Le samedi 3 mai 2008, à la maison du Peuple à Ouagadougou, le boxeur burkinabè Irissa Kaboré dit "Le Kaïd", champion d’Afrique, a battu le Maroco-français, Badre Belhadja, lors d’un combat comptant pour le championnat du monde de la catégorie super-welter de l’International boxing federation (IBF), titre qui était vacant. Avec cette victoire, le Burkina Faso retrouve, quelques années après le titre de Nabaloum Dramane dit "Boum-Boum", sa place parmi les plus grandes nations de boxe au niveau mondial. C’est à 23h30 que l’arbitre italien, Ruggeri Remigio, a donné le coup d’envoi du combat entre les pugilistes, tous deux pétris de talent, puissants et avec des styles de combat très séduisants. Après le premier round où ils se sont d’abord observés, ce fut la phase des échanges de coups, jusqu’au 5e round où le Français, au départ entreprenant, commença à reculer face aux assauts du Kaïd. Dès lors, celui-ci, avec sa grande expérience, comprit que son adversaire commençait à s’essouffler peu à peu.

Belhadja échappa de justesse au K.O., sauvé par le gong, à la fin de la reprise, alors que le Kaïd venait de l’envoyer au tapis quelques secondes plus tôt. Mais le Français retrouva sa garde au 7e round... juste pour un petit moment, puisqu’il fut compté dès le 8e. Compté de nouveau, il finit par fléchir, genou au sol en début de 9e reprise, puis s’écroula sous l’effet de la fatigue. Il saignait du nez, étourdi par la rafale de coups qui tombèrent sur lui, et l’arbitre mit fin au combat. La maison du Peuple, bondée de monde, s’enflamma, Irissa Kaboré dit "Le Kaïd" était vainqueur. Son coach, Jean Pierre Mahet, véritable faiseur de champions, euphorique, venait de réaliser son pari, Irissa son rêve : Irissa Kaboré dit "Le Kaïd" est champion international du monde de boxe. Le drapeau du Burkina Faso continue de flotter, cette fois plus haut perché, parmi ceux des pays qui rayonnent le plus au monde, dans le noble art.

Car, désormais, en plus de ses champions d’Afrique, Alexis Kaboré dit "Yoyo", Sou Toké Patrice dit "Le Bombardier" et Boniface Kaboré dit "Le Python", le Burkina Faso est aussi champion international du monde en boxe, à travers Irissa Kaboré dit "Le Kaïd". La sagacité des boxeurs burkinabè n’est plus à conter, d’autant plus qu’en lever de rideaux, les trois autres ont confirmé leurs titres, en combats amicaux, face respectivement au Nigérian Jinadu Haruna, au Béninois Houanvoegbé Franck et à Adopoje Temis, du Nigeria également.

En coq, même s’il n’a pu obtenir son K.O., car son adversaire était vraiment de taille, Yoyo a confirmé, à travers sa victoire aux points, que le Faso pouvait toujours compter sur lui. De même que Sou Toké Patrice, vainqueur aux points également, et dont l’acharnement sur son adversaire a prouvé, une fois de plus, sa réputation de bombardier. Celui qui a un peu déçu lors de cette soirée de boxe, c’est certainement Boniface Kaboré dit "Le Python", qui, en catégorie des poids super -moyens, est tombé sur un adversaire plus redoutable que lui. Tamis Adepoje, ce cogneur nigérian, très technique, plus court, très mobile sur le ring, rapide et avec des coups très lourds, a fait passer "Le Python" 24 minutes très vertigineuses.

Tous les combats amicaux qui se sont déroulés ce samedi soir ont duré 8 rounds de 3 minutes chacun. Face aux attaques du nigérian, Boniface demeura impuissant. Sans style, le point vide, l’air passif, il subit le combat. Face à son adversaire, le champion d’Afrique a été, tout simplement, méconnaissable. Heureusement toutefois, et selon les règles de la boxe, la différence de points entre les deux combattants n’étant pas trop grande, "Le Python" fut déclaré par les juges, vainqueur. Toujours dans le cadre des combats amicaux, étaient également aux prises, en catégorie plume, Savi Justin du Bénin et Sharafa King du Nigeria. Ce combat s’est soldé par la victoire du Béninois, au 3e round, par arrêt de l’arbitre.

Propos d’après-combat

Irissa Kaboré "Le Kaïd" "Je suis très ému"

Je suis très ému. Je voudrais en même temps remercier mon public qui a vraiment fait un grand effort pour me soutenir, et remercier tous ceux qui ont contribué à ce que je sois champion du monde aujourd’hui. Mon rêve s’est réalisé. Mais c’est aussi le moment de travailler davantage. J’invite tous ceux qui ont de l’amour pour la boxe à soutenir l’équipe, car le titre que je viens d’obtenir est un témoignage que les boxeurs burkinabè peuvent aller de l’avant, s’il y a un peu de soutien.

Adama Fofana, président d’honneur de la Fédération burkinabè de boxe

Nous avons un boxeur intelligent, très tactique, puissant. J’en perds la voix, je suis un homme heureux, nous avons un champion du monde des super-welter, Irissa Kaboré.

Jean Pierre Mahet, coach d’Irissa Kaboré

Nous avons eu ce soir un adversaire de très grande valeur. Je suis obligé de m’incliner devant son courage, parce que d’autres boxeurs auraient arrêté deux rounds plus tôt. C’est un titre que nous avons conquis de haute lutte, avec beaucoup de travail, beaucoup de préparation, mais sachez que le chemin ne s’arrête pas là, il faudra travailler davantage.

Colonel Sidiki Traoré, président de la Fédération burkinabè de boxe

C’est le fruits d’un long travail, nous y croyions, c’est pourquoi nous avons essayé, c’est pourquoi aujourd’hui, quelque part, les dieux de la boxe nous ont donné raison, la ceinture est au Burkina Faso et nous la dédions au peuple burkinabè, à ses dirigeants.

Jean Pierre Palm, ministre des Sports et des Loisirs

Je suis heureux. Il n’y a que le travail, et quand on voit tout le Burkina derrière un Burkinabè, on ne peut avoir que la victoire au bout. Vous avez vu comment la salle était bondée ce soir, mais encore le public a soutenu le boxeur, et la victoire est au bout. Je demande au public burkinabè de continuer dans cet esprit. Irissa Kaboré est un garçon qui travaille, il est sérieux dans son travail, et tant que ça continue comme ça, nous allons toujours le supporter, et je crois qu’aujourd’hui tous les Burkinabè sont fiers de ce garçon. On dit que le sport contribue au rayonnement d’un pays, et c’est comme ça.

Propos recueillis par Lassina Fabrice SANOU

Le Pays