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Mme Sarah BEL, (CTA) : "Internet occupe une place dans nos actions de développement en milieu rural"

Publié le mardi 26 juin 2007 à 07h46min

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Sarah BEL

La problématique de l’implication des TIC dans le développement se pose de plus en plus avec acuité surtout en milieu rural. L’enjeu actuel, c’est comment vulgariser les TIC pour une accélération de leur appropriation par les populations à la base à majorité rurale.

Ce challenge, qui mieux que le Centre technique de coopération rurale agricole peut le relever ? Au détour d’un atelier international portant sur les radios rurales et les TIC, nous avons rencontré le responsable de la communication de la structure pour en savoir plus sur le CTA et sur ses projets futurs.

Qu’est-ce qui a amené Sarah Bel à Ouagadougou ?

SB : Nous sommes venus à Ouaga sur l’invitation de l’institut PANOS pour participer à un atelier autour de la radio et les TIC. L’idée était de venir débattre avec d’autres organisations sur l’intérêt et le potentiel d’une plate forme électronique qui réunirait des contenus radiophoniques.

Créer une espèce de base ou de banque de données pour les radiodiffuseurs et notamment les radios communautaires et les radios rurales, pour que ces radiodiffuseurs puissent à la fois accéder à des programmes, mais aussi charger leur propre programme pour le partager avec d’autres radios à un niveau régional. C’est dire qu’il faut travailler à passer du local au régional, et activer un processus d’échanges à la fois dans les deux sens. Il y avait beaucoup de gens extrêmement intéressants et je dirai militants pour la cause de la radio rurale en Afrique de l’Ouest.

Il y avait un énorme intérêt des uns et des autres à vouloir partager les programmes, il y avait aussi un énorme besoin, puisque les radios manquent souvent de contenus à diffuser et n’ont pas les moyens de produire. Il faudrait donc utiliser les moyens traditionnels comme les CD, les réseaux fonctionnels comme ceux des transporteurs, pour lier les radios avec néanmoins une tête de pont pour gérer tout cela de façon transversale entre les radios. Qu’elles envoient des programmes et qu’elles arrivent à recevoir des programmes, pour qu’on ait un vrai échange régional.

Quelles sont les conclusions auxquelles vous êtes parvenues ?

SB : On a décidé d’abord d’un forum électronique pour discuter, au sein du réseau radiophonique. Il y aura un plan d’action à mettre en place. On a convenu de mettre en place un répertoire des radios au niveau de la région.
Il est prévu une rencontre dans quelques mois, avec des organisations qui ont déjà des banques de données, de la tête de réseau radiophonique pour finaliser le plan d’action.

Pensez-vous que les conclusions auxquelles vous êtes parvenues pourront faire avancer les choses au niveau des radios rurales ?

SB : L’enthousiasme et la positivité dans lesquels les débats se sont déroulés me laissent penser que les choses vont bouger. Je vous disais tantôt que c’était beaucoup plus des militants pour la cause des radios rurales qui étaient à cet atelier avec la volonté de faciliter un meilleur accès à l’information sur des thématiques aussi différentes comme la santé, l’agriculture, l’éducation, la justice, les droits de l’homme. C’est faire en sorte que là où les radios ont un manque de programme elles puissent en avoir et je pense qu’avec de la volonté nous pouvons arriver à des résultats probants.

Pouvez-vous nous présenter le Centre technique de coopération agricole et rurale CTA ?

SB : Le Centre technique de coopération agricole et rurale, est un organisme qui a été créé dans le cadre des accords de Cotonou, à l’initiative des pays de l’Union européenne et des ACP. Nous sommes financés par l’Union européenne, mais nous sommes au service des pays ACP. Nous avons un double mandat, c’est à la fois d’améliorer l’accès à l’information agricole pour les pays ACP, mais aussi de soutenir le développement des capacités, pour tout ce qui est de générer l’information agricole, gérer des systèmes d’information toujours dans les pays ACP.

