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Koudou Laurent Gbagbo à l’AN : "Je suis venu vous annoncer la fin de la tempête"

Publié le mardi 29 juillet 2008 à 15h25min

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Le président ivoirien Koudou Laurent Gbagbo a prononcé, mardi 28 juillet 2008 devant le parlement du Burkina Faso, une allocution solennelle. Les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, le développement de la région ouest-africaine, avec la résolution des différentes crises sociopolitiques comme les conflits et les difficultés alimentaires, sont entre autres les questions qui ont été abordées.

16h 20 mn à l’Assemblée nationale. Le président de la République de Côte d’Ivoire Koudou Laurent Gbagbo fait son entrée pour la première fois dans cette institution républicaine, accompagné du Premier ministre du Burkina Faso, Tertius Zongo. Sont également présents à leurs côtés, des membres des gouvernements des deux pays. Les personnalités sont orientées vers les places qui leur sont réservées. C’est devant une Assemblée nationale (AN) pratiquement pleine avec les députés arborant les attributs liés à leur fonction et vêtus de tenues d’apparat que M. Gbagbo a pris la parole. Non sans avoir été au préalable salué par le président de l’AN, Roch Marc Christian Kaboré qui l’a remercié pour avoir répondu à l’invitation des députés ce jour 28 juillet 2008. Le président Gbagbo a rappelé que Burkinabè et Ivoiriens sont unis par leur histoire, leur géographie et leur culture. En cela, "tout ce qui concerne la Côte d’Ivoire, concerne aussi le Burkina Faso", a-t-il soutenu.

Toute chose qui justifie l’implication de son homologue burkinabè, le président Blaise Compaoré et l’ensemble des fils et filles du pays des hommes intègres dans la résolution de la crise que vit son pays depuis décembre 2002. Pour M. Gbagbo, les deux pays doivent s’engager sur de nouvelles voies impliquant une consolidation de leurs relations. "Je suis venu vous annoncer que la tempête est passée, la guerre est finie et la paix est venue", a déclaré le président ivoirien à l’hémicycle. Pour lui donc, le "temps est venu pour les deux peuples frère du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire de travailler ensemble afin d’accéder à un meilleur niveau de développement économique et social".

Dans cette optique, l’hôte des élus nationaux a indiqué que les deux Etats voisins doivent être le levier de l’intégration sous-régionale. Il a fait à cet effet une brève leçon d’histoire. M. Gbagbo a expliqué que "les deux pays entretiennent des rapports qui échappent à la raison". Les populations du territoire ivoirien et burkinabè ont été séparées par les frontières du colonisateur. Entre 1932 et 1947 elles ont été réunies. Une période qui a favorisé leur brassage avec les multiples migrations. Ainsi, des villages burkinabè ont été créés en Côte d’Ivoire, les populations voltaïques de l’époque se rendant généralement dans les exploitations du pays d’Houphouët Boigny pour y travailler.

"Personne ne fera à notre place ce qui relève de notre responsabilité"

L’indépendance de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, a poursuivi le chef de l’Etat ivoirien, n’a rien changé dans les rapports entre les deux pays, les "liens sociaux ayant été fortement noués". Il estime toutefois aujourd’hui qu’il est nécessaire de dynamiser la coopération bilatérale. Et l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou doit constituer le pivot de l’intégration des pays de l’Afrique de l’Ouest tout comme Paris-Berlin l’a été pour l’Union européenne. Cela pour permettre une meilleure intégration dans cette région. Le franc CFA qui est la monnaie commune dans la zone, facteur important dans l’intégration des peuples, doit être de son avis, plus performante. Autre sujet d’importance aux yeux du président, les migrations (intérieures ou extérieures) dans cette partie de l’Afrique. "Elles doivent faire l’objet d’une attention particulière au regard de leurs enjeux", a souligné M. Gbagbo. Il a relevé entre autres la fuite des cerveaux et l’immigration clandestine qui fait des victimes chaque année.

Au nombre des préoccupations de l’hôte des députés, on note la formation universitaire, les problèmes de santé avec l’émergence des maladies comme le Sida, le paludisme, la méningite, etc. M. Gbagbo a estimé que la lutte contre ces maux et la résolution de ces problèmes doivent être menées de façon concertée à travers une synergie d’action. Il a déploré le fait que les pays ouest-africaines ne produisent pas suffisamment d’énergie, alors qu’ils produisent des sources d’énergie tels que l’uranium et le pétrole.

Koudou Laurent Gbagbo s’est par ailleurs penché sur la question des conflits qui minent le développement de la sous-région et même de l’Afrique. La résolution de ces fléaux nécessite une volonté politique forte et commune. A tous ces défis, s’ajoute la crise alimentaire qui a provoqué des émeutes dans plusieurs pays africains. "Il faut réorienter nos options agricoles car personne ne fera à notre place ce qui relève de notre responsabilité", a prévenu le président Gbagbo.

"Ce message constitue un signal fort pour le raffermissement des relations entre les peuples du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire", a affirmé M. Roch Marc Christian Kaboré. M. Laurent Gbagbo est le troisième chef d’Etat à prendre la parole à l’Assemblée nationale du Burkina Faso.

