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Gouvernance administrative : Le dilatoire gouvernemental

Publié le vendredi 3 août 2007 à 07h51min

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L’examen de conscience de nos structures étatiques à travers l’Assemblée générale des établissements publics de l’État s’est déroulé en fin de semaine dernière. À Ouaga 2000, ce qui s’apparente désormais à un forum sans prise sur la réalité s’est achevé au bout de soixante-douze heures de palabre. A-t-on trouvé la solution magique aux maux qui minent l’Administration burkinabè ?

Le doute est permis, même si Testicus Zongo n’est pas allé du dos de la cuillère pour djafoule sur les gourous des Établissements publics de l’État (EPE). Rien ne garantit que la colère du Premier ministre ramènera les choses dans les normes.
Si les seules paroles suffisaient, il y a belle lurette que tous les dysfonctionnements de l’État auraient disparu.

On en arrive à se demander si, de nos jours, ces grandes messes qui sont organisées annuellement ne sont pas simplement des cirques, juste pour donner l’impression à l’opinion publique que ça bouge. Il est difficile de penser autre chose, quand on sait que certains Conseils d’administration, les instances de décision, n’arrivent pas à exercer leur autorité de contrôle sur les établissements publics de l’État.

Or, ceux qui sont commis à la tâche de membres des Conseils d’administration (CA), et surtout de président de ces instances, sont théoriquement des grands commis de l’État qui ont fait preuve de compétence. À moins que le gouvernement qui les désigne à ces postes ne fasse preuve de complaisance dans leur nomination.

Testicus Zongo a donné l’impression d’avoir pris toute la mesure du problème. Il est peut-être trop tôt pour exiger de lui des résultats probants sur les constats de dysfonctionnements des EPE, mais il sait certainement qu’il est attendu au pied du mur.

La puissance publique est par essence celle qui se soucie du respect des textes qu’elle prend en vue d’assurer un fonctionnement régulier de la société. C’est donc le comble si c’est l’État lui-même qui viole les textes en vigueur avec les implications malheureuses auxquelles cela conduit. On sait par exemple que le non-fonctionnement d’un Conseil d’administration rend irrégulier tout acte pris pour la gestion de l’établissement concerné.

Et pourtant, à la dernière Assemblée générale des EPE, il a été donné de constater que ces cas de figure étaient la règle. L’État s’est même autorisé de laisser fonctionner des structures sans Conseil d’administration. Les dirigeants de ces boîtes ont donc agi à leur guise et sans contrôle.

L’absence de CA laisse un boulevard pour toutes sortes de pratiques contraires à l’orthodoxie de gestion. Ce laisser-aller qui soustrait ces EPE du contrôle de l’Assemblée générale est une pratique qui perdure, et tout laisse à penser qu’elle a encore de beaux jours devant elle.

Pour l’instant, en effet, le gouvernement a une bien singulière manière de lutter contre les maux diagnostiqués. Au lieu d’appliquer une thérapeutique de choc, le sommet de l’État se plaît dans la multiplication des structures, comme si celles qui existent déjà ne suffisent pas à mettre à nu les goulots d’étranglement de l’administration. Ainsi, au dernier Conseil des ministres, le gouvernement n’a trouvé d’autre solution que la création d’une nouvelle structure au Premier ministère pour le suivi des recommandations contenues dans les rapports fournis par les institutions républicaines.

L’opinion publique voudrait bien comprendre ce qu’une telle structure peut faire de plus que les institutions républicaines qui ont livré sans ambiguïté les responsabilités de l’État dans les dérives de son Administration. À moins de vouloir jouer le dilatoire pour endormir les consciences et aussi se donner bonne conscience, la démarche du gouvernement est des plus impénétrables.

Adam Igor

Journal du jeudi

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