Dans les tribunes, parmi le très large public, venu des quatre coins du globe, certains chefs d’Etat, parmi lesquels le Gabonais, Omar Bongo, l’Américain, George Bush, et le Français, Nicolas Sarkozy.

Ce dernier ne séjournera que quelques heures au pays de Mao, où, contrairement à ce qu’on aurait pu croire il y a encore quelques semaines, il a désormais toutes les chances d’être bien accueilli. On se rappelle, en effet, qu’après le désastreux passage de la flamme olympique à Paris, les relations entre les deux pays avaient subi un sérieux coup de froid.

Les choses ne s’étaient pas arrangées après l’annonce de la visite du dalaï-lama à la fin du mois en France et de la possibilité d’une rencontre du chef religieux tibétain avec le locataire de l’Elysée. Une éventualité aussitôt écartée par Pékin, qui, par la voix de son ambassadeur, n’a pas hésité à morigéner les ambiguïtés françaises.

Depuis lors, les nuages se sont, peu à peu, dissipés entre les deux capitales. Sarkozy ne rencontrera pas le dignitaire tibétain, et c’est confiant qu’il a déclaré, dans une interview à l’agence Chine nouvelle : « A cette Chine, qui réussit chaque jour davantage, j’adresse un message chaleureux d’amitié ; une amitié historique, indéfectible et inébranlable, qui lie le peuple français au peuple chinois ».

Son homologue américain ne peut pas en dire autant, lui qui, mercredi encore lors d’une escale à Bangkok, exprimait sa « profonde inquiétude » face à l’état des droits de l’homme dans ce pays. La réaction de la Chine ne s’est pas faite attendre, et c’est en marchant désormais sur des œufs que « l’homme le plus puissant du monde » devra envisager sa visite dans l’Empire du milieu.

Lui qui, la semaine dernière, recevait à la Maison-Blanche d’éminents dissidents tibétains, malgré les protestations de Pékin et sera tout de même, avec quelques autres de ses pairs, aux côtés de son homologue Hu Jintao, ce jour, 08.08.08 pour l’ouverture des 29es olympiade de l’ère moderne.

On notera cependant que si, en bon leader « droit-de-l’hommiste », George Bush a promis d’évoquer comme il l’a toujours fait, la question des libertés publiques au près de ses hôtes, il est presque certain que ses échanges avec eux se dérouleront bien loin des stades et en toute discrétion, bien sûr.

Ainsi la Chine, que son premier dirigeant présente bien modestement comme « le plus grand pays en voie de développement », est sur le point de gagner son pari d’organiser des jeux à la hauteur de l’immensité du pays et de ses ambitions.

Car tout, pour ces olympiades, a été conçu à grande échelle, à commencer par la cérémonie d’ouverture, dont le spectacle, de 3 heures, doit célébrer la culture chinoise et l’ouverture au monde. Avec ses stades, édifices ultramodernes et la livraison, à temps, de ses nombreux chantiers pharaoniques, le pays vient de démontrer toute l’étendue de son potentiel économique et technologique.

Si à cela on ajoute la présence, bon gré mal gré, de certains des dirigeants occidentaux, qui, en son temps, avaient protesté contre la répression au Tibet, on peut dire que ces jeux auront permis à la Chine de faire une entrée remarquée dans le club, très fermé, des grandes puissances. Une puissance avec laquelle il faudra désormais compter, au grand dam des défenseurs des droits de l’homme, qui, pour le coup, n’ont pas eu voix au chapitre.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur