Tikato est un village situé sur l’axe routier Kaya-Dori à 7 km au Nord-Ouest de Pissila, chef-lieu du département. Cette visite avait pour objectif de constater de visu la situation d’un barrage construit et inauguré depuis 1987. Cet investissement permet aux populations riveraines, de pratiquer la culture de contre-saison.

La délégation, conduite par Emile Ouédraogo, haut-commissaire du Sanmatenga représentant Mme le gouverneur du Centre -Nord accompagné des officiels de Pissila, était composée d’Allemands de la ville de Wetzlar de l’association dénommée Tikato, de Français de l’organisation « Frère du Monde », du coordonateur des projets ODE (Office de développement des Eglises évangéliques) et des fils ressortissants de Pissila basés à Ouagadougou. La mobilisation de la population a permis d’assurer un accueil chaleureux aux hôtes d’un matin, visiblement désireux de visiter d’abord le barrage et d’échanger ensuite avec les producteurs.

Ainsi, cette visite a permis de constater, que non seulement la digue principale est sérieusement dégradée par l’érosion, mais que malheureusement, des parcelles sont exploitées dans le lit même du barrage en amont. Pour des observateurs avisés, des conclusions peuvent être tirées. Il s’agit de la dégradation de la digue principale qui est une menace sérieuse pour ce barrage et l’exploitation des parcelles dans le lit du barrage qui traduit un état de fait préjudiciable à l’existence de ce barrage de Tikato . En fait, des maraîchers poursuivent l’eau au fur et a mesure qu’elle se retire.

La conséquence immédiatement observable, est l’ensablement du barrage. Or, l’historique de l’implantation du barrage de Tikato fait ressortir qu’à travers l’action de l’ODE, les amis allemands ont fait de la réalisation de ce barrage leur premier projet d’aide aux populations du Burkina Faso. D’où la dénomination de leur association Groupe Tikato. Ce projet sera réalisé grâce à la contribution de la ville de Wetzlar et celle de l’ organisation “Frère du monde” de la France.

Au total, une somme de 56 600 000 F CFA a été mobilisée pour permettre la réalisation de ce barrage vieux de 30 ans. Il faut souligner que plus de 1250 producteurs de près de 12 quartiers exploitent ce barrage.
Et même que, parmi ces exploitants on compte au moins 200 maraîchers migrants venant de Ziniaré et de Zitenga à chaque campagne. Ainsi des tonnes de tomate, d’oignon et d’autres légumes sont produits par an. Les recettes par campagne vont de 500 000 F à 5 000 000 FCFA et la commercialisation ne pose aucun problème car des acheteurs viennent du Ghana, du Mali et du Niger sans oublier le marché local.

Un fait important à noter, c’est la tentative des producteurs d’amener le maximum d’entre eux à implanter dorénavant, les parcelles à l’aval pour libérer le lit du barrage qui ne semble pas être une mince affaire aux dires d’un producteur.

A titre d’illustration 150 parcelles nouvelles de 400 m2, soit 6 ha sont déjà exploitées. Cette donne résulte-t-elle d’une prise de conscience ? Il faut l’espérer. Quant à l’irrigation des parcelles, elle est assurée par des motopompes individuelles avec un système de contribution par exploitant pour le fioul et l’amortissement.

Ainsi, près d’une dizaine de ces motopompes sont installées tout autour du barrage. Après la visite, des interventions et discours ont été prononcés. Au nom des populations, Naaba Koanga de Tikato, le pasteur, une représentante des productrices et un migrant ont pris la parole pour souhaiter la bienvenue aux hôtes et traduire leurs satisfactions pour les avantages qu’ils tirent dans l’exploitation du barrage en n’oubliant pas d’emettre des inquietudes sur leur avenir. Si des solutions ne sont pas trouvées rapidement pour réhabiliter leur barrage.

Le maire de la commune rurale de Pissila a, pour sa part, remercié les partenaires européens et l’ODE pour leurs actions qui participent à la lutte contre la pauvreté dans la localité. Il les a invités à appuyer les populations afin de préserver ce barrage, véritable source de revenus pour les exploitants.

Pour sa part, le coordonateur des projets de l’ODE, a expliqué que cette visite était de permettre à tous les partenaires de voir la situation du barrage et les impacts sur la vie des populations bénéficiaires, afin d’envisager de nouvelles actions au regard de la situation observée. Les partenaires européens ont expliqué que c’est en prévision de la célébration en Allemagne, des trente ans d’existence du barrage pour susciter encore l’engouement autour de leur 1er projet à Tikato, que la mission, forte de 5 membres et dirigée par Mme Heidi Stiewink est au Burkina Faso, mandatée par le groupe basé à Wetslar. Elle prendra des engagements dans la perspective d’un appui de réhabilitation du barrage dont la capacité de retenue d’eau baisse. Le haut-commissaire du Sanmatenga, Emile Ouédraogo, a livré le dernier message.

Après avoir remercié les partenaires pour cet appui considérable, il a tiré des leçons ; d’abord, l’inorganisation des producteurs en une structure fonctionnelle qui devra être corrigée. Ensuite, la recherche de la maîtrise des techniques d’exploitation du barrage doit être sérieusement envisagée, ainsi que la diversification des productions pour accroître les
revenus.

Enfin, une synergie d’action est nécessaire entre les différents partenaires pour réhabiliter au plus tôt le barrage de Tikato. Il a transmis à la population, les engagements de Mme le gouverneur du Centre-Nord à ne ménager aucun effort pour apporter son appui, dans la recherche des solutions idoines afin de rendre pérenne le barrage et permettre la poursuite de la culture de contre-saison, très rentable pour les populations de Tikato.
C’est après des échanges de cadeaux et la visite d’un stand d’exposition de photos retraçant la vie autour du barrage, que le cortège des visiteurs s’est ébranlé pour Kaya vers 12h 15mn.

Signalons qu’une équipe de consultants requis par l’ODE était sur place, dans le village, pour parachever une étude sur l’impact de cet important ouvrage. Nul doute que des recommandations viendront conforter l’idée d’une nécessaire réhabilitation d’urgence du barrage de Tikato.

Barthélemy SAWADOGO
AIB/Kaya

Sidwaya