème qui touche directement le parti, c’est le cas des refondateurs. Qu’est-ce que vous en pensez ?

• En tant que porte-parole du CDP, je me dois de réaffirmer qu’au sein du parti il y a la liberté de parole, la liberté d’opinion à partir du moment où on reste dans le cadre de notre plate-forme politique et de notre option politique. Dès lors qu’on sort de ce cadre-là, on entre dans l’indiscipline et c’est ce que nous estimons anormal.

Autant il est bon que le linge sale se lave en famille, si linge sale il y a, autant il est inconcevable que, sans qu’on ait épuisé des questions internes, celles-ci se retrouvent sur la place publique et surtout lorsqu’on est membre même de la direction du parti. Je vous rappelle que les camarades Moussa Boly, Marc Yao, Pierre Tapsoba sont membres du bureau exécutif national et forcément participants de la Convention.

Alors, je ne vois pas comment on peut dire que la direction du parti n’a pas fait ci, n’a pas fait ça pendant qu’on est membres de cette direction. A mon avis, il y a là une incohérence dans l’argumentaire.

Achille Tapsoba affirme dans une interview parue le 8 septembre 2008 que cette convention ne va pas trop s’attarder sur le cas des refondateurs qui empoisonne pourtant la vie du parti. Vous confirmez ?

• Il n’y a pas d’empoissonnement de la vie du parti. Il y a eu des éléments qui ont exprimé des points de vue qui n’entraient pas dans l’ordre normal de la vie du parti. Conformément à nos statuts et à notre règlement intérieur, le CDP a pris ses responsabilités. Il appartient aux prochaines instances, convention et congrès, de décider du sort de ces camarades.

Le président a été très clair là-dessus : lorsqu’au sein du parti, quel que soit le membre, quel que soit son niveau, quand il a eu à tenir un certain nombre de propos, si l’on estime que ses propos n’entrent pas dans la ligne et dans la démarche du parti, la seule chose qui reste, c’est de faire son autocritique et si celle-ci est faite il n’y a pas de problème.

La Convention va parler de la vie du parti. Les militants seront libres de poser le problème. S’il est posé, les mêmes réponses vont être apportées à ceux qui l’ont posé.

Puisque les refondateurs affirment qu’ils ne quitteront pas le parti. Est-ce que nous allons vers leur exclusion ?

• Si la question soulevée par ces éléments est posée à la Convention, les discussions auront lieu. Mais en tout état de cause, selon nos statuts et règlement intérieur, il n’y a que le Congrès qui puisse décider d’une mesure définitive.

Justement, un des griefs de ces refondateurs contre la gestion du CDP est qu’il y a absence de démocratie. Ces critiques ne sont-elles pas fondées ?

• Quel est le parti au Burkina Faso où la parole est autant laissée aussi libre aux militants plus que le CDP ? Depuis la création du parti, il y a eu trois congrès et depuis le dernier congrès du CDP, nous avons eu trois sessions du bureau politique national et vingt-trois sessions du bureau exécutif national. A l’intérieur de toutes ces instances, il y a eu des discussions. Chacun demande la parole, la prend et s’exprime librement.

Au cours de nos sessions, que ce soit au SIAO où à la Maison du peuple, les questions qui intéressent les militants sont toujours posées et trouvent toujours des réponses. Maintenant je ne sais pas à quel moment on estime qu’il n’y a pas de liberté de parole, qu’il n’y a pas de démocratie interne. La démocratie, ce n’est pas l’unanimisme, quand tout le monde est d’accord, puisqu’un parti est une association.

S’il y a l’unanimisme, il n’y a même plus de démocratie parce que la véritable démocratie c’est lorsqu’il y a une synthèse des idées émises de part et d’autre au cours d’une discussion. Le CDP ne se sent pas concerné par cette déclaration.

Est-ce que dans ce cas de figure, ce n’est pas la seule voix de Blaise Compaoré qui compte dans cette affaire ?

