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Alida Larissa Doukouré, épouse de Douk Saga : "N’imitez pas Douk Saga"

Publié le lundi 13 août 2007 à 07h17min

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Alida Larissa Doukouré

Cette dame est l’épouse de feu Stéphane Hamidou Doukouré alias Douk Saga. En visite au Burkina Faso, Alida Larissa Doukouré née Gbalé a accepté répondre à nos questions. Dans cet entretien, elle parle de son mari, de ses regrets et surtout, de la maladie de Douk Saga.

Sidwaya (S) : Entre Madame Doukouré et Madame Douk Saga, que préférez-vous ?

Alida Doukouré (AD) : Madame Doukouré parce qu’il y a l’homme et l’artiste.

(S) : Comment vous vous êtes rencontrés ?

(AD) : Nous nous sommes rencontrés par le biais d’un ami. Nous avons échangé à maintes reprises au téléphone. Au fur et à mesure nous avons appris à nous connaître.
Voilà, cela a abouti au mariage.

(S) : Cela fait presqu’une année que votre mari Douk Saga est décédé à Ouagadougou et c’est maintenant qu’on vous découvre. Quel est le but de votre séjour au Burkina Faso ?

(AD) : Personnellement, je devais venir au Burkina Faso après les funérailles remercier la première dame du Burkina, Chantal Compaoré, Lébry Kamagaté et Madame Karama qui se sont chaleureusement occupée de mon mari. Mais lorsqu’on épouse un homme, on épouse sa culture. Il me fallait respecter un délai de quatre mois et dix jours. Je devrais venir avec la famille de mon mari et non toute seule. Mais comme la famille a ses obligations, j’ai pris cinq semaines pour pouvoir venir au Burkina Faso. Je m’excuse d’ailleurs auprès du peuple burkinabè d’être venue tard parce que les Burkinabè n’étaient pas obligés d’accueillir mon mari, de le soutenir à ce point. J’espère qu’ils pourront me pardonner.

(S) : Aux derniers jours de Douk Saga au Burkina Faso, pourquoi n’étiez-vous pas à ses côtés ?

(AD) : C’est assez personnel. Il y a vie privée et vie publique et dans un couple, il y a des hauts et des bas. Personnellement, je ne me sentais pas assez forte par rapport à toute l’ampleur que suscitait mon mari. Quand vous épousez un homme comme Douk Saga, il faut vraiment avoir un caractère assez fort. A cette période (de sa maladie), je n’étais pas assez forte.

Stéphane était une personne assez fière et il ne voulait pas que je le vois à ce moment de faiblesse. Sinon au début de sa maladie à Paris, j’étais à ses côtés. Il a quitté l’hôpital pour aller au Togo, au Bénin où il a fait une rechute. J’avais peur du jugement des gens en Afrique parce que j’ai quitté l’Afrique à l’âge de cinq ans. En plus, avec la notoriété qu’il avait, je ne savais pas où mettre les pieds. En temps normal, Stéphane n’était pas abandonné de sa femme. J’ai préféré être en retrait. Je suis assez réservée par rapport à mon époux qui était très excentrique.

(S) : Avait-il accepté votre retraite ?

(AD) : Oui, il ne voulait pas que tout le monde sache qui je suis. C’était plus pour me protéger parce qu’avec sa notoriété, il y a les femmes, la jalousie.

(S) : Étiez-vous jalouse des femmes qui tournaient autour de Douk Saga ?

(AD) : Au début, je ne supportais pas mais quand vous aimez, vous faites avec. Je vivais toujours dans le doute, mais Stéphane avait des mots pour me rassurer. Des femmes tournaient autour de lui parce qu’il n’était pas moche. C’était un beau gosse (rires). J’ai eu peu de moments avec lui.

(S) : Comment avez-vous appris le décès de Douk Saga ?

(AD) : Je l’ai su par téléphone par l’un de ses oncles. Pourtant, on m’a raconté qu’on n’annonce pas la mort au téléphone. Lorsque les rumeurs ont commencé à circuler sur sa mort, j’ai essayé d’appeler son oncle Antonio. Au téléphone, il m’a dit une phrase qui m’a marquée. Que j’allais avoir un garçon parcequ’il s’apprêtait à m’appeler. Je lui ai demandé si Stéphane avait encore des problèmes parce qu’il n’écoutait pas les médecins. Et il m’a répondu : "Tu ne sais pas qu’il est mort ?". C’est de cette façon que j’ai appris sa mort. Cela a été un choc.

(S) : D’aucuns disent que votre mari est décédé du Sida. En tant que son épouse, dites-nous de quoi il est mort ?

(AD) : Dans la vie, il y a des choses officielles et celles officieuses. On ne doit même pas penser à cette question. On doit garder de lui cette joie de vivre. Tout le monde dira ce qu’il veut. Le médecin a dit qu’il est décédé d’une tuberculose. Mais s’il existe des personnes qui détiennent officieusement des documents ou qui crient ouvertement qu’il avait le Sida, cela ne regarde qu’eux.

(S) : Quelles leçons tirez-vous de la disparition de votre mari ?

(AD) : J’ai compris que la vie est courte. J’ai raté plein de choses que j’aurais pu faire avec mon mari. Je le regrette. Maintenant, je vivrai au jour le jour.

(S.) : Probablement avec l’héritage qu’il vous a laissé ?

(A.D) : L’héritage est pour le moment, un sujet tabou. C’est le notaire qui va trancher cette question. Ce n’est pas moi qui décide de ce que j’aurai.

(S.) : D’aucuns disent que le patrimoine de Douk Saga est un sujet à conflit parce qu’après sa mort, on a découvert qu’il a eu un fils avec une autre femme. Étiez-vous au courant ?

(A.D. ) : J’étais au courant mais je ne la connaissais pas ni les parents de Stéphane. Nous avons appris à nous connaître dans le deuil. A propos des parents de mon mari, j’ai fait en sorte qu’ils me respectent. Tout se passe bien.

(S.) : En dehors de son patrimoine matériel, celui artistique est devenu une source de déchirements entre les membres de son groupe, la Jet 7. Chacun voulait remplacer le "président" même avant sa mort. Comment avez-vous vécu cette situation ?

(AD) : Vous savez, dans le milieu artistique, lorsque tout le monde commence au même niveau et qu’une personne émerge, cela provoque une certaine tension. Ma priorité était mon mari. Je ne suis pas en position de dire qui a raison. Je ne peux pas commenter cette tension entre les membres de la Jet 7.

(S.) : Quelle image gardez-vous de Douk Saga ?

(A.D) : C’est son sourire. Il était drôle. Il était gentil et respectueux. Mais Stéphane était aussi arrogant.

(S.) : Quel message avez-vous à lancer aux fans de Douk Saga au Burkina Faso, surtout les chanteurs coupé-decaleurs ?

(A.D) : N’imitez pas Douk Saga parce qu’il est unique. Les coupé-décaleurs doivent essayer d’avoir leur propre personnalité.
Cela permettra au concept de s’enrichir.

Alassane KERE

Sidwaya

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