Moumouni Dagano (M.D.) : J’organise ce tournoi depuis 6 ans maintenant pour la jeunesse ouagalaise et surtout pour mon quartier où je suis né et ai grandi. Ma philosophie c’est de permettre à ces jeunes-là, de suivre mes traces et d’aller au-delà de mes performances. Je suis vraiment heureux de partager mon expérience avec eux. Vous savez, plusieurs joueurs qui font la fierté du football burkinabè sont issus de ce quartier et ont joué sur ce même terrain de l’école Sud de Kamsonghin. Je serai heureux de voir un jour un enfant suivre les mêmes traces et cela pour le bonheur du football burkinabè.

Sidwaya Sport (SS) : Parlez-nous de votre nouveau contrat, comment se sont passées les tractations pour que vous signiez avec Alkhor ce club qatari ?

M.D. : C’est vrai, il faut le reconnaître ce n’était pas facile pour moi, d’aller là-bas. C’est une décision qui a été très difficile pour moi surtout que le foot est moyen là-bas. Mais ça m’arrangeait financièrement et je me suis dis qu’il y a des occasions qu’il ne faut pas rater. Depuis 3 ans, ces équipes asiatiques me voulaient dans leur championnat. C’est vrai qu’en Europe, en 8 ans, le bilan n’a pas été assez juteux pour moi : une fois champion de Belgique et j’étais 2e meilleur buteur ; vainqueur de la coupe de France. C’est vrai que c’est peu pendant les 8 ans mais c’est bien pour moi et j’ai envie de changer un peu et de vivre une autre expérience. C’est vrai que là-bas les gens ne vont plus me voir, n’entendront plus parler de moi comme en Europe mais je prends le risque de vivre cette expérience.

SS : Vous avez passé une année blanche l’an dernier avec Sochaux ; pensez-vous pouvoir rebondir avec votre nouveau club ?

M.D. : Rebondir, c’est trop dire car si je voulais me relancer, je devais rester en France mais comme je vous le dis, pendant 8 ans en Europe j’ai eu des années de galère. Je ne pouvais pas continuer à jouer avec des clubs qui ne cherchent qu’à jouer le maintien chaque saison. Ça touche moralement et comme je n’ai pas de contact avec les grands clubs, j’ai pris la décision de me faire une santé financière et du plaisir en même temps.

SS : Peut-on dire alors que Dagano est parti au Qatar à cause de l’argent ?

M.D. : Oui, je gagne financièrement et je me donne du plaisir aussi en jouant là-bas.

SS : A quand le démarrage du championnat qatari pour que "Momo" soit toujours au Faso ?

M.D. : Les stages et les entraînements, c’est pour le 25 juillet donc j’ai encore une semaine devant moi pour me préparer afin de rejoindre mon nouveau club.

SS : Quels sont les joueurs burkinabè qui évoluent dans ce championnat du Qatar ?

M.D. : Il y a Abdoulaye Cissé qui joue là-bas, depuis 3 ans et il ne fait que marquer des buts. On a eu à échanger et il m’a dit que si je venais là-bas, je ne serai pas déçu. Nous ne serons pas les seuls africains, il y a Amara Diané du PSG qui vient de signer là-bas et pleins d’autres africains que j’aurai l’occasion de connaître au cours du championnat.

SS : D’autres clubs étaient-ils à vos trousses quand Alkhor vous a contacté ?

M.D. : Honnêtement dit, c’était Saint-Etienne mais ce n’était pas à 100%. Ce contact était conditionné si Gomis quittait le club stéphanois. Le club qui me voulait franchement c’était Grenoble mais comme il vient de monter, je ne voulais pas revivre la même expérience qu’à Guimgamp, monter et puis redescendre, vraiment ça allait être la galère pour moi et comme j’avais envie de changer d’air, j’ai opté pour Alkhor.

SS : Est-ce votre performance lors des éliminatoires CAN/Coupe du monde (4 matchs, 5 buts) en est pour quelque chose ?

M.D. : Oui mais pas beaucoup. C’est en Tunisie lors de notre premier match que ce club qatari a envoyé des superviseurs me voir et ils étaient intéressés. Y a d’autres clubs qui étaient là mais comme je vous le dis, la proposition de Alklor était alléchante.

SS : Est-ce que tes fans sont heureux de te voir aller au Qatar ?

M.D. : Ils n’ont pas été heureux de savoir que je partais dans le championnat qatari mais quand tu aimes quelqu’un, même s’il entre dans un trou, il faut le suivre. Il y a des jeunes aujourd’hui, qui émergent dans l’équipe nationale. Aujourd’hui, même si je ne suis pas là, je vais souhaiter que mes fans supportent ces jeunes, les Etalons et le football burkinabè car c’est nous tous qui gagnons.

SS : Comment l’entraîneur Duarte a apprécié ton contrat ?

M.D. : Il était un peu déçu parce qu’il voulait que je reste en Europe mais comme c’est moi qui décide et qu’il ne peut pas décider à ma place, j’ai fait mon choix et ça va pour moi.

Interview réalisée par Adama SALAMBERE

Sidwaya