C’est un travail qui se fait en trois volets d’action. Le premier concerne tout ce qui est produit d’information sur support papier, sur support électronique, vidéo, radio, pour l’amélioration de l’accès à l’information. Pour ce qui est du deuxième volant, nous essayons de faire en sorte que les gens se rencontrent, qu’ils n’aient des partages d’idée. Nous soutenons de ce fait, des conférences, des séminaires, des visites d’étude.

Nous tenons aussi des forums électroniques, nous aidons les experts africains à aller à d’autres évènements même si ils ne sont pas organisés par notre structure. La troisième branche de nos activités, c’est tout ce qui concerne le développement des capacités. Nous avons au moins deux cents partenaires stratégiques, dans les pays ACP et nous les aidons à créer leur site web, créer leur « news letter » et nous offrons des formations mais toujours liées à l’information, aux TIC et à l’agriculture. Nous aurons dans les jours à venir une formation à l’endroit des journalistes béninois de la radio rurale pour créer leur propre programme agricole.

Justement, votre structure organise en septembre prochain une conférence internationale sur le web 2 pour le développement. Pouvez vous nous en dire un peu plus ?

SB : En effet, nous organisons une conférence sur le « Web2 pour le développement ». Le web2 pour le développement, c’est en fait tous les nouveaux outils sur Internet qui facilitent la collaboration à distance, qui facilitent le réseautage, qui facilite l’échange d’information. Nous organisons cette conférence avec la FAO, la GTZ, AICD et différentes autres agences.

Pourquoi l’idée d’organiser une telle conférence ?

SB : Nous nous sommes rendus compte que Internet occupe une place de plus en plus importante dans nos actions de développement, et que ces nouveaux outils peuvent vraiment apporter une valeur ajoutée au travail de développement et avoir un impact énorme pour tout ce qui est échange d’informations, travail en collaboration. Sont attendues à cette conférence toutes les organisations rurales du monde entier, pour venir faire des présentations, et nous montrer comment elles utilisent le web2 ? Quels impacts cela a sur leurs populations rurales ? Quelle a été la contrainte ? Comment ils ont réussi à surmonter ces difficultés ?

Toute la conférence va être interactive. Il va y avoir très peu de plénières, et énormément de place pour le débat. Il y aura également un espace de marché où les grandes multinationales comme Microsoft, et bien d’autres moins grandes comme les structures qui s’intéressent aux droits d’auteur sur Internet, vont venir montrer leurs solutions et l’on pourra vraiment poser des questions pour pouvoir réfléchir à comment adapter ce qui marche ailleurs à notre situation à nous.

Quels sont les objectifs poursuivis par cette conférence ?

SB : L’idée, c’est de mettre en lumière la manière dont ces outils sont utilisés par les organisations rurales dans les pays ACP (Afrique, Caraïbes et du Pacifique) principalement. Il s’agira également lors de cette conférence de montrer les limites de ces outils, de montrer comment on peut surmonter les obstacles ? Qu’est-ce que concrètement l’utilisation des TIC a apporté comme changement dans le quotidien des populations rurales ? U

n exemple concret, au CTA, nous utilisons SKYPE depuis un an. SKYPE c’est un logiciel qui permet de téléphoner par Internet. Et depuis que nous utilisons ce logiciel, nous avons réduit notre facture de téléphone de 50%. On a fait énormément d’économie.

Du coup, nous essayons de convaincre nos partenaires en Afrique de télécharger SKYPE quand ils peuvent, et nous appelons par SKYPE. Mieux, il y a un autre logiciel qui s’appelle UNIT et qui va avec SKYPE qui permet de travailler sur un même document à distance. Nous attendons donc de cette conférence un partage d’expériences qui puisse enrichir les uns et les autres sur les meilleures pratiques dans le domaine des TIC pour le développement en milieu rural surtout.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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