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<I>Une lettre pour Laye </I>(28/05/04)

Publié le vendredi 28 mai 2004 à 07h23min

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Cher Wambi,

Cette fin du mois de mai inaugure la saison hivernale 2004-2005. Je prêche peut-être à un converti, puisque de voyageurs en provenance de Laye j’apprends que là-bas, vous avez déjà commencé à semer. J’aurais aimé pouvoir être des vôtres à l’occasion, mais tu comprends aisément que les congés annuels passés, tout séjour au village m’est presque interdit sauf cas de force majeure.

Rassures-toi tout de même que je vous enverrai les cousins, qui seront en vacances bientôt, pour vous aider à faire fructifier cette terre ancestrale dont tous nous dépendons, avec le secret espoir qu’elle ne nous sera pas ingrate. En attendant cher cousin, c’est le mardi 1er juin 2004 à Donsin (dans la région du Plateau central) que le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques, l’infatigable Salif Diallo, procédera au lancement de la campagne agricole, placée cette année sous le thème de la promotion de la filière "niébé", c’est-à-dire le haricot que les Mossis appellent "benga" et les Dioulas "sôssô".

Et cela, parce que le Burkina Faso compte beaucoup sur le haricot pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, il sera organisé cette année une journée du "niébé". Alors, à vos marques et qu’il pleuve des cordes cette saison ! Selon les prévisions, comme aime à le dire Simon Compaoré, le maire de Ouagadougou, "Na n yi mûi", il y aura du riz à manger et en abondance.


- Cela dit cher cousin, actualité oblige, le cycle de la violence n’a pas encore fait ses adieux à la capitale burkinabè. Entends par là l’insécurité. On croyait que la paix et la sécurité reviendraient dans la cité après l’anéantissement de la bande à Saul le "killer", le tueur en série de mars et compagnie, par les forces publiques. Mais hélas, mille fois hélas !

Tu l’as certainement déjà appris, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mai dernier, un jeune homme de 21 ans, Daniel Kaboré qu’il s’appelle, a tué sa belle-sœur et sa nièce, et blessé grièvement son grand-frère, c’est-à-dire le mari de la belle-sœur au secteur 28 de Ouagadougou, pour une sombre histoire de 37 500 FCFA. Dans le même secteur, une fillette a été retrouvée mutilée dans une cour abandonnée. L’auteur de ce forfait, lui, s’appelle Issaka Tassembédo dit Kota, âgé d’une trentaine d’années et bien connu des bouchers de Rood Woko. Il a froidement assassiné la fillette pour lui amputer son organe génital au profit de trois vieux marabouts (Idrissa Derra, Saïdou Bilgo, Ousmane Ouédraogo) tous heureusement aux arrêts.

Je dois te signaler que Daniel Kaboré et Issaka Tassembédo dit Kota sont une fois encore des repris de justice. S’il y a une anecdote dans cette affaire, c’est bien la retraite de Kota dans son village natal de Tanlarghin. Ayant appris après son forfait que les forces de sécurité étaient à sa recherche, il a entrepris de se suicider à l’aide d’un couteau. Il dût renoncer quand la lame frôla sa gorge, arguant à la police que ça faisait mal. Vois-tu cher cousin, comme on dit, l’assassin a peur du gourdin.


- Annoncé pour le mercredi 26 mai à Ouahigouya, le procès des trafiquants de certificats de mise en circulation (CMC), de cartes grises, des fraudeurs d’engins et de véhicules au préjudice de la Direction générale des transports terrestre et maritime (DGTTM), des Douanes, donc du Trésor public, a été reporté au mercredi 2 juin 2004, parce que les choses auraient évolué. Comme relaté dans ma lettre du 14 au 16 mai 2004, tous ceux qui ont les babines trempées dans cette affaire sont déjà au frais, au nombre desquels Sya Issoufou (le présumé cerveau), Nion Yiridori, Ganaba Adama, Compaoré Issa, Simporé Roger, Sawadogo Salam, Ouédraogo Boureima, Compaoré Donatien, Yaméogo T. Samuel, Karéné Abdoul Salam. Il me revient que vu la gravité de l’affaire, à l’issue du procès, bien de chamboulements pourraient intervenir dans les différentes Directions régionales des transports.


