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Politique étrangère du Burkina Faso : pour des diplomates et non des ambassadeurs stars

Publié le lundi 11 août 2008 à 11h36min

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Le conseil des ministres du 4 août 2008, le dernier avant les vacances gouvernementales, a posé des actes symboliques en faveur de la politique étrangère du Burkina Faso. La nomination de diplomates à la centrale, l’affectation d’autres dans les missions diplomatiques, la création de l’Institut national des hautes études internationales (INHEI), etc., traduisent la volonté du chef de l’Etat de donner plus de visibilité et de lisibilité à l’action internationale du Burkina Faso, pour répondre aux nouvelles ambitions et responsabilités diplomatiques (…).

La politique étrangère du Burkina Faso comporte deux axes principaux : la paix et le développement, afin de donner une meilleure image du pays à l’extérieur. Comme toute action internationale, celle du Burkina poursuit trois intérêts capitaux : la sécurité du territoire, la prospérité du pays et le rayonnement international de l’Etat. Pour ce faire, les outils au service de la mise en œuvre de la politique étrangère du Burkina Faso sont divers. En plus de l’outil de coordination qu’est le ministère des Affaires étrangères, les départements chargés de la Défense, du Commerce, de l’Economie et des Finances, des Mines, de l’Environnement, de la Communication et de la Culture, des Enseignements, entre autres, constituent des instruments de la présence internationale du pays.

L’Assemblée nationale contribue par les actes législatifs et la diplomatie parlementaire à consolider cette dynamique. Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale du Burkina Faso, outil central de cette donne, a comme principales missions, la coordination, la facilitation, l’accompagnement et l’assistance des acteurs de la mise en œuvre de la politique étrangère. Les diplomates burkinabè, issus de tous les secteurs de la vie nationale, appuient les chefs de Mission diplomatique dans leurs fonctions de représentation, de protection, d’information, de négociation et de coopération aux niveaux bilatéral et multilatéral. La diplomatie est une profession qui exige des compétences particulières pour la gestion des affaires internes et externes.

Le diplomate doit avoir des connaissances multisectorielles et posséder des qualités comme la retenue, la réserve, la confiance en soi, la maîtrise de soi, et les pratiquer avec honnêteté. Les nouvelles ambitions du Burkina Faso et les missions confiées au pays par la communauté internationale dans la promotion de la paix et la gestion des crises exigent, en tous les cas, des diplomates, des réflexes particuliers. Sa présence au Conseil de sécurité des Nations unies et sa présidence de la CEDEAO et de l’UEMOA dénotent d’une confiance (voire d’une disposition favorable) placée à ce petit pays qui ambitionne de jouer honorablement sa partition. La marche actuelle des relations bilatérales avec la Côte d’Ivoire et les Etats-Unis d’Amérique, tout en traduisant les résultats satisfaisants atteints par les diplomates, constitue une interpellation à faire davantage pour mériter la confiance et la considération des partenaires. A cela s’ajoute le leadership pleinement assumé par le Burkina Faso à travers l’Initiative Coton.

En somme, il faut une action synergique entre la centrale et les ambassades pour une meilleure mise en œuvre de la politique étrangère du Burkina Faso dont l’objectif majeur est le rayonnement international du pays. Cela, en vue de susciter de réelles synergies pour construire la paix et le développement et pas seulement se contenter de l’assistanat. Les dernières responsabilisations des diplomates burkinabè traduisent cette volonté de mieux faire, au service de la paix et du développement. Ce qui appelle indubitablement les acteurs du paysage de la diplomatie burkinabè, à des changements de comportement ! En cela, et entre autres, la triade « Allogènes », « diplomates ou ambassadeurs stars » et « indisponibilité » doit sortir, par la petite porte, de leurs habitus. « Allogènes »… : voila bien un terme que certains diplomates de formation, en manque visiblement d’inspiration, utilisent pour indexer subjectivement et travailler à exclure, dans nos représentations diplomatiques, ceux de leurs pairs qui occupent certains postes de responsabilité, sans être passés par la formation classique de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) par exemple.

Et pourtant, la diplomatie ne doit pas être réservée aux généralités et aux B.A.BA livresques du métier de diplomate. Dans le contexte triomphant de la diplomatie burkinabè, bien malins sont ceux qui comprendraient les fondamentaux de la diplomatie de terrain : celle qui sait avec honneur et bonheur que même le mécanicien de niveau moyen, peut être très utile et donner de la poigne, à une délégation commise à l’achat de véhicules par exemple, pour un Etat aux ressources financières limitées.

D’où la diplomatie devrait être celle qui, sans hypocrisie enrobée dans un quelconque verbiage, est riche de toutes les sciences, de tous les savoirs. « Diplomates ou ambassadeurs stars » ? Oui, il s’agit de ces diplomates ou ambassadeurs, bien souvent diplomates de formation, qui à force d’être trop sûrs d’eux-mêmes, de vouloir être des stars sur les terrains et sentiers où ils sont commis par le président du Faso, à agir dans le bien et le bon pour le Burkina, oublient de travailler en bonne et nécessaire intelligence avec leurs collaborateurs et développent à contrario un « nombrilisme » préjudiciable à l’image et à la notoriété acquises par la diplomatie burkinabè.

Conséquence, que d’impairs, que de vilenies qui ne méritent pas, ô diplomatiquement, d’être nommés. Enfin, il ne serait pas superflu de revisiter les systèmes de communication interne et externe des représentations diplomatiques du Burkina Faso : adapter leur travail aux besoins, attentes, préoccupations des « clients » internes et externes de la diplomatie burkinabè, être des serviteurs humbles… Toute chose qui contribuerait à donner plus d’éclats aux performances diplomatiques du pays : le Burkina Faso.

Par Ibrahiman SAKANDE (ibra.sak@caramail.com)

Sidwaya

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