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Augmentation des prix des transports : Le Burkina doublement enclavé

Publié le vendredi 22 août 2008 à 12h13min

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Depuis les augmentations des prix des hydrocarbures, le prix du ticket de voyage a connu une flambée que l’on pourrait dire disproportionnée. Sur certains axes inter-urbains, le prix du ticket est passé du simple au double. Des transporteurs ont automatiquement haussé les prix de 50%. Par exemple, pour se rendre à Bobo Dioulasso, dans la deuxième ville du pays située à 360 Km de la capitale Ouagadougou, il faut débourser 7 000 F CFA. Il y a deux mois, c’était presque la moitié.

Il en est de même sur d’autres destinations comme Ouaga-Gaoua, Ouaga-Fada, Ouaga-Kaya, etc. Les prix des transports entre Ouagadougou et les autres capitales et villes des pays voisins ont été également revus à la hausse, parfois de façon peu raisonnable.

La cherté des transports complique davantage la situation des Burkinabè et du Burkina. Pays enclavé, les Burkinabè vont connaître un double enclavement : enclavement intérieur du fait qu’on ne voyagera plus fréquemment à cause de la hausse des tickets de voyage ; enclavement, plutôt isolement international du fait de sa situation géographique qui ne lui donne pas directement accès à la mer. Voyager est devenu un luxe pour une catégorie de Burkinabè.

Ce ne sera pas sans dommage sur les relations de solidarité, même s’il faut admettre aujourd’hui que la téléphonie mobile a réduit considérablement les distances et rapproché des familles, voire les villes et les villages. Mais un coup de fil ne sera jamais comparable à la présence physique auprès d’un parent en ses moments de joie et de tristesse. Chacun de nous a déjà entendu ces propos à l’issue d’une visite au village, chez un parent ou chez un ami : " Même si tu ne nous avais pas donné quelque chose, le fait que tu sois venu est largement suffisant." En clair, cela signifie que nous sommes dans une société où les relations ont beaucoup d’importance et un coup de téléphone ne pourra jamais remplacer la présence physique, surtout pendant certaines circonstances. Et la flambée des prix dans les transports va affecter considérablement ces relations sociales. Elles seront plus distendues. Les brassages des populations que permettent les voyages vont s’en trouver compromis.

Les voyages sont l’essence du développement, car permettant les échanges. Plus que tout autre, le Burkina sait ce que lui coûte son enclavement international. Et l’enclavement intérieur résultant de la cherté des voyages va être de nature à accentuer le sous-développement et la pauvreté des populations.

Ces considérations devraient conduire le gouvernement à se pencher sur la question de la flambée des prix des transports. Mais, on a l’impression qu’il est sourd aux gémissements des hommes et des femmes déjà éprouvés par la vie chère. Le gouvernement a laissé les populations entre les mains du privé qui fixe les prix comme bon lui semble. Depuis l’apparition du fléau de la vie chère, le gouvernement burkinabè semble démissionner. Les mesures qu’il a prises ont été royalement foulées aux pieds par ses opérateurs économiques. Une intervention pour réglementer les prix des transports a toutes les chances de connaître le même sort.

Drôle de libéralisme qui s’est emparé du Burkina et qui rend le pouvoir incapable de "gouverner" pour le plus grand nombre, c’est-à-dire pour les pauvres. Ailleurs, pour trouver des solutions aux mêmes problèmes que vivent les Burkinabè, le gouvernement a initié des journées de concertations avec les acteurs du secteur. C’est par exemple ce qu’a fait le gouvernement ivoirien. Ces concertations ont permis de proposer des prix raisonnables. Pourquoi ne pas imiter ces exemples ? Le gouvernement, pour ne pas livrer les populations poings et pieds liés aux privés qui ne rêvent qu’au profit maximum, peut créer sa propre compagnie de transport interurbain qui pratiquerait des prix raisonnables, comme le faisait X9 du temps de la révolution .

C’est l’absence d’une réglementation nationale dans le secteur des transports qui est la cause de cette anarchie qui ne saurait s’expliquer seulement par les différentes hausses opérées par la Société nationale burkinabé des hydrocarbures. Comme du reste dans de nombreux autres domaines, c’est l’incapacité du gouvernement à protéger les populations contre toutes les formes d’anarques qui explique cette situation. Cette démission a pour origine l’immobilisme politique qui se caractérise par une incapacité d’innover. Le sort des masses ? Que chacun s’asseye et que Dieu le pousse.

Face à la cherté de la vie, face à la flambée des prix des transports, devons-nous recourir aux moyens de transports traditionnels en voyageant sur le dos des animaux : âne, cheval, chameau ? Le gouvernement doit travailler pour trouver une solution à la cherté des transports, comme à toutes les autres formes de cherté qui nous angoissent.

Le Fou

Le Pays

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