- Cher cousin, toi qui es rompu aux affaires coutumières du village, tu pourrais certainement nous éclairer sur cette brouille qui n’en finit pas d’envenimer l’atmosphère à La-Toden dans la province du Passoré. Tu me disais qu’autrefois, dans la tradition mossi, un chef, une fois qu’il était désigné, devenait le chef de tous, y compris ceux qui l’ont concurrencé. Tel n’est pas le cas à La-Toden où le jeune chef fait face à de la dissidence. En effet, ceux qui ont perdu n’entendent pas désarmer, et on continue de contester sa légitimité. On n’a jamais vu deux chefs dans un même village non plus. Mais depuis que l’argent et la politique ont fait leur intrusion dans la chefferie coutumière, presque rien n’est plus respecté. D’après certaines sources, les contestataires d’aujourd’hui seraient les descendants d’un chef intronisé en son temps par le Mogho Naaba, et seraient les autochtones de La-Toden. C’est à l’arrivée du colon, de l’Administration si tu veux, que la chefferie aurait échappé aux leurs. Et voilà maintenant que les détenteurs originels du trône ont choisi de réclamer leur dû. A qui la couronne de La-Toden devrait-elle revenir ?


Cher cousin, s’il est un jour que tu devras retenir dans ton programme, c’est bien celui du dimanche 30 mai 2004 et pour cause : tu es convié ce jour-là à Guipa, ce village historique relevant coutumièrement du département de Tèma, dans le Passoré, pour la cérémonie d’installation de son tout nouveau chef, Naaba Siguiri, intronisé le 20 mars dernier. Auparavant et si vraiment tu veux suivre le cérémonial de bout en bout, rends-toi dès le samedi à Tèma, où Naaba Siguiri (Zoungrana Constant à l’état civil) adressera ses remerciements à Naaba Tigré, le Dimbila qui la porté au trône. En tout cas ce qui est sûr, les populations de la vingtaine de villages voisins ainsi que celles du département frère qu’est Mané, très attachées à la tradition, n’hésiteront pas à faire le déplacement, surtout que le tout nouveau chef est un opérateur économique bien connu dans le milieu du bâtiment et des travaux publics.


- Avant de t’ouvrir le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, restons dans la province du Passoré pour dire que le 5 juin 2004, aura lieu à partir de 9h 30 à la Maison des jeunes du chef-lieu de province l’assemblée générale constitutive de l’association pour le développement du département de Yako. L’assemblée examinera et adoptera à l’occasion les textes portant création de l’association, et procédera à la mise en place du bureau exécutif. Comme tu le sais, Yako est un réservoir d’intellectuels, de milliardaires... mais hélas ! Les politiciens y ont toujours eu le dessus sur toutes les bonnes volontés. Gageons que cette fois-ci, tous les fils de Yako se donneront la main pour faire de leur patelin une référence. Et maintenant le carnet de Tipoko :

- On l’attendait depuis un certain temps et c’est désormais officiel : Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA, est le tout nouveau chef de file de l’opposition. Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le signataire de cette disposition légale, Roch Marc Christian Kaboré, reste muet sinon bien évasif sur le véritable rôle de ce chef de file de l’opposition et les prérogatives attachées à cette responsabilité. Sous réserve de voir sur le terrain le véritable rôle dévolu au chef de file de l’opposition, et les privilèges qui y sont attachés, il ne serait pas exagéré de dire que la tâche de Gilbert Ouédraogo ne sera pas du tout aisée ; car à peine a-t-il été nommé qu’une partie non négligeable de ceux qu’il est censé représenter ne le reconnaissent pas comme tel. Mais n’allons pas vite en besogne, car bien que jeune, Gilbert pourrait être à la hauteur de la situation. Jugeons-le au résultat sur le terrain.

- Les démembrements de la CENI s’apprêtent à se mettre doucement en place, en prélude aux échéances électorales qui se profilent à l’horizon. Inutile de dire que cette structure réclamée à cor et à cri par les partis politiques est désormais au cœur de tout processus électoral. Que ce soit au niveau des provinces, des départements ou des communes, la CENI aura donc un œil sur les élections, ou plus exactement les représentants des formations politiques, de la société civile, des autorités religieuses, auront un droit de regard sur les scrutins. Pourtant il semblerait que certains partis caressent l’idée de prendre justement les scrutins en otage, en s’inscrivant à la dernière minute aux abonnés absents, afin de bloquer le processus. Vrai ou faux ? En tout cas, cette rumeur se susurre dans certains milieux, mais comme ce n’est qu’une rumeur, et que chaque jour que Dieu fait Ouaga bruit de multiples rumeurs...

