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La police congolaise interpelle, séquestre et dépouille les journalistes burkinabè

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 07h24min

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Nous sommes la veille du match Burkina-Congo. Il est 23 heures 25mn (22h25mn). A l’hôtel Marimar sis à Poto-Poto, dans le quartier chaud de Brazzaville, les journalistes et supporters burkinabè venus de Ouagadougou avaient déjà regagné leurs chambres et d’autres dormaient.

Seuls Alexis et moi-même étions en train de rentrer de notre marche quotidienne. Subitement, des forces de l’ordre congolaises, placées sous le commandement d’un colonel, font une descente musclée sur notre hôtel. Kalach au point, elles ferment la rue de l’hôtel.

Des policiers frappent, pénètrent dans nos chambres et procèdent à l’interpellation de tout ce qui est burkinabè. Manu militari, une première vague, composée de Noufou Ouédraogo, Ilboudo Soumaïla ( président de l’UNSE) et Firmin Ouattara (Express du Faso) est placée dans les véhicules de la police, direction le quartier Bakongo au CPAII ( Commissariat de police de l’arrondissement 2).

On les embarquait quand Alexis et moi -même arrivions à l’hôtel. Mais d’autres policiers étaient restés avec les autres Burkinabè interpellés en attendant le retour des véhicules pleins. J’ai été vite repéré à cause du maillot aux couleurs des Etalons que je portais. Je suis prié de suivre les forces de l’ordre. Par contre, Alexis Konkobo n’a pas été identifié. Très discrètement, il parvient à monter dans sa chambre pour sonner l’alerte.

Finalement, c’est à bord de deux taxis que Jérémie Nion, Sidiki Dramé, Albert Congo, Arthur Ouédraogo (tous de la presse), l’adjudant Tindano (SG à l’animation de l’UNSE) et trois supporters gambiens pris par erreur, ont été à leur tour, conduits au CPAII. Et là nous sommes tombés des nues. Dans un premier temps, on nous accuse de nous être mis ensemble pour violer une fille ! Mais la plaignante est invisible.

A ce propos, le président de l’UNSE se souvient que quelques minutes avant son interpellation, une fille munie de deux téléphones portables est effectivement venue frapper à sa porte pour lui faire une offre indécente. Elle a insisté pour rentrer dans la chambre du président Ilboudo qui l’a repoussée au prix de mille et un efforts. Est-ce que c’est elle la plaignante ?

Nous n’aurons pas de réponse. Mieux, la police décide de changer de charge. On reproche maintenant à l’un d’entre nous d’avoir fait la cour à une femme mariée ! Là aussi, aucun nom n’a été avancé. Du reste lors de l’interpellation, aucun Burkinabè n’était en compagnie d’une fille. Une troisième charge sera alors inventée. Il semblerait que 7 Burkinabè armés seraient rentrés au Congo via la RDC dans l’intention de faire un coup d’Etat.

Pendant qu’on nous soumettait à cet interrogatoire sans queue ni tête, les responsables de la délégation ont été alertés par le rescapé Konkobo. Très vite, le ministre des Sports burkinabè est saisi. Le ministre Palm contacte son homologue du Congo. Ce dernier dépêche un délégué qui ordonne la libération des journalistes.

Quelques minutes après, le ministre lui-même passe un coup de fil pour libérer les autres. Nous avons passé deux heures dans les locaux de la police. Aucun d’entre nous n’a été violenté, les policiers ont même été étonnamment polis. En fait, nous avons fini par comprendre que le match contre le Congo était le vrai motif. Un policier a avoué que leur descente tient du fait que les Burkinabè seraient en train de faire du wack et auraient sacrifié un mouton.

En tous les cas, à notre libération, nous étions sains et saufs. Mais nous avons perdu des biens au cours de l’intervention policière. Quatre des téléphones portables confisqués lors de l’interpellation ont disparu. Des policiers ont fait main basse sur une somme d’argent (19 000 FCA) appartenant aux Burkinabè. Jusqu’à hier dimanche, les biens n’avaient pas encore été restitués malgré la promesse du ministre des Sports congolais de les retrouver ou, à défaut, les rembourser. Tout ça, pour dame victoire !

J.N

Sidwaya

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