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<I>Sonorités sahéliennes</I> : Un crépuscule des airs suaves

Publié le lundi 5 février 2007 à 07h27min

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<I>Sonorités sahéliennes</I> : Un crépuscule des airs suaves

« Sonorités sahéliennes » C’est le titre que porte le recueil de poèmes de deux jeunes poètes, Etienne Nicolas Kiba et Songré Etienne Sawadogo. Un recueil, selon le préfacier de l’œuvre « enraciné dans le patrimoine pluri-culturel et multi-millénaire du Burkina Faso, et, dans le même temps, largement ouvert sur le vaste monde ».

Sous la plume de Etienne Nicolas Kiba, une dizaine de poèmes, au dénominateur commun bien évocateur d’un appétit incertain : friandises. S’agrippe à lui le cri de la mouette. Et de la pénombre des aubes en surnombre, la saveur dorée des aurores. Malheureusement, sans ce goût attrayant, car en souvenir du rivage africain, la chose (l’esclavage), purulente d’une mousseuse odeur étouffe de saignées altérantes les habiles et les bâtés de la belle Afrique. Les Amériques regorgent alors de la bourre et du muscle africains. Triste destin foudroyé des familles amputées de la mémoire de l’humanité.

Nus pieds sur les rives de Gorée, le regard rivé sur l’horizon, Etienne Nicolas Kiba est à la recherche de sa mère doucereuse pour baigner son âme puérile. Mais écartelé entre les boulets de la flaque, le ruisseau coule à vide, sans cette mère doucereuse.

Aux coulantes sources des saisons, les paysans du Sahel bêchent, plantent et récoltent l’offrande céleste. Pour les accompagner, le Bendré, ce prince auguste des temps, ce messager des patriarches muets chante l’hymne de la bravoure, du courage et de l’espoir. Pour éloigner la reine des tendresses, jadis à la merci des loups et des vautours dont la fatale besogne fait des âmes une décombre misérable à la puanteur hircine.

Sur la terre neuve aux lacs des caribous et des castors, le rêve de Etienne Nicolas Kiba est de redonner sève à son âme sans vie. Pour que de ses ailes engluées vers le ciel, mère Afrique recouvre sa liberté, sa raison d’être et savoure enfin ses grappes d’espérances.

Si proche du triomphe, Etienne Songré Sawadogo, lui, apaise ses angoisses dans le beau plumage des hirondelles.
Autour des rôniers parfumés par la mousson de fertilité, la danse de sa plume témoigne des crimes des humains. Mais des lendemains incertains, le poète a peur. Car ils ont arraché maintes plumes rougies pour les enfermer dans l’anneau des cordes tressées et dressées sans gloire, sans repentirs sincères pour les fautes commises.

Mais qu’à cela ne tienne, Etienne Songré Sawadogo n’entend pas rester sans voix, encombré par une quelconque toile lézardée aux sombres destins. Ainsi, aux confins des sources nourricières, il espère irriguer à l’eau lactée ses soupirs de savane, couleurs de la vie si chère.
Mais en lui aussi, les souvenirs de ses âges tendres, avec leurs rasades de flous, de nuits étoilées, de jeux divers dans les hautes herbes avec leurs paquets de refrains, de courage fragilisé pour l’honnête homme.

Libérées des soirées d’harmattan, les femmes psalmodient des refrains en chœur de fatalité. Ces amazones du quotidien de la savane, fières et stoïques hument l’air frais de Kaolack qui rassure sous le toit de la raison. Bref, « Sonorités sahéliennes » est un recueil de 36 poèmes qui entraînent le lecteur dans l’écho crépusculaire des aires suaves, sans oublier le passé douloureux de mère Afrique encore marqué par les stigmates de l’esclavage. « A cette Afrique aux amarres défaites », Etienne Songré Sawadogo préfère, selon le constat du préfacier de sonorités sahéliennes, Jacques Chevrier( professeur émérite à la Sorbonne) « substituer une Afrique généreuse que balisent et ornent les grandes figures de son histoire tourmentée ».

Sita TARBAGDO

Sidwaya

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