• Mais je n’ai jamais vu Blaise Compaoré ni à nos congrès, ni aux sessions de nos différents bureaux, encore moins à nos conventions. Pourtant j’y participe depuis que le CDP est créé.

Sa voix est peut-être une voix “off” mais dont on tient toujours compte lors de ces différentes instances.

• Le camarade Blaise Compaoré est l’un des géniteurs sinon même le géniteur du CDP. En ce sens là, on ne peut pas dire que sa voix ne compte pas. Cependant, sa voix n’empêche pas les militants de débattre des questions relatives à la vie du parti.

Et à partir du moment où l’intéressé ne vient pas à ces instances, et n’a jamais, à ma connaissance, donné des directives disant ce qui doit être adopté, moi je ne vois pas en quoi finalement il n’y a que la voix de Blaise Compaoré qui compte.

Les refondateurs eux aussi sont, ainsi que certains les ont surnommés, « des militants de la 25e heure » tout comme vous. Eux ont décroché mais vous continuez votre ouvrage. Quel est votre secret ?

• Il n’y a pas de secret et je réfute le terme de 25e heure. Je ne suis pas un ouvrier et encore moins de la 25e heure. Le CDP est la fusion de treize formations politiques et ce, depuis le 5 février 1996. Je suis un des membres fondateurs du CDP.

La 25e heure ne me concerne pas et je ne pense pas que ça concerne un membre quelconque du parti. Si j’étais entré dans l’ODP/MT et qu’on me disais que j’étais ouvrier de la 25e heure, j’aurais bien accepté. Mais je n’y suis pas entré.

Un autre problème, le cas Salif Diallo. Maintenant que son départ pour l’Autriche est confirmé, qui va le remplacer comme 1er vice-président et “représentant suprême du CDP au Nord ?”

• Attendez, vous le verrez. Il y a des camarades qui sont hors du Burkina, et qui sont toujours membres du bureau politique national. Si jamais, il doit y avoir un remplacement, vous le saurez en temps voulu. Ce n’est pas parce que le camarade Salif Diallo n’est pas au Burkina, qu’il ne peut pas participer de là-bas à la vie du parti.

Avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, les concertations sont possibles à tous les niveaux. Le CDP est quelque chose d’organisé, de maîtrisé. Nous ne disons pas qu’il n’y a pas de problèmes, nous les gérons comme le grand parti que nous sommes.

Vous êtes au gouvernement sans discontinuer depuis 12 ans ; est-ce qu’il ne vous arrive pas d’être fatigué ?

• (Rires) A votre niveau, vous avez dû aussi graver des échelons. Est-ce que vous êtes fatigué ? Moi, j’ai choisi d’être agent public de l’Etat et je suis à la disposition de l’Etat burkinabè.

Mais, on est en Afrique, et vous devez avoir certainement un bon wackman. Est-ce que vous pouvez nous filer son adresse ?

• (Rires). Honnêtement, sans vouloir insulter personne, je ne peux pas dire que le wack n’existe pas, mais si je peux vous donner un conseil, je vous dirais que dans la vie, ce qui paye, c’est la loyauté, le travail, le regard permanent sur la gestion des hommes. C’est ça, le vrai wack.

La présidentielle est en principe dans 14 mois, est-ce que cette convention des 13 et 14 septembre annonce déjà que le CDP est dans les starting-blocks pour faire rempiler son “militant émérite”, Blaise Compaoré ?

• Ne mettez pas la charrue devant les bœufs. Le reproche qui est souvent fait aux politiques avec juste raison, par les journalistes, est de ne pas faire souvent fonctionner les structures, qu’ils ont librement créées. Nous, nous voulons le faire parce que c’est ça la vie d’une structure politique, démocratique. Lorsque viendra le moment de parler de la présidentielle, le parti fera ce qu’il faudra faire pour que le candidat choisi puisse être élu

Interview réalisée par
Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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