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Quelle stratégie de développement pour le Burkina ?

Publié le mercredi 19 mai 2004 à 10h49min

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E. Justin Ouédraogo
Directeur exécutif

Le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES) a été créé par décret n° 200-171/PRES du 16 mai 2000 comme administration de mission placée sous tutelle de la présidence du Faso. Doté de personnalité morale et d’autonomie de gestion, il est soutenu par la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF).

Il a commencé ses activités en avril 2002 et œuvre à apporter sa contribution dans la définition de politiques économiques et sociales nationales.

Conformément aux délibérations des réunions de son Conseil d’orientation et de son comité technique, le CAPES est en train de réaliser une étude sur le bilan et les perspectives des Programmes d’ajustement structurel (PAS) au Burkina.

Sous la coordination d’un de ses économistes, des travaux de recherche préliminaires sur le thème ont été menés au cours du second semestre de l’année 2003, aboutissant à la publication d’un document de travail intitulé éléments d’évaluation des Programmes d’ajustement structurel (PAS) au Burkina (novembre 2003).

Le document procède à une présentation des objectifs des PAS au Burkina, de leur stratégie et de leurs mesures de politique économique, avant de s’intéresser aux résultats atteints aux niveaux macroéconomique, des finances publiques, de la capacité d’absorption et des privatisations.

De ce document, on apprend que l’ajustement structurel comprend deux composantes : la stabilisation et l’ajustement structurel au sens le plus strict de libéralisation du marché et de réforme du secteur public.

La stabilisation de l’économie d’un pays sous ajustement structurel, consiste au rétablissement des grands équilibres macroéconomiques ; notamment en ce qui concerne les finances publiques et la balance des paiements.

Au niveau des finances publiques, les programmes de stabilisation conduisent à la mise en œuvre d’une politique budgétaire comprenant d’une part, une restriction des dépenses publiques, notamment par le maintien de la masse salariale dans des proportions raisonnables, la suppression des subventions publiques et un accroissement des recettes fiscales, d’autre part.

Quant à l’ajustement structurel proprement dit, il consiste en un ensemble de mesures en faveur de la "vérité des prix" et de la réduction du secteur public : rétablissement des mécanismes de marché, libéralisation du commerce extérieur, privatisations, réforme du secteur public...

Fondamentalement, l’argumentation à la base des PAS s’oriente d’une critique de l’organisation des marchés ou des techniques de production non efficientes vers un constat plus général ; ce qui fait défaut dans les économies en développement, c’est l’existence même du marché. Pour créer ce marché, le développement du secteur privé est une condition nécessaire.

Tout au long de la décennie 1980, le Burkina fut un des rares pays africains, et certainement le seul de la zone franc, à ne pas avoir adopté de PAS sans pour autant connaître le sort peu enviable qui fut celui de toutes les économies africaines engagées dans ces programmes. En effet, nonobstant la récession de la décennie 1980 et la persistance de la sécheresse et de la désertification qui ont affligé la quasi totalité des économies au sud du Sahara, le Burkina, pays sahélien et très pauvre, au-delà de toute attente, n’a non seulement jamais connu de cessation de paiement mais mieux, a réalisé des performances très honorables. Malheureusement, les finances publiques burkinabè demeuraient désespérément déséquilibrées, et le Burkina finira par avoir son premier PAS en 1991.

Quelle a été l’évolution de l’économie burkinabè à partir de 1991 ?

L’étude prévue pour se dérouler au cours de cette année 2004 apportera des réponses exhaustives à cette question, mais aussi à celles relatives aux aspects sociaux des PAS et aux perspectives de développement économique et social burkinabè. En effet, elle vise à réaliser un bilan général de la mise en œuvre des PAS au Burkina et en tirer des enseignements en termes de perspectives de stratégie nationale de développement. Elle présentera et analysera la philosophie des PAS en général ainsi que son évolution, leur contenu au Burkina, les résultats obtenus aux plans macroéconomique et sectoriel et proposera une stratégie nationale de développement économique et social, à la lumière des leçons apprises de la mise en œuvre du CSLP. .

L’étude procédera à la construction d’un Modèle d’équilibre général calculable (MEGC) qui permette de mesurer l’effet des PAS sur la répartition des revenus, l’allocation sectorielle et certains effets sociaux notamment.

Elle mettra également à contribution, d’avril à juillet 2004, les compétences d’économistes du réseau national des experts ayant une bonne connaissance des PAS et des enjeux de développement économique et social, ainsi que celles du programme MIMAP (Impacts microéconomiques des politiques macroéconomiques et d’ajustement) de l’Université de Ouagadougou, de la Direction générale de l’économie et de la planification (DGEP) et de l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD).

En outre, des entretiens ou enquêtes dans l’administration publique, le secteur privé, la société civile et chez les partenaires techniques et financiers se dérouleront à partir du mois de juin 2004.

Un groupe de travail constitué de personnes venant de l’administration publique, du secteur privé, de la société civile et de partenaires techniques et financiers, pour accompagner le CAPES dans la réalisation de l’étude et apprécier, notamment, ses termes de référence et rapports provisoires sera réuni sur invitation du CAPES. Il a du reste tenu sa première réunion le jeudi 22 avril 2004 pour amender les termes de référence de l’étude. A cette occasion, le groupe de travail a estimé que l’étude était opportune et pertinente au regard de l’absence d’évaluation conséquente des politiques de développement au Burkina pour définir une stratégie endogène. Elle permettra alors d’évaluer les réformes économiques passées et en cours et, de façon générale, d’évaluer les politiques économiques burkinabè.

L’on pourra consulter le site web du CAPES, www.capes.bf (rubriques "Réseau des experts", puis "Forum de discussion"), pour participer au forum ouvert en vue d’échanger sur cette étude.

Victor SANOU
CAPES

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