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Crise à l’UFOA : « Ne laissons pas le désordre s’installer »

Publié le vendredi 22 juin 2007 à 06h52min

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L’Union des Fédérations ouest-africaines (UFOA) est aujourd’hui dans la tourmente après la décision de la CAF de maintenir Jacques Anouma à son poste de président jusqu’à la fin de son mandat en avril 2008.

Cependant, il devra céder son fauteuil à son adversaire, le Nigérian Amos Adamu, élu président de cette institution en avril dernier par un groupe de dissidents. Pour le ministre ivoirien des sports, Dagobert Banzio, que nous avons rencontré lors de son passage à Ouaga, le respect des textes est la seule alternative pour éviter le désordre.

Vous avez pris part le mercredi dernier à Ouaga à une réunion des ministres en charge des Sports au cours de laquelle un tournoi dénommé « Coupe de l’UEMOA » a été mise en jeu. Que vous inspire une telle initiative ?

Je crois que l’UEMOA a été bien inspirée en lançant un tel tournoi qui est une opportunité pour la jeunesse africaine de se retrouver pour mieux fraterniser. Ce tournoi concerne une frange de sportifs qui ont besoin d’une certaine promotion. C’est donc une occasion pour les footballeurs locaux de montrer qu’ils ont des ambitions qui peuvent leur ouvrir des portes.

L’UEMOA a choisi le football parce que c’est le sport roi et nous adhérons totalement à cette approche, surtout quand on sait ce que le football apporte à la population ivoirienne en termes de réconciliation et de retour de la paix. C’est une initiative heureuse que l’UEMOA prend dans la mesure où elle prend en charge l’organisation du tournoi. Cette compétition va nous permettre d’assurer la relève de nos professionnels qui ont un programme particulièrement chargé.

Pensez-vous que les locaux pourront nous gratifier d’un beau spectacle ?

Je crois que la relève est importante et il faut travailler dans ce sens. Les locaux sont l’espoir de demain. Il y aura un certain enjeu autour de cette compétition et avec la mobilisation de la population, les locaux donneront le meilleur d’eux-mêmes.

Comme vous le savez, c’est le Burkina Faso qui abritera la première édition en octobre prochain et sachant que vous avez un peuple qui aime le sport, la fête sera belle. La Côte d’ivoire, évidemment, va s’organiser pour préparer ce tournoi qui ne manquera pas de piquant.

Nous allons changer de sujet pour aborder autre chose. L’UFOA traverse aujourd’hui une crise qui continue de défrayer la chronique. Quelle lecture faites- vous de cette situation ?

Vous savez, en tant que membre d’un Etat de la CEDEAO, je pense que tout le monde doit être préoccupé par la cohésion de cette institution. C’est l’intégration qui le recommande et elle a des règles qui ont été édictées. J’ajouterai même que la cœxistence, c’est le respect des règles. L’UFOA, qui s’occupe du football dans la CEDEAO, mérite respect.

A l’UFOA, il y a un comité exécutif qui convoque les AG et arrête l’ordre du jour. Ici, il s’agit de dissidents qui, parallèlement à une réunion du bureau exécutif, ont convoqué une réunion le 14 avril 2007 à Accra pour mettre en place un nouveau bureau de façon illégale et irrégulière. La CAF entre dans la danse et demande au bureau exécutif légal, dirigé par le président Anouma, de terminer son mandat et passer le témoin aux dissidents.

Nous pensons que ce n’est pas une bonne chose. Il faut respecter les textes qui prévoient que c’est à la fin d’un mandat qu’on organise de nouvelles élections. D’ailleurs, ces mêmes textes précisent que chaque Fédération doit être à jour de ses cotisations. Tous ces critères-là, il faut les vérifier avant de procéder au renouvellement du bureau.

Si on contourne les textes, cela veut dire que l’objectif est de perturber la cohésion au sein de la CEDEAO pour que nous ne puissions pas avancer. Nous devons être fiers quand une équipe de la sous-région et même africaine réalise des performances. L’Afrique organisera en 2010 la Coupe du monde et ce n’est pas le moment de désagréger la cohésion dans l’espace sous-régional.

