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Hausse des prix des hydrocarbures : Restons sereins !

Publié le lundi 21 juillet 2008 à 12h20min

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Le 11 juillet dernier le gouvernement burkinabé annonçait une augmentation éventuelle des prix des hydrocarbures. C’est chose faite et tout consommateur de cette denrée incontournable l’aura constaté. Aujourd’hui le super 91 coûte 720 Fcfa contre 670F ; le pétrole 490F contre 460F ; le gasoil 695F contre 603F ; le mélange 715F contre 665F. Soit une majoration de prix respectivement de 50F ; 30F ; 92F et 50F. Ce qui donne dans le même ordre, une variation en pourcentage de 7,46% ; 6,52% ; 15,26% et 7,52%.

Ces augmentations des prix ne sont pas propres seulement au Burkina. Loin s’en faut. De nombreux pays en sont aussi victimes. Parmi ceux-ci, le Maroc, le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, l’Ile de la Réunion…pour ne citer que ceux-là. C’est dire que c’est une préoccupation internationale qui n’épargne aucun des pays non producteurs de pétrole.
Une situation qui s’aggrave du fait que les prix des hydrocarbures connaissent depuis un an, une ascension vertigineuse sur le marché mondial. Cette flambée des prix peut se justifier du fait surtout que les besoins en pétrole des pays émergents comme la Chine et l’Inde sont immenses. A cela s’ajoute la menace sur la production iranienne à cause de son programme nucléaire qui suscite des gorges chaudes des pays développés alors que l’Iran est l’un des plus grands producteurs sur le plan mondial.
Pour résorber cette situation de plus en plus inquiétante pour les pays au sud du Sahara, comme le Burkina, la tenue du congrès mondial sur le pétrole du 29 juin au 03 juillet 2008 à Madrid en Espagne avait pour objectif majeur de se pencher sur les voies et moyens de réduire considérablement cette inflation qui n’épargne aucun pays, fut-il producteur de pétrole.

En faisant le point de la situation des industries pétrolières à travers toutes les filières en amont comme en aval, les congressistes se sont penchés essentiellement sur la situation des pays producteurs de pétrole bénéficiant d’une évolution grossière du cours du brut et sur la situation des pays importateurs du pétrole.

Face à la crise qui secoue le monde et notamment les pays importateurs, les dispositions idoines devant permettre de résorber le mal doivent consister entre autres, à la discipline du consommateur et au combat contre les spéculations à tous les niveaux.
Si les congressistes de Madrid ont demandé à l’issue de leurs travaux aux plus grands producteurs de pétrole d’accroître leurs productions, et obtenu le consentement de l’Arabie Saoudite pour une production journalière de 200 000 barils supplémentaires, il faudra saluer aussi l’Iran et d’autres pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui acceptent de s’aligner derrière ce pays pour alléger un tant soit peu, le monde des consommateurs des hydrocarbures que nous sommes. Mais il appartient dès lors à chaque Etat, de faire preuve de rigueur dans le traitement des cas relevant de la spéculation et combattre ces spéculateurs qui voudraient profiter d’une situation, aggravant ainsi le poids de la crise pétrolière sur les ménages et sur l’économie nationale.

Cette prise de position des grands producteurs de « l’or noir », si elle est réellement respectée à la lettre, permettrait probablement une réduction sensible de cette poussée haussière des hydrocarbures. Toutefois, l’on ne pourrait espérer voir inverser effectivement la tendance telle que nous le souhaitons, avant d’ici 6 mois, voire un an. C’est dire que nous-mêmes devrions adopter un changement de comportement tant du côté individuel que du côté de nos gouvernants.

Pour le Burkina, chaque consommateur pris isolément devrait dorénavant se contraindre à n’utiliser son engin motorisé que pour les déplacements essentiels et indispensables (aller au bureau ou résoudre des problèmes sociaux par exemple). Pourquoi ne pas se déplacer aussi de temps en temps à bicyclette ou à pied et sans complexe ? Le gouvernement Tertius n’en a-t-il pas donné l’exemple, même si l’acte posé le 03 juillet dernier entrait dans le cadre de la lutte contre la pollution ? Si cette alternative n’est pas envisageable pour certains, il faudra alors trouver d’autres ressources pour pallier ce manque à gagner. En cela, nos valeureux chercheurs sont interpellés. Il faut trouver un palliatif dans les plus brefs délais pour venir en aide à des populations qui en ont grandement besoin.

Du côté de l’Etat, il conviendrait d’augmenter le parc d’autobus de transport urbain en commun et libéraliser éventuellement ce secteur de transport urbain en donnant la possibilité aux opérateurs économiques évoluant dans le domaine des transports de s’y investir. Un cahier des charges bien balisé leur étant préalablement soumis. C’est ce qui, pensons-nous, pourrait être envisagé pour l’instant, en attendant les concertations de septembre prochain pour de nouvelles propositions de prix des hydrocarbures devant alléger le panier de la ménagère et nous sauver tous.

Il est vrai, plus d’une personne aura constaté que la stratégie de communication a beaucoup évolué ces derniers temps. Le dialogue et la concertation entre gouvernement et chaque partie prenante, société civile, syndicats…se renforcent chaque jour. Nous listons dans cette logique la rencontre du 11 juillet 2008, entre le gouvernement, représenté par les ministres du Travail et de la Sécurité Sociale et celui du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat, et les responsables des centrales syndicales et syndicats autonomes et le patronat, pour justifier les augmentations à partir de juillet 2008, des prix des hydrocarbures dans notre pays, rencontre suivie ce même jour d’une conférence de presse animée par le secrétaire général du ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat, assisté du Directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (SOBABHY) sur la même préoccupation. N’est-ce pas là un besoin notable de transparence, de clarté et de volonté de compréhension du gouvernement vis-à-vis du consommateur burkinabé ? Alors restons sereins et œuvrons à ce que des solutions propices nous permettent de tirer notre épingle du jeu à travers la tolérance, l’écoute et la compréhension.

Par Jean Bernard ZONGO

Sidwaya

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