Séraphine SOME


Des honneurs, et encore des honneurs pour Laurent Gbagbo

Qui l’aurait cru ! Laurent Gbagbo, président de la Côte d’Ivoire, devant le parlement burkinabè en train de s’adresser au peuple à travers ses élus.
Et pourtant, Koudou Laurent Gbagbo a été fortement avationné par les députés présents lors de son adresse à l’Assemblée nationale, de même que par les diplomates. A chaque étape, comme un seul homme, les députés ont à tout rompre, vivement salué par l’applaudimètre Gbagbo comme pour dire que la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, c’est comme la langue et les dents dans la même bouche (...).

Un destin commun. Ainsi, le parlement burkinabè a rendu hommage à l’hôte national en lui ouvrant ses portes, signe d’un accueil de taille. De facto, Laurent Gbagbo s’inscrit sur la liste des hautes personnalités qui ont eu le privilège de s’exprimer devant le parlement du Burkina Faso. Il est la sixième personnalité à avoir été honoré de la sorte par le pays des hommes intègres. Signe d’une volonté commune du renforcement des relations ivoiro-burkinabè.

La première personnalité qui s’est adressé au parlement burkinabè sous la IVe République a été l’ancien président du Ghana, John Jerry Rawlings, le 25 novembre 1997. Fréderick Tchien, président du Yuan législatif de la République de Chine Taïwan (1er an 6 décembre 1997), Chen Shui-Bian, président de la République de Chine Taïwan (23 aôut 2000), Nicole Fontaine, présidente du parlement européen (9 janvier 2001) et Romano Prodi, président de la Commission européenne (14 novembre 2003) se sont aussi vu honnorés par le parlement burkinabè.
Avant que Koudou Laurent Gbagbo ne complète la liste à six noms, la remarque fondamentale est que les cinq premières personnalités se sont toujours adressés aux députés burkinabè à des moments forts de la coopération entre le Burkina et leurs structures ou pays. N’est-ce pas le cas avec Laurent Gbagbo, au moment ou la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso travaillent à renforcer et intensifier leurs relations de coopération et d’amitié, afin d’indiquer la voie à l’Afrique et au monde. Dont act.

Ali TRAORE
traoré_ali2005@yahoo.fr


Visite d’Etat de Laurent Gbagbo au Burkina : Des parlementaires apprécient

A l’issue de son allocution au parlement burkinabè, trois députés d’obédience différentes s’expriment sur le sens de sa visite et de son discours.

Mahama Sawadogo, président du groupe parlementaire CDP (majorité) : "J’ai beaucoup apprécié le discours de Laurent Gbagbo. Comme idées fortes que j’ai retenues, il y a le fait que le président ivoirien est venu annoncer la fin de la guerre en Côte D’Ivoire. Nous avons également noté la volonté des présidents ivoiriens et burkinabè de faire de l’axe Yamoussoukro-Ouagadougou, le moteur de l’intégration africaine et principalement de l’intégration de l’Afrique de l’Ouest. La nécessité d’avoir une politique énergétique commune pour l’Afrique de l’Ouest ainsi qu’une politique sécuritaire partagée entre les deux pays a retenu notre attention. Ce discours est un signal fort pour les relations bilatérales entre le Burkina et la Côte d’Ivoire et dans la sous-région".

Yamba Malick Sawadogo, député de l’UNIR/MS (opposition) : "Un président ivoirien au Burkina Faso, ce n’est pas un événement ! Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire étant un même peuple. L’événement, c’est Koudou Laurent Gbagbo reçu par Blaise Compaoré au Burkina Faso. L’événement, c’est Koudou Laurent Gbagbo qui s’adresse au peuple burkinabè à travers ses élus et est ovationné ! Vous savez tout ce qui s’est passé. On ne pouvait pas penser que Laurent Gbagbo pourrait atteindre ce niveau. Nous ne pouvons qu’apprécier positivement ! Il est vraiment un homme d’Etat qu’il faut saluer. Laurent Gbagbo a toujours eut ce même message. Il a toujours prôné l’intégration, même quand il n’était pas chef d’Etat. Je n’ai pas trouver un autre Gbagbo, c’est le même".

Arba Diallo, député du PDS (opposition) : "Le président Gbagbo est venu célébrer les retrouvailles tant attendues entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Comme il a dit lui-même, nous sommes deux peuples pétris par une histoire, une culture, tant de valeurs communes qu’on ne peut pas continuer à ignorer indéfiniment. Nous sommes passés par une période très difficile qui a coûté cher et que tout le monde regrette. Maintenant que grâce à la facilitation du président Compaoré, nous sommes en train de tourner cette page, il était bon que l’un des protagonistes vienne nous dire que nous devons continuer à vivre ensemble et chercher les voies et moyens pour aller de l’avant. C’est le sens que je donne à la visite du président Gbagbo au Burkina Faso".

Propos recueillis par Ali TRAORE

Sidwaya

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