Le problème n’a-t-il pas été posé au niveau de la CEDEAO ?

Les ministres se sont déjà retrouvés et nous sommes pour le respect des textes. Le bureau actuel doit achever son mandat et organiser de nouvelles élections ouvertes à ceux qui désirent être candidats. Nous envisageons une autre réunion pour aborder ce problème. Nous devons travailler avec intelligence et une certaine synergie.

Chacun doit jouer son rôle et rester dans son compartiment pour contribuer à la promotion et au développement du sport. Ce qui se passe ne nous fait pas honneur et c’est un mauvais exemple pour la jeunesse africaine. Ne laissons pas le désordre s’installer et pensons plutôt à faire de l’UFOA une structure dynamique et forte.

Il semble que le président Anouma a accepté de passer le témoin. Vous a-t-il dit ce qui l’a motivé ?

Il n’a rien accepté. C’est un avis qui a été émis par la CAF. Ce n’est pas du tout normal et il appartient à chaque pays de réagir. Ce que je vous dis, c’est ma position en tant qu’Ivoirien et ministre de la Jeunesse, des Sports et Loisirs de la Côte d’Ivoire. Mes collègues ministres des autres pays partagent la même position.

Ce que nous attendons maintenant, c’est que nos positions soient mises ensemble et fassent l’objet d’une déclaration. En juillet prochain, nous tiendrons une réunion à Ouagadougou pour arrêter une position commune et faire en sorte que les instances internationales respectent les textes.

Si 26 présidents de Fédérations se mettaient ensemble aujourd’hui pour élire un d’entre eux comme président de la CAF, est-ce que la FIFA dirait en 2009, quand Issa Hayatou aura terminé son mandat, que ce monsieur élu en question est deviendra automatiquement président de la CAF ? Ce serait la porte ouverte au désordre. Ca peut faire jurisprudence, la décision de la CAF, et ça pourrait s’appliquer à l’organisation africaine.

La décision de la CAF vous parait-elle inopportune ? Ça m’étonne et je n’arrive pas à comprendre que la CAF ait pris une telle décision.

Est-ce que ce ne sont pas les enjeux au niveau de la CAF qui sont à la base de ce désordre ?

Je crois savoir que pour être candidat à la CAF, le critère ne stipule pas qu’il faut avoir dirigé l’UFOA. Je ne sais pas si Hayatou était le président de la CEMAC (Afrique centrale) avant d’être président de la CAF. N’importe quel président de la sous-région qui dirige une Fédération peut être président de la CAF.

On peut s’organiser différemment si on a un candidat dans la sous-région qui a de l’étoffe et les capacités pour faire bouger les choses. Vous savez que la CAF n’a jamais été dirigée par un ressortissant de l’Afrique de l’Ouest. Et pourtant, elle compte 16 Etats. Ne pensez-vous pasque le temps est venu pour que l’Afrique de l’Ouest dirige la CAF ?

Quand on regarde le centre de gravité des meilleures équipes africaines, c’est l’Afrique de l’Ouest. Nous pensons donc qu’un Sénégalais, un Burkinabè, un Malien, un Togolais, un Béninois, un Nigérian, un Libérien ou un Ivoirien peut diriger la CAF. C’est une ambition légitime et après 20 ans de direction à la CAF qui a d’ailleurs fait de bons résultats, il faut aussi essayer autre chose.

Et la liberté appartient aux présidents des différentes Fédérations. Ce n’est pas en perturbant la cohésion de l’UFOA qu’on peut empêcher un de ses membres d’être candidat. Même Adamu peut avoir des ambitions pour la CAF, même si pour le moment, il veut prendre l’UFOA.

A l’allure où vont les choses, l’UFOA ne va-t-elle pas disparaître un jour ?

C’est pourquoi, je disais que le moment est venu pour tout un chacun de revenir à la légalité. Nous ne le souhaitons pas, et tournons-nous vers les textes, qui sont clairs. Les dissidents doivent comprendre qu’ils font du mal à l’UFOA et ce n’est pas du tout bien.

Entretien réalisé par Justin Daboné

L’Observateur Paalga

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