- Désaccord perceptible sur le site de Ouaga 2000 où la Commission électorale nationale indépendante (CENI) s’est installée pour l’informatisation du ficher électoral. Ce désaccord est né de la volonté de la CENI d’imposer un traitement particulier aux deux cents vingt agents de saisie et de vérification. Pour les agents de vérification, le traitement se résume à la perte de la demi-journée pour une erreur sur la ligne corrigée, et à toute la journée perdue pour deux erreurs. Quant aux opérateurs de saisie, une erreur est payée du montant de la ligne saisie (25 F). La CENI semble camper sur sa position, qui n’est pas faite pour arranger la situation. Une telle position est amère à mâcher et peut entraver le bon déroulement du travail. Affaire à suivre.

- Des agents de vérification

Le lycée Kourita de Koupéla, dans la province du Kourittenga, et la ville de Grigni en France, sont en relations d’amitié depuis longtemps déjà. Ce partenariat a été très remarquable surtout avant les années 2000, et a permis aux deux amis de bénéficier, l’un de l’autre, de différents équipements Malheureusement, depuis un certain temps, la coopération entre les deux villes a pris un sérieux coup de froid, préjudiciable notamment au lycée Kourita, qui voit ses biens acquis à l’occasion disparaître mystérieusement un à un. Des questions donc se posent quant au devenir de l’amitié entre les deux localités, et au lycée, l’inquiétude est à son comble présentement. Beaucoup cherchent à comprendre ce qui se passe. Leur souhait est de voir les échanges entre Koupéla et Grigni reprendre de plus belle.


- Après avoir passé tant de siècles à lutter dans leur patelin du Sourou-Nayala, les Samos pour ne pas dire les San ont enfin compris qu’ils ne peuvent s’épanouir que chez leurs maîtres les Mossé. Aussi ont-il choisi de venir faire allégeance une nouvelle foi à la Maison des jeunes et de la culture de Ouagadougou le samedi 29 mai 2004 de 8h 00 à 18 h00 à l’occasion d’une journée san. Pour les beaux yeux et l’appétit de leurs maîtres : du "zamanè" , du "liè" (feuilles d’aubergine, feuilles de "kénebdo"), de la musique traditionnelle, des danseurs, une démonstration de lutte, une exposition-vente de pagnes san tissés et surtout, du "guin sin" arrosé de "gnontoro". Mais gare à qui s’y aventurerait avec une flûte gourounsi. A bon entendeur... !


La CAN junior est passée, laissant chez certains un goût très amer, notamment chez les prestataires de services, qui le font savoir au président du Faso dans ce qui suit :

Excellence, monsieur le président,

"Avant tout propos, nous voudrions vous prier de bien vouloir nous excuser pour la présente démarche (lettre ouverte dans un journal de la place). Nous voudrions ici vous interpeller sur une injustice dont nous faisons l’objet depuis la dernière CAN junior. A cette occasion, nous avons été retenus comme prestataires de services (location de véhicules, aménagement, nettoyage, restauration et divers). Qu’est-ce à dire ? Nous avons des factures impayées malgré maintes démarches. A chaque tentative auprès de qui de droit pour le règlement de nos factures, nous nous sommes toujours heurtés à un jeu de ping-pong. Ce qui est inadmissible à l’heure où l’on prône la bonne gouvernance au plus haut sommet de l’Etat. Comme raison invoquée, on nous fait savoir que nous ne sommes pas seuls dans cette situation.

Au regard de ce qui précède, nous voudrions solliciter votre bienveillante intervention afin que les choses rentrent dans l’ordre le plus tôt possible. Ayant pour la plupart d’entre nous contracté des prêts pour le travail à nous confié par patriotisme, nous nous trouvons aujourd’hui coincés. Avec l’assurance de notre reconnaissance anticipée, veuillez agréer, Excellence, nos sentiments dévoués".

Un groupe d’opérateurs de Bobo retenus pour la CAN junior

- C’est sous le haut patronage de Roch Marc Christian Kaboré, président de l’Assemblée nationale, que sera lancée demain au stade Batiébo-Balibié de Koudougou "la Coupe du député CDP du Boulkiemdé", dont le promoteur n’est autre que l’honorable député T. Jean Hubert Yaméogo, communément appelé Hubert SONABHY. Rendez-vous donc à Koudougou samedi 29 mai 2004 à partir de 15 heures.

Tipoko l’Intrigante n’apprend rien d’elle-même, elle n’invente jamais rien. Tipoko l’Intrigante est un non-être. Elle n’est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l’intuition c’est la faculté qu’a une femme d’être sûre d’une chose sans en avoir la certitude..."

Ainsi va la vie. Au revoir. Ton cousin Passek Taalé.

L’Observateur Paalga

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